Préambule

Longtemps perçus comme en marge des épicentres et des bouleversements géopolitiques, les pays de la région se sont retrouvés au cœur des effets de la transnationalité des acteurs et des phénomènes d’insécurité avec la rupture de certains équilibres ayant affecté le Moyen-Orient et le Maghreb. Les Etats ouest-africains et du Sahel ont été ainsi, pour la plupart pris au dépourvu par le phénomène de la globalisation de la terreur et des violences idéologiquement justifiées. De ce fait, cette situation, loin d’être nouvelle, s’est greffée sur les multiples vulnérabilités socioéconomiques et a remis en surface les velléités qui jadis étaient réduites par des mécanismes endogènes, aujourd’hui, rudement affectés par les modèles étatiques centralisateurs.

Les effets d’une modernisation accélérée et souvent en dehors des cadres consensuels ont progressivement déconnecté les Etats des territoires et des demandes émanant de populations ne saisissant plus le sens du lien de citoyenneté et d’appartenance aux entités politico-nationales. Pendant ce temps, par le jeu de divers acteurs, les fibres identitaires, régionalistes, ethnoculturelles se sont suppléées aux modes d’adhésion dite légale-rationnelle. Cette réalité s’incrustera dans un nouveau schéma marqué par conséquences directes comme indirectes de l’affaiblissement des Etats aggravé d’une part le déficit de moyens d’intervention régalienne et d’autre part, la déterritorialisation poussée des acteurs.

La montée du terrorisme et des formes de radicalités non exhaustivement explicables par le seul facteur religieux va précipiter l’avènement de nouveaux modes de gestion des crises fortement imprégnés d’une culture sécuritaire. Cette forte orientation des politiques publiques par les impératifs et urgences sécuritaires a favorisé dans de nombreux Etats de la région et au sein des organisations régionales et internationales une approche ciblée négligeant les dimensions humaines, socioéconomiques et culturelles face à des phénomènes, pourtant, multidimensionnels comme l’insécurité et des violences à motivations diverses qui sapent la cohésion sociale et le vivre-ensemble.