Par Dr. Bakary Sambe[1], Directeur Régional du Timbuktu Institute

Le discours prononcé vendredi (25/02/2022), par le Président Mohamed Bazoum face aux cadres nigériens, ouvre de nouvelles perspectives en termes d’approches alternatives pour la sortie de crise au Sahel. On peut constater que les pistes qui se dégagent à partir des initiatives prises et révélées par le Président nigérien s’inscrivent non seulement dans la continuité de ses efforts en tant que Ministre de l’Intérieur et entrepris jusqu’ici mais renseignent sur son approche holistique et inclusive en fin connaisseur de la problématique.

Pari de la transparence ou stratégie du « faire-savoir » ?

Lorsqu’un jeune nigérien engagé dans un groupe terroriste n’a que deux choix soit la mort sous les bombardements de l’armée ou la prison et la répression à la sortie, il y a de fortes chances qu’il plonge encore plus dans la radicalisation durable en s’enlisant dans une guerre interminable contre sa propre communauté. Le discours du président nigérien sous-tendu par une bonne connaissance du dossier sécuritaire, une certaine conscience des défis et une apparente volonté de les relever est une amorce crédible du travail de communication nécessaire pour sortir de ce que j’appelle souvent, le "conflit de perception du conflit sahélien" avec ses malentendus et confusions entretenus. Au temps des mobilisations citoyennes où les sociétés civiles se sont imposées dans le débat sécuritaire, le "faire-savoir" est souvent un complément indispensable du faire et du savoir-faire.

Ces dernières années, malgré les attaques auxquelles le Niger devait faire face sur les deux fronts de la région de Tillabéri et de Diffa, la résilience nigérienne à laquelle l’actuel Président a beaucoup contribué en tant que Ministre de l’Intérieur s’est construite dans l’expérimentation de de diverses solutions. Malgré l’accalmie dont parle le Président nigérien, il est vrai que les tueries massives et les drames comme In-Atès restent des souvenirs encore vivaces. Toutefois, rappelons que dès 2014, le Niger décida de riposter militairement contre Boko Haram en s’alliant aux pays du Bassin du Lac Tchad autour de la Force Multinationale Mixte (FMM) soutenue par des acteurs de la communauté internationale comme la France, les Etats Unis et l’Union africaine.

Au-delà de la répression : des efforts de réintégration

Suite à l’afflux important de personnes fuyant les exactions du groupe extrémiste violent, à la première attaque de Boko Haram sur le sol nigérien en 2015 en plus de la récurrence d’attaques de villages ou de casernes de l’armée, sans oublier les attentats-suicides - l’Etat nigérien se lança dans une vaste offensive. Cette dernière prit diverses formes alliant riposte militaire, mesures d’urgence avec leurs limites et stratégies d’assèchement des sources de financement des groupes terroristes. Déjà, à la date du 17 février 2017, plus de 1200 personnes étaient en détention pour faits de terrorisme. L’Etat nigérien a même recouru à la délocalisation des procès et audiences prenant en compte la gestion des traumatismes des victimes du terrorisme dès en juillet 2018. On peut penser que l’actuel Président Bazoum avait déjà compris que la bataille contre Boko Haram ne pouait connaitre un succès tant qu’elle était axée sur une approche strictement sécuritaire.

Du coup, parallèlement à la répression, un mécanisme de justice transitionnelle visant la réintégration des anciens engagés de Boko Haram a été envisagé dès après la sanglante attaque de Bosso en juin 2016. C’est là qu’alors Ministre de l’intérieur, Mohamed Bazoum avait lancé sa stratégie dite de la "main tendue". Par l’arrêté du 13 décembre 2016 portant création et fonctionnement d’un comité chargé de la gestion des activistes repentis de Boko Haram, il travailla à ce que le processus de réintégration des repentis soit lancé. L’article 2 de cet arrêté disposait : "le comité est chargé de réfléchir sur les modalités de sensibilisation, d’accueil et de réinsertion des activistes repentis de Boko Haram".

Le vrai sens du discours prononcé devant les cadres nigériens ne peut être pleinement saisi sans le rappel de l’action menée par le Président de la République dans le cadre de la stratégie de la "main tendue" qu’il avait déjà prônée et qui constituait une offre crédible destinée aux citoyens nigériens engagés dans les groupes extrémistes et qui désiraient de réintégrer la société en déposant les armes en échange d’une amnistie. Cette nouvelle stratégie lancée en décembre 2016 avait connu un relatif succès chez les jeunes nigériens se trouvant dans les rangs de Boko Haram et animés par une peur de lourdes sanctions pénales. C’est à la suite d’une telle initiative que vit le jour le centre permanent de dé-radicalisation de Goudoumaria, à l’Ouest de Diffa, où les repentis subirent une "cure de dé-radicalisation" grâce à l’intervention de spécialistes en plus des imams et bénéficièrent d’une formation professionnelle. Cette nouvelle approche partait du postulat que les jeunes se radicalisent généralement par manque d’opportunités socioéconomiques et venait nuancer l’approche du tout-sécuritaire ou celle de l’analyse mono-causale s’arrêtant sur la seule dimension idéologique qui, bien qu’importante à considérer, ne peut épuiser la compréhension de l’engagement terroriste.

 

Une approche communautaire désormais assumée ?

Dans sa longue allocution de ce week-end, le Président nigérien évoque publiquement ses démarches auprès des jeunes nigériens et des chefs terroristes identifiés avec qui il a établi un dialogue sincère pour les ramener dans la société. La démarche qu’il décrit rappelle l’approche holistique impliquant tous les segments de la société comme les leaders religieux, la famille, les chefs communautaires en concertation avec les forces de défense et de sécurité.

En analysant cette démarche politiquement assumée lors de son discours, on peut noter qu’elle adopte l’approche communautaire en s’adressant directement aux acteurs pertinents. Elle prend en compte la complexité du phénomène et la nécessité de varier les solutions au-delà de la seule intervention militaire. En effet, la démarche ainsi préconisée par le Président Bazoum semble s’accorder avec diverses recommandations stratégiques de la communauté des experts. Ces derniers, malgré leurs divergences analytiques, s’accordent, principalement, sur l’identification des niches de radicalisation dans les différents foyers de la violence extrémiste au Sahel et dans le Bassin du lac Tchad. Il est communément admis que le terreau de la radicalisation est fait de la combinaison de trois facteurs déterminants : une faible capacité d’inclusion sociopolitique de l’Etat, les vulnérabilités socioéconomiques en tant que facteurs incitatifs se nourrissant des griefs poussant à la frustration et, enfin, la capacité des groupes extrémistes à intégrer tous ces éléments dans un narratif politico-idéologique en tant que facteur attractif vers l’engagement terroriste.

En voulant convaincre de sa détermination à ramener la sécurité dans les régions nigériennes affectées par le fléau de la violence terroriste, le Président semble révéler les démarches entreprises au niveau local en ciblant les communautés les plus exposées aux vulnérabilités que tentent d’instrumentaliser des groupes comme l’Etat islamique au Grand Sahara dans le Liptako Gourma.

 

Vers l’inéluctable approche holistique au-delà du sécuritaire ?

Les experts les plus avisés de la lutte contre l’extrémisme violent savent que ce procédé au-delà du contre-terrorisme classique est emprunté à l’approche dite « santé publique » et passe par les quatre phases connues à savoir : la prévention, l’intervention, l’interdiction et la réintégration sachant que la première et la dernière peuvent, parfois, se dérouler de manière concomitante. D’ailleurs, la prévention primaire avec la méthode du ciblage large n’exclut pas des mesures apaisantes de réintégration pour mitiger le tout répressif si l’on sait que les phases de prévention dites secondaire et tertiaire sont parfois plus périlleuses et incertaines.

Cette approche rappelant bien des aspects du discours du Président Bazoum lors du Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité semble s’inscrire, comme il l’a dit, dans la "recherche de la paix" en considérant les spécificités et dynamiques locales parfois plus déterminantes que beaucoup d’autres considérations d’ordre principiel. Elle reconnaît en outre la dignité de solution aux initiatives endogènes, dans une parfaite conscience d’arrimer la coopération internationale sur les efforts régionaux, coordonnées avec une nécessaire implication des communautés locales.

A l’heure de la désinformation et de l’emprise des réseaux sociaux sur les opinions nationales et régionales, cette mise au point fortement applaudie tout au long du discours sonne, en soi, comme un nouveau style dans le traitement des questions sécuritaires qui ne sont plus l’apanage des seuls acteurs sécuritaires mais une véritable problématique dont se sont désormais approprié la société civile et le débat public.

Cet important jalon posé à travers le discours par le Président nigérien, en plus d’une communication mettant en avant la transparence auprès des opinions nationales parfois désorientées par le fléau de la désinformation massive, dessine déjà les contours d’une nouvelle stratégie à explorer et qui devrait inspirer les pays de la sous-région et leurs partenaires internationaux.

[1] Dr. Bakary Sambe, Fondateur et Directeur de Timbuktu Institute - African Center for Peace Studies (Bamako, Dakar, Niamey) et de l’Observatoire des Radicalismes et Conflits Religieux en Afrique (ORCRA).
Expert international ayant accompagné l’élaboration de plusieurs stratégies de prévention de l’extrémisme violent en Afrique et dans le monde et conçu la CELLRAD, cellule de lutte contre la radicalisation du G5 Sahel en appui aux Nations Unies.

 

 

 

Par Hervé Briand

Analyste Sahel, Associé au Timbuktu Institute

 

La France dispose de l'une des meilleures armées du monde. Et il convient en premier lieu de rendre hommage aux 53 militaires français morts au Sahel dans la lutte antiterroriste et qui ont obtenu des résultats remarquables.

Mais force est de constater que si l'opération militaire française "Serval", réclamée par les autorités maliennes en janvier 2013, a été perçue comme une "armée salvatrice", l'opération militaire française "Barkhane" qui a succédé semble avoir trop duré, et ce, sous sa forme actuelle... En effet, au fil du temps, "Barkhane" semble, malheureusement, été perçue par une partie non négligeable de la population malienne comme une "armée d'occupation".

L'erreur serait ainsi de ne pas avoir transformé structurellement, dès 2018, "Barkhane" en une nouvelle 3ème opération militaire française, beaucoup plus discrète et axée exclusivement sur un "appui stratégique, technique/logistique et de renseignement militaire" au service des forces armées maliennes. 

 

Le changement effectif du nom même de "Barkhane" concernant cette nouvelle phase de la coopération militaire française au Mali devenait alors également impérieux.

Le nouvel enjeu immédiat devient donc pour la France la "sécurisation" des convois militaires de rapatriement (matériels, soldats...) via le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire, voire le Burkina Faso ou le Bénin... Ces convois risquent en effet de représenter une cible, surtout médiatique, pour d'éventuels djihadistes, mais aussi des propagandistes "anti-français".

Le second enjeu est de contrer ou d'échapper aux propagandes "anti-françaises" factuelles ou virtuelles (réseaux sociaux) au Sahel en général...

Ainsi, la France doit revoir urgemment sa communication externe, non seulement vis à vis des autorités sahélo-sahariennes (Niger, Mali, Burkina Faso), mais plus généralement vis à vis de l'ensemble des populations locales ouest-africaines (Togo, golfe de Guinée,  Sénégal...).

La forme (communication), encore plus que le fond, ne va pas : c'est de la perception par les populations sahélo-sahariennes des décisions françaises dont il faut aussi tenir compte !!

Déjà, il y a plus d'un an, le fait de "convoquer" cinq Chefs d'État du Sahel à Pau ou Montpellier a été très mal perçu par les populations africaines concernées :

En effet, "convoquer" dans une ville de province française (moins connue en Afrique) plutôt que de les "inviter" à Paris et/ou l'Élysée, leurs "tontons",  comme disent respectueusement les initiés en évoquant leurs Présidents (ou tout autre "sachant" souvent plus âgé...), a été perçu, notamment par les jeunes acteurs africains, comme une arrogance, voire un mépris inexcusable de la part d'un jeune président français.

Cette situation de fait avait déjà engendré de nombreux commentaires défavorables et parfois même violents à l'encontre de la France et non propices à un partenariat "équitable", à une synergie d'actions, de confiance réciproque et de respect mutuel entre l'État français et les populations du Sahel...

Au Mali, la France semble surtout avoir été "battue" par les officines Russes de propagande.

Après la guerre classique, tactique, asymétrique, hybride, et les cyber-attaques, c'est aujourd'hui la "cyber-propagande" (via les réseaux sociaux...) qui semble devenir le fer de lance de cette nouvelle forme de guerre d'influence et de manipulation, notamment en Afrique...

Aussi, la communication des autorités françaises et nigériennes sur le "recentrage" de Barkhane au Niger sera primordiale au regard de la perception par la société civile et les populations locales de ce nouveau redéploiement militaire français au Sahel, et au Niger en particulier.

Il peut être à craindre malheureusement demain que "trop de convois, trop de présence de militaires occidentaux" finissent, là encore, par susciter au sein d'une partie de la population locale des sentiments "anti-occidentaux/impérialistes", par générer des troubles et "importer" des problèmes sécuritaires nouveaux, notamment au Niger...

En effet, les mêmes causes induisent les mêmes conséquences !

C'est donc contre ce sentiment "anti-occidental/français" (en dépit des propagandes russes ou autres.. ) qu'il conviendrait aussi de combattre dès aujourd'hui, notamment auprès des jeunes africains de la société civile.

C'est un phénomène malheureusement classique...

À moyen terme, après les sentiments de libération au Mali (pareillement en Afghanistan...), et de soutien au Niger, les armées occidentales prennent le risque d'être toujours appréhendées injustement au fil du temps comme des "armées d'occupation" : le peuple est enthousiaste quand elles arrivent (pour l'aider), mais il n'aime pas quand elles "s'installent" trop longtemps...

Il est très clair, qu'à l'heure des réseaux sociaux, très largement relayés au sein des populations sahélo-sahariennes et surtout parmi la jeunesse ouest-africaine, la communication des États en présence, et notamment la France, est primordiale !

Ainsi, la perception par les populations locales de l'image de la France, de ses actions et/ou de ses partenariats est cruciale, souvent ingrate (et parfois différente de la réalité...), mais doit absolument être prise en compte, notamment via les nouveaux réseaux de communication populaires, et ce, afin de ne pas répéter les erreurs du passé...

L'important n'est pas seulement ce que vos amis pensent de vous... Mais c'est surtout ce que vos ennemis disent sur vous !

 

Voir aussi : 

Bakary Sambe, Perceptions locales des coopérations sécuritaires aux Sahel

https://timbuktu-institute.org/index.php/toutes-l-actualites/item/254-perceptions-locales-des-cooperations-securitaires-au-sahel-partie-1-par-dr-bakary-sambe 

By Bakary SAMBE Phd, Regional Director of the Timbuktu Institute

 

In the Sahel, the various counter-terrorism strategies have so far failed to contain a phenomenon which, instead of receding, continues to threaten the entire region. Since the beginning of this fight, the military and security approach had been favored in view of the security emergencies that had surprised the bewildered states. One of the main errors of assessment on the part of the Sahelian states was that for a long time they had remained in a position of considering terrorism as a "distant", exogenous phenomenon, whereas it was gradually becoming a very real scourge with increasingly local manifestations. As soon as the Maghreb countries were affected in the 1990s, it was to be expected that the threat would extend to the Sahel countries. But a certain dominant geopolitics had conceived the Sahara Desert as an impassable barrier, whereas it has always been a zone of infinite interactions and circulation of people and goods, but also of conflicts and sources of violence. Thus, the Sahelian countries, caught unawares, first tested their individual response capacities, which proved to be so weak that they quickly resorted to the Nouakchott process and the establishment of the G5 Sahel. Despite the obvious transnationality of the phenomenon of violent extremism as well as the threats, there has been a late recognition of the importance of joint strategies. Moreover, it seems paradoxically that terrorist groups in the region are more capable of synergy than the states of the region and their international partners. These groups have been able to exploit the phenomenon of transnationality and territorial continuum better than states that have long remained on the pattern of classical warfare when it was more important to deal with asymmetry.

 

From epicenter spillovers to continuums of insecurity

 

The increasingly hybrid nature of the threat, aggravated by the outbreak of communal conflicts, has even pushed the states of the region to resort to self-defense groups to compensate for the failings of security governance and the shortcomings of national armies that are poorly equipped and unprepared, like those in the rest of the world, for unprecedented forms of insurrection, mobilizing socio-political and even identity-based demands.

In this context, which will be marked by the overflow of epicenters where the phenomenon is becoming increasingly difficult to contain, the shift in theaters of operation as strategic redeployment zones makes certain countries privileged strategic targets. Burkina Faso is part of this context, seen by terrorist groups as the last lock to be broken in order to start an easier advance towards coastal Africa. The countries bordering it are already feeling the effects of such an overflow. States such as Benin, Togo and even Ghana are already aware of the growing scale of terrorism that has already crossed their borders.

Even if the threat of mass radicalisation at the local level is limited for the time being, terrorist recruitment is on the increase with young Ghanaians having joined Daech as early as 2015. Recent armed conflicts in the region (Sierra Leone, Liberia) facilitate the circulation of arms in a context of porous borders and arsenals still intact in the hands of groups and gangs that have never been so mobile. More than 80 uncontrolled incursion points along the borders of Togo, Burkina Faso and Côte d'Ivoire from Ghana, make the access of terrorist groups to the sea a compelling reality today. Incidents of kidnapping of foreigners in 2019, in addition to the recurrence of arrests of armed individuals on Togolese territory from Burkina Faso, coincide with the dismantling of terrorist cells in that country. The connection between terrorist and criminal networks from the Sahelian corridors with the South American cartels raises the risk of increased insecurity.

 

End of denial and gradual and collective awareness

 

The authorities in Benin, Ghana and Togo have begun efforts to share capacity and exchange best practices despite the different levels of strategy development underway in each country. Indeed, although they are at different levels in the national strategy development process, the three countries share similar vulnerabilities and security concerns that justify a regional approach.

In a process covering Benin, Ghana and Togo, the regional implementation plan of an ongoing joint project attempts to include, in addition to entities from different states, Civil Society Organizations (CSOs), women, youth and religious organizations.  It should be recalled that this inclusive process was approved in 2019 under the aegis of the UNDP's regional programme for the prevention of violent extremism. The latter aims, together with its country offices, to provide the three countries with the necessary resources and expertise to initiate and develop national action plans for the prevention of violent extremism.

Indeed, there are several objective reasons that support the idea that the challenges and threats faced by the three countries need to be addressed in a comprehensive, cross-border and transnational manner, such as the phenomenon of socio-cultural continuums and the fact that cross-border areas remain a proven source of instability in the region where violent extremist groups whose actions and modus operandi transcend national borders are active. Similarly, the fact that the theatre of operations of terrorist groups in the region is moving closer together seems to lead to an awareness that the cross-border dimension is a key element to be taken into account, despite the need to clearly specify the needs and challenges for the coastal countries.

 

  • Avoiding the all-security package and imported solutions

 

The specification of needs will be the key to a paradigm shift, an experience that could be offered by the coastal country context. International partners must avoid transposing the solutions - which are unsuccessful - from the Sahel to coastal areas that do not have the same realities. Strategies must be differentiated and break away from the "security package". The same strategy with a strong security component cannot be applied in countries already affected by the phenomenon of massive violent extremism, such as Mali and Nigeria, or in states under security pressure, such as Niger, Mauritania, Burkina Faso and Chad. Despite the initiatives taken in the framework of the Accra initiative, the coastal countries can still develop a preventive and prospective approach that would best suit their situation.

These coastal countries would even be the appropriate laboratory for a holistic preventive and prospective approach that prioritizes the strengthening of community cohesion within the framework of an assumed prevention policy while integrating the imperatives of human security. The announced success of recent joint military operations in the framework of the Accra Initiative may galvanise enthusiasm, but should not distract coastal countries from seizing the opportunity to differentiate between countering terrorism and the prevention of violent extremism.

 

  • Avoiding the all-security package and imported solutions

 

The specification of needs will be the key to a paradigm shift, an experience that could be offered by the coastal country context. International partners must avoid transposing the solutions - which are unsuccessful - from the Sahel to coastal areas that do not have the same realities. Strategies must be differentiated and break away from the "security package". The same strategy with a strong security component cannot be applied in countries already affected by the phenomenon of massive violent extremism, such as Mali and Nigeria, or in states under security pressure, such as Niger, Mauritania, Burkina Faso and Chad. Despite the initiatives taken in the framework of the Accra initiative, the coastal countries can still develop a preventive and prospective approach that would best suit their situation.

These coastal countries would even be the appropriate laboratory for a holistic preventive and prospective approach that prioritizes the strengthening of community cohesion within the framework of an assumed prevention policy while integrating the imperatives of human security. The announced success of recent joint military operations in the framework of the Accra Initiative may galvanise enthusiasm, but should not distract coastal countries from seizing the opportunity to differentiate between the fight against terrorism and the prevention of violent extremism.

 

  • Developing contextualized strategies and updated threat review

 

There is now a clear will to complete the development of strategies against violent extremism in Togo, Benin and Ghana despite the disparities in the level of threat assessment. However, what is missing is the documentation of the deep-rooted and possible causes of the rise of terrorism through field studies, particularly through perception surveys, which are currently lacking. This raises the risk of reproducing existing strategies without specifying the real needs of the countries in question. An updated review of existing prevention-oriented strategies and policies (VEC and TC) will be necessary. Coastal countries must necessarily ensure that they conduct an updated threat analysis and move towards an early warning system. The support of partners such as the United Nations Development Programme (UNDP), which has already embarked on a preventive approach, could help to improve harmonization and to carry out the reforms necessary to comply with international texts, particularly those relating to human rights.

 

 

Even though they are still relatively far from the epicenter of Sahelian jihadism, the coastal countries have, however, been experiencing socio-political and religious changes in recent years that should raise alarm. The security pressure in the far north of Côte d'Ivoire, on the borders between Burkina Faso, Benin and Ghana, is a clear sign that the threat is descending and that the areas of intervention of terrorist groups from the Sahel are expanding. In the latter region, where the failure of the all-security approach seems to have already been acknowledged, the fight against terrorism has not ceased to raise serious doubts about the very viability of states and their security systems in the face of new threats. Coastal countries should not indulge in strategic mimicry despite the security pressure and the hype surrounding joint military operations. There is a need to specify solutions and not to lose sight of the possibilities that the preventive approach can still offer, which must necessarily be coupled with the management of security emergencies. It is in this balance between preventive action and anticipation through human intelligence, which will be gained with the populations by circumscribing the threat, that the possible chances of avoiding the Sahel scenario lie. In these countries, which seem to be developing strategies that give a large place to a synergy of action at the military level, as in the framework of the Accra initiative, it would be important to learn from the mistakes of the Sahel, where counter-productive "solutions" have led to a disavowal of the security policies of states and the intervention of their international partners. The latter must also learn from the Sahelian failures and avoid preconceived solutions for coastal countries, which have put the states of the region in the difficult position of having to face public opinion that is increasingly critical of current modes of security cooperation. This conflict of perceptions, which is now perceptible between the West African populations on the one hand, and the states and their international partners on the other, is a sign that security governance is now at the heart of citizens' demands. Their best chances of escaping "sahelinisation" depend to a large extent on whether this socio-political change is taken into account and on the willingness of coastal states to go beyond the security packages of classic counter-terrorism.

Dr. Bakary Sambe, director of the Timbuktu Institute (Bamako-Dakar-Niamey), talked to “L’Opinion”, a few days ago, about the genesis of the recent putsches in the Sahel countries and the new dynamics of protest in the region.

 

A Burkinabe lieutenant-colonel, Emmanuel Zoungrana, was arrested on 10 January for an alleged coup attempt. How do you explain the return of coups in West Africa?

 

The Burkinabe military complains that they are ill-equipped to deal with the jihadists they are fighting on the ground. The security situation has deteriorated in recent years. They have suffered many losses in the border areas. The state is so bankrupt that the authorities are delegating part of the national defense to self-defense militias, the Koglweogo. This is an admission of impotence. There is a risk that the officers are no longer in tune with the political leadership and are tempted to take responsibility. This leads to a paradoxical situation where coups are sometimes seen as a democratic breath of fresh air due to the rejection of local powers, a certain abandonment of democratic ideals by the international community and regional organizations considered illegitimate.

 

Faced with the risk of coups and the desire of juntas to perpetuate their reign in power, West African leaders adopted on Sunday very harsh sanctions against the Malian authorities. Are they justified?

 

This is not the time to take shots at the Economic Community of West African States (ECOWAS) which, despite its shortcomings, remains a resource in terms of mediation and conflict management. The positions of this regional organization deserve to be supported in Mali. Sanctions are a necessary evil to help this country find its democratic trajectory so that it does not live under the regime of successive juntas. West African leaders waited until their eighth summit since August 2020, after several warnings, to sanction the transitional authorities, who cannot say they were caught off guard. They also provided for exemptions for the supply of food, pharmaceuticals and fuel so as not to penalize the population.

 

 

"There is now a myth of an 'Islamic awakening' or an 'Islamic conscience'. This leads to the establishment of these unprecedented alliances in youth circles, between Salafist movements and ex-militants of the nationalist left".

 

 

Do the protest movements in the Sahel not give rise to unholy alliances between leftists and supporters of political Islam, which coup officers seek to exploit?

 

Secular civil societies have weakened. They are less and less supported by their Western partners. The latter are in a logic of diplomatic pragmatism in order not to lose ground to the growing influence of other powers such as China, Russia and Turkey. Western states therefore tend to align themselves with the policies of the powers that be, sacrificing the fundamental principles and values that bind them to civil societies. Religious leaders take advantage of this and influence a rather idle youth in need of guidance. We can also observe the emergence of new alliances since the Arab Spring, between civil society actors and former leftists or neo-leftists who seek, through revolutionary processes, to gain access to power by making a pact with currents crossed by political Islam.

 

What is the role of social networks in the emergence of these new protests?

 

Western powers such as France are tending to gradually disconnect from real society, which is itself very connected to social networks that are in the throes of an informational influence war. Social movements use these relays to mobilize their supporters in an atmosphere marked by an Islamo-nationalism that is not challenged by left-wing currents that seek to find a new lease of life in protest. If the new powers of influence support this groundswell, a cold war could be reinstated, with the main danger being the loss of democratic gains.

 

How do you explain the attraction of young people to the Salafist movement?

 

It can be motivated by interest, social assistance or community prestige. We therefore need to think about Salafism from the point of view of local realities, and not subordinate the understanding of such a socio-religious phenomenon to a Western context. As the state no longer wishes to provide for educational needs, a genuine Arabic-speaking and Islamic elite has emerged from these institutions. This elite is challenging the hegemony of the dominant French-speaking executives in the administrative structures. They are considered responsible for the failure of governance since independence. This radicalism, considered as modernity out of spite, seduces entire sections of the educated youth. It is no longer a question of poverty or illiteracy. There is now a myth of an 'Islamic awakening' or 'Islamic consciousness' that permeates all spheres. This leads to the establishment of these unprecedented alliances in youth circles, between Salafist movements and ex-militants of the nationalist left, who see in this Islam an effective form of protest against the West or neo-liberalism.

 

 

"The French discourse on Islam discredits the defenders of secularism in the Sahel, and the fight against Western interference remains mobilising"

 

 

Do you see a danger for the post-independent Sahelian states?

 

It is not by simple doctrinaire adherence that the youngest and most educated adopt Salafism, but through new needs for religious expression, which orient young people more and more towards a rationalised and reformist Islam. Such a situation leads to a form of elitism of religious fundamentalism. These movements are thus taking over from the state, which has failed to provide social guidance for young people. This aggregation of facts could be a source of unrest in the medium term in urban and rural areas, and also of a social divide. This will give rise to "nation states" with the resurgence of a national feeling and a harmonised socialisation around an educational system totally controlled by Islamist networks. We therefore fear a clash of extremes in Mali, Togo and Benin, between fundamentalist Islam and evangelist Christian currents.

 

Is France, which has inspired the constitutions of the Sahelian states and their political life, not losing the battle for the influence of the social model?

 

France and the European countries have not taken sufficient account of our social models and their structures. The problem of the European gap in relation to the new socio-religious realities must be resolved. The socio-educational and humanitarian actions supported by the Arab countries are appreciated by the populations who consider them more useful and effective. The French discourse on Islam discredits the defenders of secularism in the Sahel, and the fight against Western interference remains mobilising. The growing demand of Islamic actors for a better representation of Islam and its values in political systems cannot be ignored any longer. Listening to the field is a prerequisite for overcoming conflicts of perception. It is therefore necessary to take into account the religious reality on the political level and not to lock oneself into a secularism of combat but rather to promote a secularism of consensus.

 

Are the secular constitutions inherited from the former colonizer still appropriate?

 

We are in constitutionally secular states that must govern the religious at a time when the security dimension requires the full attention of the authorities because of the radicalisation of part of the youth. It is necessary to adapt constitutions, which can be revised, to local realities in order to understand the religious factor in all its dimensions. For example, the countries of the Sahel suffer from a dual education system, with the official French-speaking school on the one hand, and the multiplication of Arab and Islamic schools on the other in an overlapping of educational offers, which threatens the fragile social cohesion in the still unfinished process of state building.

 

 

Specialist in radicalism

 

Founder of the Observatory of Radicalisms and Religious Conflicts in Africa, Bakary Sambe is a lecturer at the Gaston Berger University (Saint-Louis -Senegal). He is the author of numerous books including Islam and Diplomacy, Morocco's African Policy (2010), Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale (2015), Contestations islamisées. Senegal between influence diplomacy and political Islam (2018).

Directeur du Timbuktu Institute de Dakar, Bakary Sambe revient pour l’Opinion sur la genèse des récents putschs dans les pays du Sahel et les nouvelles dynamiques contestataires dans la région.

Un lieutenant-colonel burkinabè, Emmanuel Zoungrana, a été mis aux arrêts le 10 janvier pour une prétendue tentative de putsch. Comment expliquez-vous le retour des coups de force en Afrique de l’Ouest ?

Les militaires burkinabè se plaignent d'être mal équipés par rapport aux jihadistes qu’ils combattent sur le terrain. La situation sécuritaire s’est délitée ces dernières années. Ils ont subi de nombreuses pertes dans les zones frontalières. La faillite de l’Etat est telle que les autorités délèguent une partie de la défense nationale à des milices d’autodéfense, les Koglweogo. C’est un aveu d’impuissance. Il y a un risque que les officiers ne soient plus en osmose avec le leadership politique et soient tentés de prendre leurs responsabilités. On en arrive à une situation paradoxale où les coups d’Etat sont parfois considérés comme une respiration démocratique en raison du rejet des pouvoirs locaux, d’un certain abandon de la communauté internationale aux idéaux démocratiques et d’organisations régionales considérées comme illégitimes.

Face aux risques de coups d’Etat et à la volonté des juntes de pérenniser leur règne au pouvoir, les dirigeants ouest-africains ont adopté dimanche des sanctions très dures à l'égard des autorités maliennes. Sont-elles justifiées ?

Ce n’est pas le moment de tirer sur la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui, malgré ses défauts, reste un recours en termes de médiation et de gestion des conflits. Les positions de cette organisation régionale méritent d'être soutenues sur le Mali. Les sanctions sont un mal nécessaire pour aider ce pays à retrouver sa trajectoire démocratique afin de ne pas vivre sous le régime de juntes successives. Les dirigeants ouest-africains ont attendu leur huitième sommet depuis août 2020, après plusieurs avertissements, pour sanctionner les autorités de transition, qui ne peuvent pas dire qu’elles ont été prises au dépourvu. Ils ont aussi prévu des exemptions pour la fourniture de produits alimentaires, pharmaceutiques et de carburant afin de ne pas pénaliser les populations.

« Il y a aujourd’hui un mythe du “réveil islamique” ou d’une “conscience islamique”. Cela aboutit à l’instauration de ces alliances inédites dans les milieux de la jeunesse, entre mouvances salafistes et ex-militants de la gauche nationaliste »

 

Les mouvements de contestation au Sahel ne donnent-ils naissance à des alliances contre nature entre gauchistes et partisans de l’islam politique que cherchent à récupérer des officiers putschistes ?

Les sociétés civiles laïques se sont affaiblies. Elles sont de moins en moins soutenues par leurs partenaires occidentaux. Ces derniers sont dans une logique de pragmatisme diplomatique pour ne pas perdre de terrain face à l’influence grandissante d’autres puissances comme la Chine, la Russie et la Turquie. Les Etats occidentaux ont donc tendance à s’aligner sur la politique des pouvoirs en place en sacrifiant les principes et les valeurs fondamentales qui les lient aux sociétés civiles. Les leaders religieux en profitent et influencent une jeunesse plutôt désœuvrée et en manque de repères. On observe aussi l'émergence de nouvelles alliances depuis les Printemps arabes, entre des acteurs de la société civile et les anciens gauchistes ou néo-gauchistes qui cherchent, à travers des processus révolutionnaires, à accéder au pouvoir en pactisant avec des courants traversés par l’islam politique.

Quel est le rôle des réseaux sociaux dans l’émergence de ces nouvelles contestations ?

Les puissances occidentales comme la France ont tendance à se déconnecter progressivement de la société réelle, elle-même très connectée à des réseaux sociaux en proie à une guerre d’influence informationnelle. Les mouvements sociaux utilisent ces relais pour mobiliser leurs sympathisants dans une atmosphère marquée par un islamo-nationalisme qui n’est pas remis en cause par les courants de gauche qui cherchent à retrouver dans la contestation une seconde jeunesse. Si les nouvelles puissances d’influence soutiennent cette lame de fond, une guerre froide pourrait se réinstaller, avec comme principal danger la perte des acquis démocratiques.

Comment expliquez-vous l’attrait de la jeunesse pour la mouvance salafiste ?

Elle peut être motivée par des logiques d’intérêts, des aides sociales ou du prestige communautaire. Il faut donc penser le salafisme à partir des réalités locales, et ne pas subordonner la compréhension d’un tel phénomène socio-religieux à un contexte occidental. L’Etat ne souhaitant plus subvenir aux besoins éducatifs, on note l’émergence d’une véritable élite arabophone et islamique issue de ces institutions. Cette dernière conteste l’hégémonie des cadres francophones dominants dans les structures administratives. Ils sont considérés comme responsables de la faillite de la gouvernance depuis l’indépendance. Ce radicalisme, considéré comme une modernité par dépit, séduit des pans entiers de la jeunesse éduquée. Ce n’est plus une question de pauvreté ou d’analphabétisme. Il y a aujourd’hui un mythe du « réveil islamique » ou d’une « conscience islamique », qui traverserait toutes les sphères. Cela aboutit à l’instauration de ces alliances inédites dans les milieux de la jeunesse, entre mouvances salafistes et ex-militants de la gauche nationaliste, qui voient en cet islam une forme efficace de contestation de l’Occident ou du néolibéralisme.

« Le discours français sur l’islam décrédibilise les défenseurs de la laïcité au Sahel, et la lutte contre les ingérences occidentales reste mobilisatrice »

 

Y voyez-vous un danger pour les Etats sahéliens post-indépendants ?

Ce n’est pas par simple adhésion doctrinaire que les plus jeunes et les instruits adoptent le salafisme, mais à travers de nouveaux besoins d’expression religieuse, qui orientent les jeunes de plus en plus vers un islam rationalisé et réformiste. Une telle situation conduit à une forme d’élitisme du fondamentalisme religieux. Ces mouvements prennent donc le dessus sur l’Etat, qui n’a pas réussi à opérer un encadrement social des jeunes. Cette agrégation de faits pourrait être source de troubles à moyen terme dans les zones urbaines et rurales, et aussi d’une fracture sociale. Cela va donner lieu à des « Etats nations » avec la recrudescence d’un sentiment national et une socialisation harmonisée autour d’un système éducatif totalement contrôlé par les réseaux islamistes. On craint donc un choc des extrêmes au Mali, au Togo ou encore au Bénin, entre l’islam fondamentaliste et les courants chrétiens évangélistes.

La France, qui a inspiré les constitutions des Etats sahéliens et leur vie politique, n’est-elle pas en train de perdre la bataille de l’influence du modèle de société ?

La France et les pays européens n’ont pas suffisamment pris en compte nos modèles de société et leurs structures. Il faut résoudre le problème de décalage européen par rapport aux nouvelles réalités socioreligieuses. Les actions socio-éducatives et humanitaires soutenues par les pays arabes sont appréciées des populations qui les jugent plus utiles et plus efficaces. Le discours français sur l’islam décrédibilise les défenseurs de la laïcité au Sahel, et la lutte contre les ingérences occidentales reste mobilisatrice. On ne peut ignorer plus longtemps la revendication croissante des acteurs islamiques d’une meilleure représentation de l’islam et de ses valeurs dans les systèmes politiques. L’écoute du terrain est un préalable pour sortir des conflits de perception. Il faut donc prendre en compte la réalité religieuse sur le plan politique et ne pas s’enfermer dans une laïcité de combat pour plutôt promouvoir une laïcité de consensus.

Les constitutions laïques héritées de l’ancien colonisateur sont-elles toujours adaptées ?

Nous sommes dans des Etats constitutionnellement laïcs qui doivent gouverner le religieux à l’heure où la dimension sécuritaire nécessite toute l’attention des autorités en raison de la radicalisation d’une partie de la jeunesse. Il est nécessaire d’adapter les constitutions, qui peuvent faire l’objet de révision, aux réalités locales pour appréhender le facteur religieux sous toutes ses dimensions. Les pays du Sahel souffrent par exemple d’une dualité du système éducatif, avec d’un côté l’école officielle francophone, et de l’autre la multiplication des écoles arabes et islamiques dans une superposition des offres éducatives, ce qui menace les fragiles cohésions sociales dans le processus encore inachevé de construction des Etats.

Spécialiste des radicalismes

Fondateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits Religieux en Afrique, Bakary Sambe est maître de conférences à l’Université Gaston Berger (Saint-Louis -Sénégal). Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Islam et diplomatie, la politique africaine du Maroc » (2010), Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale (2015), Contestations islamisées. Le Sénégal entre diplomatie d’influence et islam politique (2018).

 

 

Météo Sahel est une initiative du Timbuktu Institute qui vise à mettre à la disposition du public une revue de l’actualité au Sahel assortie d’analyses documentées. Le climat politique, social et sécuritaire qui peut paraître identique dans chacun des pays de cette zone, souvent objet d’analyses globalisantes, peut en réalité varier selon les contextes et les réalités locales. Ainsi, Météo Sahel est une revue bimensuelle de l’actualité politique, sociale et sécuritaire dominante dans les pays du G5 Sahel en plus du Sénégal.

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Votre rubrique Météo Sahel Réalisée par Babacar Diop, stagiaire au Timbuktu Institute, Sous la supervision de Yague Samb, Directrice du bureau de Dakar