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Radicalisation des jeunes : le chômage de masse et le sentiment d’abandon inquiètent à Vélingara Spécial

En partenariat avec le bureau de la Fondation Kondrad Adenauer à Dakar, Timbuktu Institue a mené une enquête de terrain sur les facteurs de radicalisation dans les zones frontalières du Sénégal (Vélingara) et de la Guinée (Labé), pour un rapport inédit qui sera rendu public avant le prochain Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
Sur place, l’équipe de recherche a pu mener des enquêtes quantitatives et des entretiens qualitatifs. Au moment du dépouillement des questionnaires, deux éléments, déjà constatés dans nos précédents rapports dans d’autres zones, sont souvent revenus. Il s’agit d’un chômage de masse et d’un sentiment, partagé par la quasi-totalité des 400 jeunes enquêtés, d’être abandonné par l’État. A ce propos, rappelons que toutes les études que nous avons jusqu’ici menées ont montré que le chômage de masse était l’un des facteurs les plus importants dans la radicalisation des jeunes.

De ce fait les facteurs pauvreté et marginalisation se sont toujours greffés aux dimensions idéologiques du problème qu’il ne faudrait pas non plus négliger dans l’approche du phénomène de la radicalisation.

Rappelons qu’Omar Yaffa et Ibrahima Mballo, tous les deux, aujourd’hui, condamnés pour terrorisme et apologie de terrorisme, dans le procès Imam Ndao, viennent de Vélingara.

Dans le cadre des entretiens avec divers interlocuteurs, d’autres évoquent la question de l’insécurité dans une zone frontalière où le mouvement des hommes est difficilement contrôlable. En ce sens, le marché de Diaobé, un carrefour stratégique facilitant la circulation et la diffusion d’idées de la part de populations venant du Mali, de la Guinée et d’autres pays de la sous-région est un exemple des défis que pose la transfrontalité. Un administrateur de la ville, très préoccupé par cette situation ira même jusqu’à affirmer que cette zone marginalisée pouvait être considéré comme « une bombe à retardement ».

Un autre élément que le rapport permettra de constater est tout aussi inquiétant : c’est le choc des modèles religieux entre les chiites et les salafistes mais aussi, et surtout, entre salafistes et tidjanes qui peuvent parfois donner lieu à des confrontations.