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Timbuktu Institute – Janvier 2024

Dans le cadre de l’Observatoire des Réseaux Sociaux mise sur pied en partenariat avec des plateformes comme Meta, pour réfléchir à la nécessité d’agir face à la désinformation et  ses méfaits sur la cohésion sociale et la stabilité régionale, le Timbuktu Institute continue d’initier des échanges et discussions participatives. C’est à ce propos que s’est tenu un webinaire régional sur le thème : “Lutter contre la désinformation : quelle éthique d’utilisation des réseaux sociaux ?”. Modérés par l’enseignante-chercheure au CESTI (Centre d’étude des sciences et techniques de l’information) Dr. Yacine Diagne, les échanges ont été animés par Ignace Sossou (journaliste - Bénin), Issifou Habsatou (enseignante-chercheur - Niger), Massiré Diop (Journaliste - Mali) et Ziller Djerambété (journaliste - Tchad).

La désinformation sur les réseaux sociaux est devenue un mal, telle qu’elle appelle désormais, des grands remèdes. Et tous les acteurs, journalistes ou public, doivent être impliqués dans la réflexion. “Il est important de mettre l’accent sur la question de l’alphabétisation numérique, permet de chercher l’info, l’approcher de manière critique et de l’utiliser à des fins utiles. Ceci aussi dans le souhait de bâtir des communautés fortes, dans une atmosphère sûre”, affirme Olivia Tchamba, Public Policy Manager chez Meta. C’est pour cela que, poursuit-elle, “Meta tient à associer divers acteurs dans la lutte contre la désinformation qui est un réel défi, ceci pour avoir des solutions collectives parce nous ne sommes pas des juges de vérité.”

A une ère où les réseaux sociaux se sont définitivement imposés comme des plateformes de communication centrales, de nombreux questionnements concernant les nouvelles pratiques journalistiques, émergent. Dans un monde hyperconnecté où l’information circule à une vitesse exponentielle, les circuits traditionnels de transit de l’information sont confrontés à une certaine crise. « Avant les journalistes et agences de presse étaient les principaux pourvoyeurs d’informations. Mais aujourd’hui, non seulement les journalistes s’informent sur les réseaux sociaux, mais aussi les influenceurs sont parfois mieux appréciés », regrette la modératrice Yacine Diagne.

Le journaliste tchadien, Ziller Djérambété abonde dans le même sens. “Qu’un journaliste utilise les réseaux sociaux comme principale source d’informations, c’est grave” martèle-t-il. Avant de poursuivre : “Tout le monde s’érige en journaliste et ne respecte pas les règles élémentaires du traitement journalistique. A l’ère du désordre informationnel avec le triptyque Désinformation-Mésinformation-Malinformation, les professionnels de l’info doivent avoir le réflexe du recul critique et de la responsabilité face aux informations.”

D’autres panélistes, à l’instar du journaliste béninois Ignace Sossou, observent une position plus nuancée. “Je pense que le vrai débat, ce n’est pas tant les réseaux sociaux en tant que tels, mais plus la qualité et le traitement du travail du journaliste qui doit faire preuve d’intégrité et chercher la véracité de l’information. Les réseaux sociaux peuvent bel et bien être utiles pour le journalistique, en ce sens qu’ils peuvent par exemple être le point de départ d’enquêtes”, explique-t-il. Le journaliste malien Massiré Diop garde une ouverture plus ou moins similaire. Selon lui, “ce n’est pas très éthique. Les réseaux sociaux peuvent être une source d’informations pour le journaliste, mais ils ne sauraient être la principale. Le plus important est de rester professionnel.” Quant à la juriste Issifou Habsatou, elle insiste pour mettre un point d’honneur à ce que “la question de l’éthique, entendue comme ensemble de règles devant être respectées par rapport à l’exercice d’une mission ou d’une profession, est capitale.”

Entre les médias traditionnels et le public, une crise de confiance ?

La démocratisation des réseaux sociaux a conduit à un éclatement des sources d’informations. Désormais, chaque internaute est un potentiel émetteur d’informations, ce qui a logiquement tendance à fissurer la légitimité du journaliste. Selon Ziller Djérambété, “il faut faire la différence entre la communication et le journalisme, n’est pas la même tâche. La communication est le propre de l’influenceur qui est mu par l’instantanéité, ce qui n’est pas le cas du traitement journalistique”. Pis, regrette le journaliste béninois Ignace Sossou, “ il y a des influenceurs qui sont plus écoutés que les médias. Le journaliste va au-delà de plaquer les faits, il peut aussi creuser, comprendre et situer les responsabilités. Malheureusement, beaucoup de médias actuellement se comportent comme des communicateurs, en reprenant de manière non critique le discours officiel.” Pour la juriste Issifou Habsatou, il serait toutefois intéressant de voir comment introduire une démarcation productive entre les communicants et les journalistes. “Les populations sont analphabètes. Il faut penser à une complémentarité entre les réseaux sociaux et les médias traditionnels. Il ne faut pas purement et simplement opposer les activistes aux journalistes. Par ailleurs, au Niger, depuis le coup d’état, il y a un vrai problème de la régulation de la parole sur les réseaux sociaux”, affirme-t-elle.

Toutefois, la facilitatrice du débat, Dr. Yacine Diagne persiste sur le diagnostic de la crise de confiance. “Il ne faut pas se voiler la face”, alerte-t-elle, en affirmant que celui-ci pose aussi le problème de l’accès à l’information pour le journaliste. Pour Ignace Sossou, “c’est crucial mais malheureusement, il n'est pas rare que les administrations publiques cachent des informations qui sont censées être publiques. L’accès à l’information est un droit basique du citoyen, pas un privilège accordé au seul journaliste. Ceci est d’autant plus préoccupant dans les pays en transition, dirigés sur la base de principes militaires où les droits des peuples sont négligés.” A ce propos, la juriste Issifou Habsatou estime qu’au Niger, “le code d’éthique donne en principe un libre accès aux sources d’infos, donc en principe le problème ne devrait pas se poser.” 

“Il faut faire un retour critique sur le métier de journaliste

S’il importe de mettre l’accent sur l’atmosphère nocive que créent les réseaux sociaux, la pratique journalistique ne devrait pas être exempte de reproches, notent les panélistes. “ Il faut tout de même revoir la pratique et faire un retour critique sur le métier, le professionnel doit primer sur l’émotionnel”, reconnaît Yacine Diagne. Quant à Massiré Diop, il estime que la crise de confiance évoquée est entre autres due au fait qu’il existe “un manque de professionnalisme. Beaucoup de journalistes sont soit influenceurs soit activistes, qui opinent sur tout et n’importe quoi. Il y aussi un problème avec certains médias qui, pour vivre, deviennent des entreprises commerciales”, déplore-t-il. Pour sa part, Ziller Djérambété rappelle qu’un “vrai journaliste est celui qui vérifie son information avant de la diffuser. Au Tchad par exemple, ce sont les gens qui officient dans un média crédible ou qui ont une carte de presse, qui sont reconnus comme journalistes par la loi.”

Ce point appelle un autre paramètre on ne peut plus important : la viabilité économique des médias. Si tous les panélistes se rejoignent quant à la précarité du secteur des médias, qui plus est, dans un contexte de concurrence avec les réseaux sociaux. Pour sa part, Ignace Sossou préfère tempérer : “Il y a une menace du point de vue du modèle économique. Les pubs qui étaient dédiés à un média sont désormais dédiés aux influenceurs qui ont une plus grande audience. Mais d’un point de vue contenu journalistique, la question se ne pose pas.”

Le fact-checking, la panacée ?

La technique du fact-checking, s’est depuis quelques années maintenant imposée comme la manière la plus populaire de traquer les fake news. Reconnaissant l’utilité de cette pratique, Yacine Diagne s’interroge sur sa capacité à régler le problème. “Je pense que la démocratisation du fact-checking est une bonne chose mais mon avis est que sa fréquence peut participer d’une certaine banalisation, voire une légitimation des fake news dans l’espace public. Trop de fact-checking ne tuerait pas le fact-checking ?”, interpelle-t-elle.

La juriste Mme Habsatou n’en n’est pas pour autant convaincue. “Je trouve qu’il n’y a pas assez de fact-checking justement. Est-ce que les médias numériques le pratiquent réellement ? Sinon, au-delà de ça, je pense qu’il urge de renforcer la responsabilité des créateurs de contenus”, suggère-t-elle. Une idée reprise par le journaliste Ignace Sossou, également formateur en fact-checking au Burkina Faso. “ Le fact-checking est réalisé sur des faits qui ont un possible impact sur les communautés. On ne fact-checke pas tout. Les internautes ne sont pas si naïfs non plus, ils savent parfois reconnaître les fake news. Le problème est plus au niveau des fake news savamment fabriquées. D’une manière générale, il faut poursuivre et renforcer l’éducation des médias pour que le public puisse être le premier acteur de la crédibilité de l’information”, recommande-t-il.

Dans tous les cas, précise Yacine Diagne, “le travail d'éducation aux médias est primordial.” Ceci passe par une popularisation des outils de vérification des informations vers le public, suggère Ignace Sossou. “Il ne faut pas considérer le fact-checking comme la chasse gardée des journalistes. Il faut, insiste-t-il, démocratiser les outils de fact-checking pour permettre au grand public et surtout aux jeunes, première cible des fake news. Le fact-checking doit être un permanent état d’esprit critique”. Néanmoins, l’environnement actuel est favorable aux influenceurs. Meta rémunère mieux les influenceurs que les médias” pointe-t-il. C’est pour cette raison que, estime une participante du Tchad, Nako Mamadjibé, “il faudrait des sensibilisations plus larges sur les lois qui protègent les personnes et les institutions contre un certain libertinage et une délinquance numérique.” Ce sur quoi un autre participant, Kiari Mamadou, rebondit en rappelant que “les lois qui sont adoptées à ce sujet n’ont pas fait l’objet d’une grande vulgarisation.

La désinformation est un fléau qui constitue une réelle menace pour la stabilité régionale surtout dans ce contexte fortement marqué par une véritable « guerre de l’information » qui ne dit pas son nom. Pour Dr. Bakary Sambe, « l’impact d’une telle situation sur les médias et le travail journalistique est aujourd’hui exacerbé par l’emprise des réseaux sociaux sur la fabrique de l’opinion et les stratégies de conquête de l’espace médiatique ». A travers l’Observatoire des Réseaux Sociaux, Timbuktu Institute poursuit le travail de recherche et de veille en promouvant des alliances et des partenariats entre les gestionnaires des plateformes, les influenceurs et les médias pour parvenir à une réelle stratégie préventive et lutter efficacement contre la désinformation au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

 Timbuktu Institute – 29 Janvier 2024

 

 

 

Le Directeur régional de Timbuktu Institute, Dr Bakary Sambe, interrogé sur le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO, a indiqué que les signes avant-coureurs étaient bien là depuis la création par ces pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Sahel). Pour lui, si ces Etats persévèrent dans cette dynamique, il y a de quoi s’inquiéter, même si, avec la diplomatie, il est toujours possible de faire revenir ses membres fondateurs.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé hier leur retrait de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « Les signes avant-coureurs étaient bien là, comme nous l’avions analysé dans une récente Lettre de l’Observatoire du Timbuktu Institute, dès septembre 2023, voyant très tôt dans la mise en place de l’Alliance des Etats du Sahel une menace progressive contre le mécanisme régional de sécurité collective » a d’emblée répondu Dr Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute. Pour lui, les pays en question partageaient tout d’abord la préoccupation de se protéger contre la CEDEAO, mais aussi de ne plus être liés par les cadres juridiques la régissant.

« Le raffermissement des liens entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, en même temps qu’ils greffaient à la coopération sécuritaire, d’autre accords étaient un signe évident qu’une sortie se dessinait malgré tous les efforts des Chefs d’Etats de la région pour les maintenir dans le giron communautaire », explique le spécialiste des questions régionales et du Sahel. Beaucoup lient la sortie de ces pays à la gestion des coups d’Etats par la CEDEAO. Bakary Sambe estime, sur ce point, qu’il est vrai que la CEDEAO a tenté de gérer les crises institutionnelles dans l’urgence en activant le levier classique des sanctions alors que le contexte géopolitique international offrait aux pays concernés des échappatoires, mais aussi des choix, notamment avec l’offre russe qui change totalement la donne.

La CEDEAO, le repoussoir des putschistes ?

« De même, l’organisation sous-régionale avait déjà longtemps pâti de la gestion désastreuse des problèmes sécuritaires dont on l’avait dépossédée au profit du G5 Sahel qui était la préférence des partenaires. La CEDEAO était devenue le repoussoir des régimes nouvellement arrivés au pouvoir et qui surfaient sur la fibre populiste pour s’y maintenir », rappelle le Dr Sambe.

Pour les perspectives, le spécialiste pense qu’on va vers des lendemains incertains. « Si les Etats en question se renferment dans cette alliance, il faudra prévoir plusieurs situations les unes aussi inquiétantes que les autres », soutient-il. Il pense, entre autres, à une fragmentation des efforts régionaux de lutte contre le terrorisme. Cette décision pourra avoir aussi un impact négatif sur les efforts de l’Union africaine avec l’affaiblissement du rôle de cette organisation dans la mesure où cette nouvelle initiative compliquera ses tentatives de coordination de ses efforts en matière de sécurité à l'échelle continentale. Les trois pays ont accusé aussi la CEDEAO d’être instrumentalisée par les grandes puissances. M. Sambe ne partage pas cet avis. « Si cela était vrai, certaines n’auraient pas besoin d’appuyer d’autres organisations au détriment de la CEDEAO ou de dupliquer des cadres et des mécanismes. La CEDEAO a certes ses tares et ses insuffisances, mais c’est un cadre de débats parfois houleux et un mécanisme régulateur qu’il faudrait consolider et améliorer et non détruire. Ce n’est ni dans celui des partenaires internationaux qui ne sortiraient pas indemnes d’un éventuel chaos », tempère Bakary Sambe qui reconnaît que la sous-région subit de plein fouet les chocs de la géopolitique internationale.

Cependant, il a espoir que ces pays pourraient revenir à de meilleurs sentiments, car il y a une procédure pour un retrait définitif. « Le retrait n’est annoncé que par un communiqué qui n’a pas de valeur juridique. Il faudrait des démarches par État et il y a tout un processus qui prendra du temps. Un retrait définitif du Mali, du Burkina Faso et du Niger, membres fondateurs et symboliques de la CEDEAO, ne sera dans l’intérêt de personne », dit-il. Et de poursuivre : « Il est temps d’activer tous les leviers pour éviter une telle situation. L’effet immédiat n’est justement qu’un effet d’annonce. La diplomatie doit poursuivre son œuvre dans le peu d’espace qui lui reste », espère-t-il.

O.KANDE – Source : Le Soleil

Dans cette interview exclusive, Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute African Center for Peace Studies (Bamako, Dakar, Niamey) met en exergue la nécessité de dialoguer avec tous les Maliens dans le cadre du dialogue inter-malien initié par le président de la Transition pour une réconciliation nationale entre tous les Maliens. Depuis Dakar, Dr. Bakary Sambe répond à nos questions

Entretien.

Mali Tribune : Que pensez-vous du dialogue inter-malien lancé par le président de la Transition lors de sa présentation des vœux aux Maliens ?

Dr. Bakary Sambe : Il faut d’abord saluer l’appel au dialogue lancé par le président de la Transition. C’est une opportunité pour la sortie de crise au Mali que toutes les parties prenantes doivent saisir. Le Mali a besoin d’une réconciliation sincère et inclusive pour faire face aux innombrables défis dans la concorde et l’unité nationales.

Cet appel relève d’une bonne volonté des autorités de la Transition à aller de l’avant dans le processus de la réconciliation nationale. Mais il faudra absolument veiller à ce que ce dialogue puisse inclure toutes les parties prenantes, y compris les différentes composantes des groupes armés dans leur diversité.

Mali Tribune : Justement les groupes armés de la CMA ont catégoriquement rejeté l’idée de dialoguer avec les autorités de Bamako dans le cadre du processus de paix. Comment rétablir la CMA dans le cadre de ce dialogue ?

Dr. B. S. : Tout est encore possible pour sauver la situation. Lors d’une étude menée par la Timbuktu Institute intitulée “La parole aux Maliens, pour la réconciliation”, la conclusion la plus marquante était la prédisposition quasi-naturelle des Maliens de toutes les couches à savoir dépasser les situations les plus complexes lorsque l’intérêt national était en jeu. Vous savez, déjà pour en arriver aux Accords d’Alger, il a fallu de nombreuses concessions de toutes les parties. C’était inespéré à l’époque.

Qui peut le plus peut bien le moins d’autant plus que le retour de Kidal dans le giron national est une nouvelle phase historique qui s’ouvre vers l’unité des Maliens. Il faut savoir lire les signaux et décrypter les symboles. L’intérêt supérieur du Mali, c’est l’unité nationale et chacun doit y travailler. Je suis persuadé que les autorités, dans leur quête d’une paix durable, sauront apprécier tout effort dans ce sens et pourront privilégier l’esprit du dialogue lorsqu’il s’agit de la concorde nationale.

Mali Tribune : En qualité de directeur régional du Timbuktu Institute, croyez-vous que ce dialogue inter-malien peut favoriser la paix entre les Maliens ?

Dr. B. S. : J’ai foi en la capacité des Maliens à se surpasser pour aller de l’avant ensemble. La grandeur historique d’un pays et d’un peuple reste toujours un crédit pour relever tous les défis. Elle est une force motrice pour les grands sursauts. Il en faut aujourd’hui. Le dialogue est une nécessité mais elle est aussi inscrite dans les pratiques culturelles des Maliens. Nous, au Timbuktu Institute, croyons qu’il faut soutenir ce dialogue et l’encourager car, par-dessus tout et au-delà même de l’impérieuse nécessité de relever les défis pressants dans ce pays, la survie du Mali est celle de notre région. La paix dans ce pays pivot est celle de tout le monde.

Mali Tribune : Ce dialogue inter-malien est-il une stratégie pour désengager la médiation algérienne comme le prétend la CMA ?

Dr. B. S. : Le Mali a besoin de tous ses partenaires. Mais personne ne peut imposer des solutions ou savoir plus que les Maliens ce qui est mieux pour leur avenir ensemble. Dans notre étude, “la parole aux Maliens”, il était ressorti que les Maliens veulent d’abord toujours dialoguer entre eux car, ils ont de par l’histoire et la culture communes des ressorts endogènes pour décrypter ce qui relevait de l’intérêt national et de s’y accorder. Aider le Mali vers la réconciliation, c’est d’abord appuyer le dialogue inter-malien. Il faut soutenir ce dialogue et l’appuyer dans le sens de l’inclusivité, condition sine qua non de sa réussite.

Mali Tribune : D’après des sources diplomatiques, le président de la Transition est attendu à Alger pour une visite. Selon vous, cette visite serait-elle cruciale pour ce dialogue inter-malien vu que la CMA a trouvé refuge à Alger après la reprise de Kidal ?  

Dr. B. S. : Je ne suis pas dans le secret, mais cette visite poserait quand même un acte fort d’autant plus que le président de la Transition s’est très rarement déplacé dans la région. De la même manière qu’il a donné un signal fort dans son discours du nouvel an en appelant au dialogue, il est aussi nécessaire de sauvegarder les liens avec tous les voisins du Mali. C’est un enjeu crucial de stabilité pour le Mali mais aussi pour la région. Nous avons vu que même le Maroc et d’autres pays comme le Sénégal tiennent à garder ces bons rapports-là, avec notamment la visite du président Macky Sall très appréciée à l’époque.

Timbuktu Institute – Janvier 2024

Au Sahel, l’actualité politico-sécuritaire est marquée par la circulation à grande vitesse de fake news ou  fausses nouvelles en plus d’informations non vérifiées distillées sur les réseaux sociaux et partagées surtout, par des jeunes hyperconnectés. Alors que les effets pernicieux de la démocratisation de la diffusion et de l’accès à l’information à l’heure du numérique n’ont pas encore fini d’être apprivoisés, d’autres paramètres non moins problématiques, viennent s’ajouter à l’équation. Au nombre de celles-ci, on pourrait évoquer : le poids grandissant des influenceurs sur l’opinion publique, la course au scoop, au sensationnel et au buzz, l’instrumentalisation des conflits intercommunautaires ou à caractère identitaire dans certains pays en transition etc.

Paradoxalement, la démocratisation de l’accès au savoir et à l’information à profusion n’a pas forcément créé un environnement favorable au débat public sain et à l’échange en dehors des plateformes et réseaux sociaux qui exposent aux risques liés à la désinformation, entre autres. Il y a aussi, la circulation de diverses théories et idées reçues allant à l’encontre de l’esprit citoyen et fragilisant davantage les acquis, le débat démocratique et les valeurs fondant la cohésion sociale. Ces idées circulent davantage dans des contextes en crise ou post-conflits même de basse intensité pour profiter d’une tension latente malgré les efforts de réconciliation et de consolidation de la paix.

La désinformation, lit de l’instabilité politique ?

Dans un contexte d’insécurité et d’instabilité politique ponctuées de transitions à l’évolution et l’issue incertaines, le phénomène de la désinformation revêt plusieurs formes et se cache derrière des campagnes de communication bien ciblées dont les États peinent à avoir le monopole ou même le contrôle. Les pays du Sahel, en plus de l’absence de cadres normatifs adéquats ou de régulation, font ainsi difficilement face à ce flux d’informations et à sa manipulation par divers acteurs ; tout cela dans un contexte d’incertitudes, de tensions politiques internes, de menaces sécuritaires mais aussi d’escalades sur une scène diplomatique sahélienne devenu le nouveau « terrain de jeu » et d’influence des puissances classiques mais aussi émergentes.

Au même moment, les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information et le phénomène de désinformation est devenu récurrent voire accentué dans un contexte de manipulation de l'information à divers desseins, des stratégies d’influences étrangères, de la promotion des narratifs extrémistes et violents en ligne. Pendant que la lutte contre le terrorisme mobilise les énergies des États et de leurs partenaires, les opinions publiques sont amenées à se mouvoir dans une atmosphère de plus en plus souverainiste.

Un Observatoire des réseaux sociaux au Sahel et en Afrique de l’Ouest à l’oeuvre

C’est dans ce sillage que s’inscrit l’idée de l’Observatoire des Réseaux Sociaux du Timbuktu Institute en partenariat avec des plateformes, comme Meta, soucieuses de la nécessité d’agir face à la désinformation et à ses méfaits sur le vivre-ensemble et la stabilité régionale. L’objectif principal de cet outil réfléchir et d’agir efficacement sur les 

« Enjeux de la Désinformation et défis de la cohésion sociale et de la démocratie au Sahel ».

La vocation de cet Observatoire étant, est de documenter ces phénomènes par une étude approfondie des vecteurs de la désinformation et l’analyse des contenus et narratifs à l'œuvre sur les réseaux sociaux comme Facebook et qui mettent en cause la stabilité des pays africains.

C’est à propos qu’un webinaire régional a été organisé le 18 janvier 2024 sur le thème :

« Réseaux sociaux et prévention des conflits des conflits intercommunautaires au Sahel ».

Ce cadre interactif d’échanges et de discussions a été l’occasion d’approfondir la réflexion à travers divers axes et problématiques dont les suivants : les contenus susceptibles d’attiser les conflits communautaires, les expériences concrètes de résolution de conflits grâce aux réseaux sociaux et les possibilités de penser la régulation des réseaux sociaux.

Modérés par le directeur régional du Timbuktu Institute Dr Bakary Sambe, les échanges de ce webinaire ont été principalement animés par : Cendrine Nama (militante, directrice Exécutive de CORTEX - Burkina Faso), Ibrahima Harane Diallo (Journaliste-politologue – Associé au Timbuktu Institute -Mali), Pr Abdourahamane Dicko (Sociologue à l’Université de Zinder  au Niger) et Nodjiwameen Doumdanem (Journaliste Multimédia, juriste – Tchad). Ce webinaire était le premier d’une série de débats devant aborder différents aspects de la désinformation.

Nécessité et urgence d’agir face à la désinformation et ses effets néfastes

Les intervenants ont convenu de l’urgence et de la nécessité d’agir face à une prolifération inquiétante non seulement de fakes news, mais aussi de discours haineux sur les réseaux sociaux dans les différents pays du Sahel. Ce qui n’est sûrement pas rassurant dans le contexte actuel où la situation politique au Sahel est instable et incertaine. Selon le Pr Abdourahmane Dicko, « les réseaux sociaux participent à la fragmentation de l’unité nationale, en renforçant les positionnements politiques des citoyens sur des bases ethnolinguistiques ». C’est pour éviter ces dangereux écueils que la militante burkinabé Cendrine Nama, directrice exécutive de CORTEX, propose d’adopter une tolérance zéro avec plus de rigueur dans la régulation notamment pour ce qui est des appels à la haine, la ségrégation et la stigmatisation : « Toute parole de ségrégation, d’exclusion et de stigmatisation ne saurait passer sous les radars de liberté d’expression. Il faut être intransigeant et ce même dans les propos dits humoristiques, parce que la discrimination part souvent de là », préconise-t-elle.

Néanmoins, prudence doit être de mise dans la mesure où les « réseaux sociaux sont à double tranchant, le principal défi reste de concilier la régulation de la parole et la liberté d’expression », avertit la journaliste tchadienne Nodjiwameen Doumdanem. C’est pour toutes ces raisons que la prévention des conflits doit fondamentalement se baser sur une « une promotion de la culture de la paix », suggère Ibrahima Harane Diallo mettant en avant le principe de prévention.

Désinformation et dangers de la radicalisation des discours politiques

Pour Dr. Bakary Sambe qui a facilité ce débat pour lequel plus de 500 acteurs de la société civile, du monde des ONG et des décideurs s’étaient inscrits,

« nous sommes dans un contexte assez particulier et ses paradoxes à prendre en compte, entre la liberté d’informer et la responsabilité de sauvegarder la paix et la cohésion sociales ».

Pour lui, des actions de grande envergure doivent être menées notamment auprès des jeunes.

« Les jeunes sont de plus en plus informés et intéressés par le débat public sans, parfois, y trouver réellement leur place et il se développe un phénomène d’auto-isolement qui enferme cette catégorie majoritaire de la population loin de l’expression publique des idées et des opinions »

note Bakary Sambe. Le Directeur régional du Timbuktu Institute s’est aussi appesanti sur les expériences de mobilisation communautaire menées avec les jeunes du Togo et du Bénin dans la cadre du Programme Régional d’Appui aux Pays côtiers (PRAPC) appuyé par USAID-OTI, pour expliquer qu’une

« responsabilisation de la jeunesse et le renforcement de leurs capacités pourraient donner des résultats encourageants »

Mais au-delà des signaux actuels d’amplification des conflits intercommunautaires via les réseaux sociaux, Bakary Sambe a appelé à une réelle réflexion sur les phénomènes de radicalisation du discours politique dans certains pays, notamment sur les réseaux sociaux. Comme il le rappelle, en alertant sur ce phénomène devenu préoccupant 

« il se creuse ainsi un important fossé entre ce public jeune, hyperconnecté et friand d’informations et le discours institutionnel des États et des leaders politiques qui ne prend pas en compte ses spécificités et aspirations ».

Source : Timbuktu Institute

Source : MAP

Dakar - "Le Maroc africain: Trajectoires d'une ambition continentale" est l’intitulé du nouvel ouvrage que vient de publier l’analyste et chercheur sénégalais, Bakary Sambe

 

Constitué de 4 chapitres, cet ouvrage de 159 pages, offre une analyse approfondie de l'histoire des relations existant entre le Royaume du Maroc et les pays de l'Afrique subsaharienne.

"L'analyse de l'ancrage historique du Maroc en Afrique subsaharienne, qui expliquerait sa grande implication contemporaine, ainsi que son influence à travers le continent, est la problématique centrale de cet ouvrage"

lit-on dans l'introduction du livre de Bakary Sambe, Directeur régional du Think tank "Timbuktu Institut", basé à Dakar.

"Dans la partie historique, ce travail s'appuie essentiellement sur les travaux de ces dernières années sur l'ancrage continu du Royaume dans l'environnement africain en tirant profit, en même temps, des sources arabes paraissant jusqu'ici peu exploitées", ajoute l'auteur, enseignant-chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis (nord du Sénégal).

Le professeur Sambe, auteur de plusieurs ouvrages et études, dont "Islam et diplomatie, la politique africaine du Maroc", interpelle dans son ouvrage aussi

"sur les stratégies successives à travers lesquelles les relations actuelles du Maroc avec le reste du continent font constamment appel, d'une part, aux ressources historico-symboliques, et d'autre part, au religieux comme force motrice et légitimatrice".

 Selon l'auteur, "cette diplomatie du Maroc constamment réaliste, a pu, à travers des périodes importantes de ces rapports avec l'Afrique, faire de toutes ses ressources combinées un levier durable d'influence". 

Le Chapitre I du livre porte sur

"la dimension historique de cette relation et sur les interactions transahariennes à travers lesquelles le Maroc s'est octroyé un rôle africain reposant dès le début, en grande partie, sur la force des symboles religieux et de la manière dont le Royaume a toujours réussi à faire un levier efficace dans son déploiement continental".

Quant au Chapitre II, il est axé sur les constantes religieuses ou spirituelles qui "constituent un socle durable sur lequel, Rabat a su bâtir une relation +spéciale+ avec le reste du continent. Cette relation a pu se maintenir aussi bien dans son contenu que dans ses principales orientations, y compris, pendant l'époque coloniale, à travers les réseaux confrériques", note Bakary Sambe.

Le Chapitre III explore quant à lui "la phase éminemment stratégique" de la politique africaine du  Maroc, où ce pays "a procédé à la conversion de son historico-symbolique pour aller à la conquête de l'économie et des marchés de l'heure de la diversification des partenariats sur le continent.

 "Accéléré avec l'avènement de SM le Roi Mohammed VI sur le Trône alaouite, le point d'orgue de ce processus a été le grand retour au sein des instances africaines qui inaugure une ère, sans commune mesure, de pragmatisme diplomatique, à l'ère de nouveaux enjeux économiques et géostratégiques sur le continent", relève le politologue sénégalais.

Pour le chapitre IV, il s'ouvre sur "les perspectives d'un nouveau rôle marocain dans une Afrique dotée d'un nouveau statut par le jeu des évolutions géopolitiques récentes" et traite successivement,

"la manière dont le Royaume s'impose progressivement comme un pont géostratégique au coeur de nouvelles confluences et concurrences, et comment l'Afrique est devenue pour le Maroc la pièce maitresse qui pourrait lui permettre de prétendre un rôle de "bridge state+".

La présentation de ce nouvel ouvrage aura lieu prochainement au Sénégal.

إن انفتاح تركيا على أفريقيا يستدعي نقاشات كثيرة واهتماما كبيرا في السنوات الأخيرة في أوساط الدبلوماسيين والمتخصصين في العلاقات الدولية الذين يرون أن تعزيز العلاقات التعاونية مع القارة من أكبر الركائز الأساسية لسياسة تركيا الخارجية. وأما الخبراء الغربيون فكثيرا ما يحللون هذه العلاقات من خلال منظور التدخل " الأجنبي " في فضاء يعتبره البعض مجالا خاصا للغربين لا غيرهم، كما يحلله البعض الآخر من منظور المنافسة الجديدة بين القوى التي تجسد الديمقراطية الليبرالية والقوى التي تمثل عودة الأنظمة الاستبدادية

ولتحليل دور تركيا في أفريقيا من وجهة نظر أفريقية في ظل الحقائق الجيوسياسية الجديدة الناشئة في المنطقة، لقد أجرت الصحفية سناء ياساري في تلفزيون ميديا تيفي (Medi1TV) مقابلة مع الأستاذ الدكتور باكري صامب، المدير الإقليمي لمعهد تمبكتو، حول مسار تركيا في أفريقيا جنوب الصحراء الكبرى كجزء من مداخلاته الأسبوعية في التلفزيون المذكور. وفيما يلي المقابلة

صادف انتخاب السيد أردوغان لولاية جديدة مع انتشار جدل واسع ومناقشة عارمة حول سياسيات تركيا في أفريقيا، هل العلاقات التركية والإفريقية ستشهد تطورا مستمرا خلال الفترة المقبلة وتتعزز بشكل أكبر في ظل حكم السيد طيب أردوغان ؟

إن الرئيس رجب طيب أردوغان يحاول تكثيف علاقات بلاده مع أفريقيا، وتصميم سياساتها مع دول المنطقة، بتنويع الروابط في السياسة الخارجية وإقامة علاقات وثيقة مع الدول الأفريقية من خلال شراكات جديدة في المجالات الدبلوماسية والاقتصادية والعسكرية. ومن جانب أخرى، تسعى تركيا إلى تطهير البلدان الأفريقية من نفوذ فتح الله غولن، الذي يتهمه السيد أوردغان بتدبير الانقلاب الفاشل في عام 2014. ومنذ أن أخفق هذا الانقلاب يشن النظام حربا شاملة ضد زعيم حركة الخدمة بوضع ضغوط شديدة على دول المنطقة للتخلص من نفوذه على الرغم من أن حركة فتح الله غولن الإسلامية (الخدمة) تُعتبر إحدى الشبكتين القويتين اللتين تنوبان الدبلوماسية التركية في منطقة الساحل وتتلقى قبولا حسنا في أوساط المثقفين الأفريقيين والفاعلين الاقتصاديين الرئيسين للقارة. وأما الشبكة الثانية فهي رابطة تركيا الأطلسية السنغالية. وتتمتع حركة الخدمة التي يتزعمها غولن بقدرة كبيرة على الاستقطاب والتعبئة في دول الخارج حيث تجمع أكثر من 15000 عضو ينشطون في مشاريع واسعة النطاق في تركيا وخارجها

 وعلى الرغم من الاهتمام بأفريقيا، إلا أن موقف الرئيس أردوغان بعد عودة طالبان إلى السلطة في أفغانستان، وتصريحاته حول اللاجئين الذين يهددون أمن تركيا واستقرارها الداخلي، و "قضية الكردية"، تمثل مخاوف تركيا الدولية، وتقف حجر عثرة أمام تحركها السريع نحو إثبات نفسها. إن تركيا، في سياق تعزيز علاقاتها مع أفريقيا، تفرض نفسها في التجارة العالمية وتلعب دورا بارزا حيث نشهد اليوم تفاعلا ديناميا ومكثفا بينها والبلدان الأفريقية في مجالات التجارة والأعمال والدبلوماسية على الرغم من وجود منافسين آخرين على الساحة. لقد أصبحت تركيا اليوم طرفاً مؤثرا بوضوح في إفريقيا ولها مكانة فريدة بحكم ما حققته سياستها الخارجية متعددة الأبعاد على حساب القوى الاستعمارية السابقة، لكن من الواضح أن طموحاتها تذهب إلى ما هو أبعد من الاقتصاد

كيف تمكنت تركيا من فرض نفسها في أفريقيا إلى حد منافسة القوى التقليدية في سياق الشراكات الجديدة الجارية في القارة؟

أطلقت تركيا أولى مبادراتها في القارة في عام 2000 لدعم سياساتها الخارجية، لكن لم تكن استثماراتها في ذلك الوقت مؤثرة أو عملاقة، ولما وصل حزب العدالة والتنمية إلى السلطة، سنة 2002، بدأت هذه السياسة تجاه إفريقيا ترسم خطوطا عريضة وخاصة عندما أعلنت الحكومة عن استراتيجيتها الجديدة تجاه أفريقيا بوثيقة بعنوان "استراتيجية تطوير العلاقات الاقتصادية مع إفريقيا". ثم بعد ذلك، أنشأ صانع القرار التركي الوكالةَ التركية للتعاون والتنمية (TIKA) اقتداءً بالشركاء التقليديين و"الاعبين" الجدد في المنطقة، وتسليحًا لنفسها كأداة تبادل فعالة لدعم هذه سياستها الأفريقية على غرار المغرب التي أنشأت الوكالة المغربية للتعاون الدولي (AMCI) لترسيخ بصماتها في القارة. وهذه الوكالة التركية افتتحت مكتبا إقليميا في داكار في عام 2007 بهدف إتمام هذه الخطة السياسية وتنفيذها بشكل ملموس للاستفادة من أفريقيا الواعدة، وتأكيد استقرارها فيها.  وفي هذا السياق، أكد دبلوماسي أن السياسة الخارجية لتركيا تجاه أفريقيا "لا تستند فقط إلى الأهداف الاقتصادية والتجارية، ولكنها تتضمن أيضا نهجا شاملا يشمل تنمية أفريقيا من خلال المساعدة التقنية والمشاريع في مجالات مثل مكافحة الأمراض والتنمية الزراعية والري والطاقة والتعليم، وتدفق مستمر للمساعدات الإنسانية". ويضاف إلى ذلك أن أنقرة تحاول زيادة نفوذها باستخدام كل القنوات الدبلوماسية والاستثمارية والتعاون الأمني والعسكري وتوظيف أدوات القوة الناعمة المتمثلة في الثقافة والتاريخ لتنويع تأثيرها والمساهمة كلاعب فعال في المسرح العالمي

نعلم أن تركيا بعيدة جدا عن المنطقة الأفريقية، ثقافيا وجغرافيا، ولكن ذلك لم يمنعها من بسط نفوذها إليها، هل هذا التأثير من ثمرات جهد استراتيجي جديد لم يهتم بها الفاعلون المنافسون في العقود الأخيرة؟

إن الواقع الذي لا مناص منه هو أن هناك أعباء ثقيلة لا تصب في صالح سياسة التأثير الفعال، ومن هذه الأعباء آثار الماضي وتعلقها على عقلية الجيل الأفريقي الصاعد. إن أنقرة تسعى لتحقيق اختراق اقتصادي كبير في القارة، ولا سيما مع إنشاء بنى تحتية عملاقة في مختلف الدول، مثل مطار نيامي في النيجر، ومشاريع المدينة الجديدة في السنغال (ديامنياديو) وغيرها، ومن ناحية التربية الدينية، تسعى أنقرة لتأكيد تأثيرها من خلال إعطاء مكانتها دينامية جديدة، حيث بنت معهدا إسلاميا في كوناكري وأرسلت معلمين إلى القارة ليحملوا رسالة دولتهم إلى القارة، وهؤلاء المعلمون تراقبهم تركيا عن كثب منذ محاولة الانقلاب المخفق في عام 2014

 وبالرغم من الخطة الاستراتيجية القوية الذي بنتها تركيا، لا بد من الاعتراف بأن تضاريس الساحل لا تزال تشكل تحديات وعراقيل مهمة يجب عليها مواجهتها من أجل مشاركة فعالة في اللعبة السياسية، وذلك لأن أنقرة لا تملك حتى الآن القوة الاقتصادية الكبيرة على غرار الصين بقنواتها الدبلوماسية والاستراتيجية، ولا الرسوخ التاريخي داخل النخبة السياسية مثل الأطراف الغربية، ولا حتى المرونة الدبلوماسية الكافية لبناء رأس مال صوري للتكافل مع مثيلاتها مثل المغرب والمملكة العربية السعودية في سوق السلع الرمزية والدينية. ولكن النقاط التي ناقشناها سابقا إن دلت على شيء فإنما تدل على أن الحضور التركي المتزايد وبروز دورها في القارة السمراء أمر لا جدال فيه كما أن علاقاتها مع الشركاء الأفارقة أحرزت تقدما سريعا وتمثل اليوم واقعا جيوسياسيا يجب أن يُؤخذ في الحسبان ويُعار له الانتباه الكافي

A regional workshop on transnational organized crime, focusing on the impact of money laundering and terrorist financing in the ECOWAS region, was held from December 12 to 14 in Lomé, Togo. The event was jointly organized by the Intergovernmental Action Group against Money Laundering in West Africa (GIABA) and the ECOWAS Center for Gender Development (CCDG).

In this context, GIABA had requested the participation of an expert from the Timbuktu Institute for Peace Studies, as a resource person.  Mr. Babacar Ndiaye, Senior Fellow and former UNODC expert on human security and the prevention of transnational organized crime, took an active part in this important regional workshop.

The workshop followed a meeting of experts on the same theme organized by the United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC) from November 23-24, 2023 in Abidjan, to contextualize its new toolkit on gender mainstreaming in the implementation of the United Nations Convention against Transnational Organized Crime (UNTOC) in West and Central Africa. Mr. Ndiaye's active participation in the workshop was also decisive.

Objective: The regional women's round table aimed to raise awareness of the gendered dimensions of money laundering and terrorist financing, and to reach a consensus on the integration of gender issues in the fight against transnational organized economic and financial crime in the ECOWAS region.

Participants and speakers : The workshop brought together 38 participants, including delegates from the relevant sectoral ministries of the 15 ECOWAS member states, representatives of ministries responsible for gender/youth issues, civil society organizations, ECOWAS institutions/agencies and technical and financial partners.

In his capacity as resource person, Mr. Babacar Ndiaye moderated a session and delivered a paper unanimously praised for its relevance and wealth of data and analysis, on the theme of the following session: 

Session 2: Transnational Organized Crime, its Impact in West Africa and the Involvement of Women: This session examined the various transnational organized crimes in West Africa and the key role of women in curb the evolution of organized crime, while discussing the root causes of their involvement.

In his presentation, Mr. Ndiaye began by clarifying the international legal framework governing the fight against transnational organized crime (TOC), and exhaustively highlighted the push and pull factors and vulnerabilities of West Africa in the face of the threats posed by transnational organized crime in its protean dimension. He also highlighted the

harmful impact of this phenomenon, which violates the sovereignty of States, undermines the rule of law, jeopardizes the safety of women and children, as well as the stability and economy of States, including by promoting corruption and money laundering.

Lastly, he gave an overview of the types of transnational organized crime that have the greatest impact on women in West Africa, as victims and actors, or on the political or economic stability of states:

  1. Human trafficking: a crime against women and by women
  2. "Migrant smuggling: a contested definition in the Sahel, 'criminal activity' or 'economic survival'?
  3. "Gold trafficking: a mineral highly coveted by many state and non-state actors, including armed and criminal groups."
  4. "Cocaine trafficking: a threat to the political stability of states and health of the population, in 'migration' from coastal states to the Sahel?"

Statistics presented by Mr. Ndiaye highlight the growing role of women in global and sub-regional crime (drug trafficking and human trafficking). 

- Global: Of the 714,000 women in prison, 35% are imprisoned for drug-related offences (World Report, UNODC).  By comparison, out of 8.6 million men in prison, 18% are for drug-related offences.

- Global level: Human trafficking: 65% of suspects prosecuted were men versus 35% women (UNODC studies, 2016).

- In Nigeria, in 2015, more women were arrested for trafficking than men! (NAPTIP)

Conclusions and Recommendations:

The workshop conclusions highlighted the importance of gender mainstreaming in policies to combat transnational organized crime.

  1. Participants agreed that Member States must address the root causes of transnational crime by effectively implementing AML/CFT regimes to improve the social and economic well-being of their citizens.
  2. Participants agreed that not all those involved in migrant smuggling, sexual exploitation and human trafficking are victims, and that some are perpetrators. It is therefore necessary for countries to take social, economic and development measures to reduce the vulnerabilities that are among the factors encouraging participation in criminal activities.
  3. The participants agreed that women's involvement in transnational organized crime is on the increase, and that further studies, research and typologies are needed to understand the root causes of the phenomenon in order to improve the effectiveness of the fight against this harmful phenomenon.

Un atelier régional sur la criminalité transnationale organisée, axé sur l'impact du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme dans l'espace CEDEAO, s'est tenu du 12 au 14 décembre à Lomé, Togo. L'événement était conjointement organisé par le Groupe Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique de l'Ouest (GIABA) et le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG).

Dans ce contexte, le GIABA avait sollicité la participation d’un expert du Timbuktu Institute for Peace Studies, en qualité de personne ressource.  A cet effet,  M. Babacar Ndiaye, Senior Fellow -ancien expert/sécurité humaine et prévention de la criminalité transnationale organisée, à l’ONUDC,  a activement pris part à cet important atelier régional.

Celui-ci s’est tenu à la suite d’ une réunion d’experts, sur la même thématique, organisée -- du 23-24 Novembre 2023 à Abidjan--   par l’Office des Nations Contre la Drogue et le Crime, (ONUDC) afin de contextualiser, à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, son nouveau manuel de référence sur l’intégration du genre dans la mise en œuvre de la Convention des Nations unies contre la criminalité transitionnelle organisée (CTO). La participation active de M Ndiaye à cet atelier a également été déterminante.

Objectif: La table ronde régionale des femmes visait à les sensibiliser aux dimensions genrées du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, et de parvenir à un consensus sur l'intégration des questions de genre dans la lutte contre la criminalité économique et financière transnationale organisée dans l'espace CEDEAO.

Participant (e )s et Intervenant (e)s : L'atelier a réuni 38 participant (e) s, dont des délégués des ministères sectoriels compétents des 15 États membres de la CEDEAO, des représentant (e )s des ministères chargés des questions de Genre/Jeunesse, d’ organisations de la société civile, d’  institutions/agences de la CEDEAO et de partenaires techniques et financiers.

En sa qualité de personne ressource, M. Babacar Ndiaye a modéré une session et fait une communication unanimement saluée par sa pertinence et sa richesse en données et en termes d’analyse, sur le thème de la session suivante : 

Session 2 : La Criminalité Transnationale Organisée, son Impact en Afrique de l'Ouest et l'Implication des Femmes : Cette session a examiné les différents crimes transnationaux organisés en Afrique de l'Ouest et le rôle clé des femmes dans l'arrêt de l'évolution du crime organisé, tout en discutant des causes profondes de leur implication.

Dans sa présentation, M. Ndiaye a, de prime abord, précisé le cadre juridique international régissant la lutte contre la criminalité transnationale organisée (CTO) et mis en lumière de manière exhaustive, les facteurs incitatifs et attractifs et les vulnérabilités de l’Afrique de l’Ouest face aux menaces que représentent la criminalité transnationale organisée dans sa dimension protéiforme. En outre, il a mis en exergue l’impact

néfaste de ce phénomène, qui viole la souveraineté des Etats, sape les fondements de l’état de droit,  met en péril la sécurité des femmes et des enfants, ainsi que la stabilité et l’économie des Etats, y compris en favorisant la corruption et le blanchiment des capitaux.

Il a enfin fait l’état des lieux sur les types de criminalité transnationale organisée à plus fort impact sur les femmes, en Afrique de l’Ouest, en tant que victimes et actrices, ou sur la stabilité politique ou économique des Etats notamment :

1.     « Traite des êtres humains : Un crime contre les femmes et par des femmes »

2.     « Le trafic de migrants : une définition contestée dans le Sahel, ‘activité criminelle’ ou ‘économique de survie’ ?

3.     « Trafic d’or : un minerai fortement convoité par de nombreux acteurs étatiques et non étatiques, y compris des groupes armés et criminels. »

4.     « Trafic de cocaïne : une menace contre la stabilité politique des Etats, en ‘migration’ des Etats côtiers vers le Sahel ? »

Statistiques présentées par M. Ndiaye mettent en évidence le rôle croissant des femmes dans la criminalité à l’échelle mondiale et sous régionale (narcotrafic et traites des êtres humains) 

·      Echelle globale : Sur 714 000 femmes en prison, 35 % le sont pour des infractions liées aux drogues.(  Rapport mondial, UNODC). 

 

  • Echelle globale : Sur 8,6 millions d'hommes en prison, 18 % le sont pour des infractions liées aux drogues.
  • Echelle globale : Traite des personnes :  65 % des suspects poursuivis étaient des hommes contre 35 % de femmes (Etudes UNODC, 2016)
  • Au Nigeria, en 2015, le nombre de femmes arrêtées pour traite était supérieur à celui des hommes ! (NAPTIP)

 

Conclusions et Recommandations :

Les conclusions de l'atelier ont mis en lumière l'importance de l'intégration de la dimension genre dans les politiques de lutte contre la criminalité transnationale organisée.

1. Les participant (e)s ont convenu que les Etats Membres doivent s'attaquer aux causes profondes de la criminalité transnationale en mettant en œuvre de manière efficace les régimes de LBC/FT afin d'améliorer le bien-être social et économique de leurs citoyens.

2. Les participant (e)s ont convenu que toutes les personnes impliquées dans le trafic de migrants, l'exploitation sexuelle et la traite des êtres humains ne sont pas des victimes, et que certaines sont des auteures de ces infractions. Il est donc nécessaire que les pays prennent des mesures sociales, économiques et de développement pour réduire les vulnérabilités qui comptent parmi les facteurs incitatifs à la participation à des activités criminelles.

3. Les participant (e )s ont convenu que la participation des femmes à la criminalité transnationale organisée est en augmentation et que des études, des recherches et des typologies supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les causes profondes du phénomène afin d'améliorer l'efficacité de la lutte contre ce phénomène néfaste.

 

 

افتتحت نسخة 2023 من منتدى فيينا بتاريخ 24 أكتوبر، حول موضوع : " مكافحة التمييز والتطرف في سياق الاندماج "، وشهد الحدث مشاركة العديد من المسؤولين وخبراء من جميع أنحاء أوروبا وشخصيات مختلفة، مثل دافور بوزينوفيتش، وزير الداخلية الكرواتية، وكاري ديبفاد بيك، وزير الهجرة والاندماج في الدانمرك، وآنا كاتارينا مينديز، وزيرة الشؤون البرلمانية في البرتغال، وبارت سومرز، نائب الوزير ورئيس الحكومة الفلمنكية في بلجيكا، وصوفيا فولتيبسي، نائبة وزير الهجرة واللجوء في اليونان، وإتيان أبير، الأمين العام للجنة المشتركة بين الوزارات لمنع الجريمة والتطرف في فرنسا. وفي كلمتها الافتتاحية، تحدثت سوزان راب، وزيرة شؤون المرأة والأسرة والاندماج والإعلام في جمهورية النمسا، عن الحاجة الماسة إلى التآزر والتعاون بين مختلف الجهات الفاعلة لقضاء التمييز والتطرف. وركزت التبادلات على تجارب مختلف البلدان في إدارة الشؤون الدينية وعلى السياسات الموضوعة لتسهيل إدماج الأقليات الدينية، وخاصة المسلمين. ومن الجانب الأفريقي، استضاف المنتدى الأكاديمي والخبير السنغالي البارز، الدكتور باكري صامب، مدير معهد تمبكتو -المركز الأفريقي لدراسات السلام ومؤسس مرصد التطرف والصراعات الدينية في إفريقيا، بدعوة كريمة من الحكومة النمساوية للمشاركة في هذا الحدث السنوي بناء على اقتراح سعادة أورسولا فاهرينجر، سفيرة النمسا لدى داكار، توطيدا للعلاقات بين بلدها والسنغال.

وفي مقابلة أجراها على تلفزيون Medi1TV مع الصحفي بابي الشيخ جوف، ناقش الدكتور باكري في إطار أسبوعياته تحديات القمة وأهميتها والدروس التي يمكن استخلاصها منها:

يا دكتور، شاركتَ في منتدى فيينا الذي نظمته المستشارية الاتحادية للحكومة النمساوية حول موضوع " مكافحة التمييز والتطرف في سياق الاندماج"، ما دلالة هذا الموضوع في السياق الأوروبي الحالي ؟

ركزت المناقشات على التحديات التي تواجه الدول في منع نشوب النزاعات، وخاصة بعد أعمال الشغب والهجمات الإرهابية التي وقعت على العديد من البلدان الأوروبية حيث إن منفذيها كثيرا ما يكونون صغارا لم يبلغوا الرشد وولدوا في أوروبا من أصول مهاجرين. وفكّر المنتدى أيضا في الاستراتيجيات التي يمكن وضعها لمواجهة التحدي المتمثل في إدارة حرية التعبير وممارسة الدين والحرية العلمية والأكاديمية في مواجهة نشأة الأيديولوجيات المتطرفة، حيث ركز عدد كبير من الوزراء من كرواتيا والدنمارك والبرتغال على هذه النقطة. وفي كلمتها الافتتاحية، تحدثت سوزان راب، وزيرة شؤون المرأة في النمسا، عن ضرورة التنسيق بين مختلف الجهات الفاعلة بما يساهم في تقوية عملية القضاء على هذا الداء. كما كانت القمة مُناسَبَة مُناسِبة للفت الأنظار إلى أن تعاليم الإسلام ليست في أي حال من الأحوال مصدر الراديكالية أو التطرف بل إن هناك جهات معينة يحاولون "التلاعب بالرموز الدينية لأسباب سياسية وأيديولوجية وغيرها".

وأنت كخبير ومؤسس مرصد التطرف والصراعات الدينية في إفريقيا منذ عام 2012، ماذا يمكن أن تكون مساهمتك في مثل هذا الاجتماع المنعقد في أوروبا، وخاصة في تلاقح الأفكار والتحليلات مع الخبراء الأوروبيين؟

لقد كانت مشاركتي في المنتدى فرصة سانحة للنقاش مع العديد من القادة الأوروبيين، مثل ليزا فيلهوفر، مديرة مركز التوثيق النمساوي للإسلام السياسي، وكينيث شميت هانسن، مدير المركز الدنماركي للتوثيق ومكافحة التطرف، وبول دوران، مستشار مكافحة الإرهاب في وزارة الخارجية والتعاون الدولي في المملكة المتحدة. وقد حاولت جذب الانتباه إلى أن هناك أشكال معينة من التطرف بدأت تنمو وتزدهر من دوافع دينية ولم تخضع حتى الآن لبحث متعمق ونزيه وجدي حتى يتسنى مكافحة التمييز والعنصرية التي تولد الإحباط والتطرف في بعض البلدان الأوروبية وخارجها. وأنتم تعلمون أن الجماعات السياسية في أوروبا تتعامل غالبا مع هذه القضية من خلال منظور الهجرة وحدها. وقد تمكنا من أن نفحص في سياق نقاش معاكس اتجاهات التطرف في أفريقيا وكذلك الطريقة التي ينبغي تحليلها بها مع مراعاة التحديات الجديدة للعلاقات بين أوروبا والقارة الأفريقية من خلال المسألة الحاسمة المتمثلة في الهجرة والطابع عبر الوطني التقدمي للجهات الفاعلة الدينية التي تستفيد من زيادة التنقل٠

 لقد تم عقد هذا المنتدى في فترة عصيبة إلى حد ما في أوروبا نظرا للأحداث الجارية في الشرق الأوسط وتصور الأوروبيين للإسلام كدين راديكالي. هل كان لهذا التصور تأثير على النقاشات، وما هو موقفك أنت بصفتك مسلما أفريقيا وخبيرا دوليا دعته السلطات النمساوية للمشاركة في المنتدى ؟

الوضع جد عصيب ومقلق، ولكن أرى أنه كان من الضروري تذكير المحاورين الأوروبيين بأن أفريقيا يمكن أن تساهم بشكل كبير في نزع فتيل الأزمة الراهنة في الشرق الأوسط، لأن علاقاتها مع إسرائيل ليست متدهورة، والدول الأفريقية ملتزمة التزاما بارزا بحل عادل ودائم للأزمة. ولنا مثال في المغرب التي تترأس لجنة القدس، وقد أطلق حاكمها الملك محمد السادس دعوة إلى إنشاء "تحالف عالمي" حول القضية، وكذلك السنغال التي تترأس منذ عام 1975 لجنة الأمم المتحدة للدفاع عن حقوق الشعب الفلسطيني غير القابلة للتصرف. ولقد حان الوقت لإرساء دعائم الحوار الذي خنقها المتطرفون من كلا الجانبين في العقود الأخيرة. وفيما يتعلق بتصور الإسلام في أوروبا، أعتقد اعتقادا جازما - وقد قلته في فيينا - أنه يجب على أوروبا أن تعرف أن الإسلام أصبح جزءا لا يتجزأ من حياتها وأن عليها أن تعتبر الأقليات المسلمة في مختلف البلدان الأوروبية مواطنين أوروبيين حقيقين يمارسون حقوقهم مثل الجميع. وأعتقد أنه يليق للدول الأوروبية أن تعتبر هذه المجتمعات فرصة سانحة للحوار لوجودها في وسط القارة القديمة التي يجب أن تعترف أكثر مكانتها التاريخية كبوتقة تنصهر فيها الحضارات، بعيدا عن الرؤية التي لن تؤدي إلا إلى تحميس التطرف ودفع المتطرفين إلى التصرف.

 

إن أفريقيا هي القارة الأقل تسببا في تغير المناخ وأكثر عرضة وتضررا لتداعياته، حيث تعاني من موجات جفاف قاسية وفيضانات وأعاصير عارمة وغيرها من كوارث ناجمة عن التغير المناخي. وهذه المفارقة هي التي حملت المسؤولين الأفريقيين إلى القول بـ "ظلم مناخي" والعقاب المزدوج للطاقة، فينبغي التساؤل عن الطرق والسبل التي يتوسل بها أفريقيا للتكيف مع الظروف الحالية لتحول الطاقة. ويرى العديد من القادة الأفارقة أن مؤتمر الأمم المتحدة المعني بتغير المناخ لا يأخذ في الاعتبار خصوصية القارة السمراء ولا متطلباتها، ولذلك أطلقوا النقاش حول هذا الموضوع أثناء مؤتمر الأطراف الأخير الذي تم عقده في روتردام حيث ذكروا بأن أكثر من 600 مليون شخص في أفريقيا لا يحصلون على الكهرباء الأساسية. وفي أعقاب القمة الأفريقية حول المناخ في نيروبي، دعا المشاركون إلى إعارة الانتباه للتحديات التي تواجه القارة وإنشاء هيكل تمويلي جديد يتكيف مع احتياجاتها لتسريع التحول إلى الطاقة النظيفة. وبما أن الأن الإمارات العربية المتحدة هي أول دولة خليجية تستضيف المؤتمر، يليق بنا أن نسأل هل يمكن لها أن تدعم المواقف الأفريقية حول المناخ؟ أو-بعبارة أخرى- هل يمكن أن تحمل مطالب القارة السمراء حول تمويل تحول الطاقة؟ وهذا السؤال رد عليه الأستاذ الدكتور باكري صامب، مدير معهد تمبكتو لدراسات السلام في مقابلة أجراها مع الصحفية سناء ياساري في التلفزيون Medi1TV، وقدم تحليلات مهمة حول تحديات المؤتمر المنعقد في دبي وخاصة التوقعات العالية لأفريقيا:

أنت تتابع المناقشات حول الدعوة الأفريقية بشأن العدالة المناخية منذ انعقاد مؤتمر كوبنهاغن الوزاري حول تغير المناخ، هل تعتقد أن مؤتمر الأطراف الذين استضافت الإماراتُ العربية المتحدة دوره الثامن والعشرين سيساهم في تعزيز وتتويج المفاوضات الأفريقية؟

لا بد من التذكير في البداية أن البلدان الأفريقية تحاول لم شملها وجمع كلمتها منذ أن أسدل الستار على أول قمة أفريقية للمناخ في نيروبي التي شهدت حضور أربعة وخمسين دولة، وشكَّل موقعَ أفريقيا في مكافحة تغيير المناخ.  وقد ركز الرئيس الكيني وليام روتو في خطابه الافتتاحي لهذا اللقاء على ضرورة تسريع التحول إلى الطاقة النظيفة في أفريقيا، وإزالة الكربون من الاقتصاد العالمي، كما أكد ذلك مسؤول من دولة غانا.  غير أني أعتقد أن "الهدية" الأكبر لهذه القمة-إن جاز هذا التعبير- تتلخص في إعلان رئيس دولة الإمارات العربية المتحدة، الشيخ محمد بن زايد آل نهيان، عن إنشاء صندوق خاص لتعبئة استثمارات تستفيد منها أفريقيا لتحفيز معالجة تغير المناخ. وهذا التعهد يطرح نقاشات واسعة في القارة وخاصة مع الافتتاح القريب للمعهد العالمي لتغير المناخ في أبو ظبي، فضلا عن التدابير الأخرى التي أخذتها الإمارات لدعم الدول الأفريقية. إن هناك حاجة ملحة للعمل لصالح "العدالة المناخية"، لا سيما تجاه القارة الأفريقية، كما أكده الرئيس ماكي سال. وعلى أية حال، ستبقى أفريقيا قلقة على مستقبلها إذا لم نتحرك.

ولكن، دكتور صامب، قبل انعقاد المؤتمر في دبي سبق أن اجتمعت دول الأطراف في باريس (كوب 21) وشرم الشيخ في مصر (كوب 27)، هل تعتقد أن صوت أفريقيا مسموع حقا وأن مطالبها بخصوص تغير المناخ معتبرة؟

من الواضح أن أفريقيا تتكلم بصوت واحد في مفاوضات المناخ العالمية وتتوفر لديها القدرات الكافية والدوافع اللازمة لتكون جزءً حاسما في البحث عن الحلول للتحديات البيئية العالمية، وأعتقد أن الدول ستنجح في تحقيق نتائج تفوق التوقعات وتبني زخما لتأسيس هيكل لتمويل الطاقات المتجددة بفضل مؤتمر الأطراف الذي استضافته دبي.  ومما لا يتناطح فيه كبشان أن التعهدات التي أخذتها القارة الأفريقية - التي لا تساهم في انبعاثات غازات الدفيئة العالمية إلا بنسبة 2-3٪ فقط - قد أكدت في الأشهر الأخيرة على حاجة القارة إلى رؤية إصلاحياتها مكتملة وشاملة على المستوى الدولي من أجل تخفيف العبء المالي لمكافحة الاحتباس الحراري لدى هذه البلدان، علما بأن القارات الأخرى قد شرعت في التصنيع وعلى أفريقيا أن تتبنى الطريقة نفسها مع احترام الحدود والقيود المناخية.

تُعَد الإماراتُ العربية المتحدة أولَ دولة خليجية تستضيف دورة لمؤتمر الأطراف، إلى أي مدى يمكن لهذه الدولة التي تضخ استثمارات هائلة في القارة أن تدعم البلدان الأفريقية في تحولها إلى الطاقة؟

يبدو أن الإمارات ترغب في دعم الدول الأفريقية وحمل مواقفها بشأن العدالة المناخية، ويؤيد هذه الرؤية إعلانها في قمة نيروبي في أغسطس الماضي عن استثمارات تصل إلى 4.5 مليار دولار في الطاقة النظيفة في إفريقيا، وتعهدها بالمساهمة بحوالي 100 مليون يورو في صندوق "الخسائر والأضرار" الذي طرح رئيس "كوب 28" الإماراتي، سلطان الجابر، قرار تنفيذه أمام الممثلين الدوليين الذين اتفقوا فورا على تشغيله. وهذه المبادرة التي أخذتها دبي لتشغيل وتمويل الصندوق لصالح الدول الفقيرة انتصار تاريخي، وقد فتح المجال للدول الأخرى مثل ألمانيا والمملكة المتحدة اللتين سرعان ما اقتفيتا آثار الإمارات وقامتا بالمساهمات نفسها. نظرا لهذه الديناميكية التي تقودها الإمارات لصالح الدول الأفريقية، فليس من المستبعد أن تعطي زخما كافيا ودفعة جديدة لشكاوى القارة المناخية، لأنها تعرف مكانتها في النقاش وأهميتها في إيجاد حلول للأزمة. وعلى الرغم من الجدل المثار حول استغلال الغابات الأفريقية من قِبَل الإمارات، هناك أمل صالح في أن دبي تطمح إلى أن تتصدر أمام الدول التي ترفع أصواتها ليسمع الجميع نداء أفريقيا، ويظهر ذلك جليا في خطاب سلطان الجابر الذي جذب انتباه المجتمع الدولي إلى أنه "إذا خسرت أفريقيا، فإننا جميعا نخسر".