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Dans cette interview où il répond aux questions de Célian Macé journaliste à Libération, le spécialiste des questions religieuses au Sahel, Dr. Bakary Sambe analyse la violente crise que traverse le Sénégal depuis la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko et les médiations traditionnelles à l’œuvre pour en sortir. Directeur du Timbuktu Institute , Dr. Bakary Sambe est professeur au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il revient sur les caractéristiques de cette crise marquée par un «phénomène militant nouveau» et sur le rôle central des médiations religieuses traditionnelles dans les conflits politiques au Sénégal.

Assiste-t-on à un nouveau cycle dans l’histoire des crises politiques sénégalaises ? Ou bien cette confrontation est-elle inédite ?

Les crises politiques, parfois très dures, ont marqué l’histoire du Sénégal depuis l’indépendance : l’opposition Dia-Senghor de 1962, la révolte étudiante de 1968, la crise post-électorale de 1988, la manifestation sanglante du 16 février 1994, la grande contestation de 2011… La plupart de ces événements étaient liés à une échéance électorale. La crise que traverse le Sénégal actuellement est évidemment liée au scrutin présidentiel de l’année prochaine. Mais elle est caractérisée par une imbrication du politique et du judiciaire. Ce fut le cas pour Khalifa Sall et Karim Wade [deux opposants écartés de la course présidentielle après une condamnation, ndlr], mais cette fois il s’agit d’une affaire de mœurs. Dans une société très religieuse comme le Sénégal, cela a son importance et a rendu la situation explosive.

Le dialogue national initié par le pouvoir peut-il apaiser la situation ?

A ce stade, le Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, n’y participe pas. On observe un hiatus entre la classe politique traditionnelle, comme les cadres de l’opposition qui ont accepté le dialogue, et le mouvement de Sonko, qui se place hors du cadre de sociabilisation politique classique sénégalais. Il mobilise des jeunes, urbains, qui baignent dans un discours régional souverainiste, connectés à la diaspora, friands de réseaux sociaux, pour qui les hashtags ont remplacé les pancartes. C’est un phénomène militant nouveau, loin des pratiques et du substrat culturel des partis, des syndicats, des associations ou même des mouvements sociaux. Ils n’ont pas les mêmes codes. Les manifestations sont plus violentes, tournent parfois au pillage. Personne n’est identifiable : pour la première fois, il n’y a pas de figure reconnaissable dans la rue. L’opposition y voit la marque d’un véritable soulèvement populaire, tandis que le pouvoir le considère comme un dangereux phénomène émeutier.

Les religieux, qui font habituellement office de médiateurs en temps de crise, sont-ils dépassés ?

Je ne crois pas. Mais dans cette crise, à cause de sa nature, les médiations sont extrêmement prudentes et discrètes. Dans l’histoire du Sénégal, les chefs de confréries se sont toujours illustrés comme les derniers remparts pour préserver la paix et la stabilité. Qu’on le veuille ou non, la société civile la plus puissante, ici, ce sont les religieux ! En 2021, déjà, quand l’arrestation de Sonko avait provoqué des manifestations violentes à Dakar [faisant au moins 10 morts], le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal, qui regroupe les représentants de tous les courants de l’islam dans le pays, avait apaisé la situation en lançant un appel au calme. Ils multiplient aujourd’hui les allers-retours et ont publié un texte appelant à «renouer les fils du dialogue entre tous les acteurs». Ils testent aussi la réceptivité de ces nouveaux militants, sans doute moins sensibles aux réseaux traditionnels d’influence de l’islam confrérique.

Quelle signification a la visite du président Macky Sall au calife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, lundi soir ?

Il n’est pas inhabituel que le président de la République aille s’entretenir nuitamment avec le calife général. Les opposants disent qu’il est allé chercher du soutien car il est en difficulté. Les partisans du chef de l’Etat et des analystes y voient au contraire un geste de respect et de sagesse à un moment critique pour le pays. Si le dialogue national était entériné par les chefs religieux, ce serait une décision très favorable pour le pouvoir. Macky Sall maîtrise les symboles et les codes. Il sait que dans la culture sénégalaise, la personne ouverte au dialogue est toujours mieux considérée. Les positions extrémistes n’ont jamais prospéré dans notre pays. Par ailleurs, Macky Sall a annoncé qu’il parlerait le 25 juin, à l’issue du dialogue national. C’est un signal intéressant : il montre qu’il suit son propre agenda, que celui-ci n’est pas dicté par l’opposition ni par la rue, et en même temps ce délai laisse la porte ouverte au Pastef : il n’est pas trop tard pour rejoindre la discussion. Macky Sall apparaît comme celui qui tend la main. 

Source : Liberation.fr

La Secrétaire Exécutive Adjointe de la Commission Nationale Electorale (CNE), Idrissa Diallo, a annoncé ce jour  6 Juin 2023, que les résultats provisoires des élections seront publiés le 7 du mois en cours, mercredi prochain. 

  1. Diallo a indiqué que le scrutin a été clôturé à 17 heures dans tout le pays et qu'il n'y a pas eu de problèmes de files d'attente.

Il a assuré que pendant les opérations précédant le vote, il n'y a eu aucune situation susceptible d'entraver le processus. 

"Nous avons assisté au processus de vote avec des journalistes, des partis et des coalitions de partis, des organisations de la société civile et des observateurs internationaux, qui ont surveillé et suivi, étape par étape, le déroulement du scrutin. Certaines d'entre elles étaient infondées et non pertinentes, tandis que d'autres, liées à du matériel électoral non sensible, ont été rapidement et correctement traitées", a-t-elle déclaré. 

Mme Diallo a indiqué que la CNE a été confrontée à deux ou trois situations qui méritaient une attention particulière, à savoir la situation d'électeurs dont les noms ne figuraient pas sur les listes électorales mais qui étaient titulaires d'une carte d'électeur, un fait constaté dans certains districts du secteur autonome de Bissau.  

Cependant, il ne s'agit pas seulement de problèmes informatiques, mais plutôt d'un manque de diligence de la part des électeurs qui n'ont pas profité de la période de réclamation pour permettre la correction de certaines irrégularités et omissions qui auraient pu être constatées pendant la période d'inscription de ces électeurs. 

"La CNE a utilisé les médias pour exhorter la population à rester calme, sereine et vigilante afin que les principes et les valeurs d'intégrité électorale, défendus par la Commission Nationale Electorale, puissent être préservés en tant qu'acquis démocratiques. Nous pouvons donc affirmer que les élections se sont déroulées dans une atmosphère de cordialité, de coopération et de solidarité entre les parties, et que les bases d'une élection ordonnée et pacifique ont été jetées", a-t-elle déclaré. 

Force est de constater que selon des sources dignes de foi, le taux de participation est estimé à 70%.  

Environ neuf cent mille (900.000) électeurs sont actuellement en train d’exercer leur droits civiques, ce jour 4 Juin 2023 ; date à laquelle se tient le scrutin législatif afin d’élire un Premier Ministre légitime qui va immédiatement former un nouveau gouvernement. L’Assemblée Nationale Populaire, pour des raisons de crise politico-institutionnelle profonde, a été dissoute le 18 Mai 2022 par décret présidentiel. La Guinée-Bissau se prépare à vivre sa 11ème législature depuis l’ouverture démocratique en 1994.

Les bureaux de vote ont ouvert à l’échelle nationale, comme prévu, à 7 heures temps universel, ce matin. Le scrutin se déroule normalement, à l’exception de certains districts électoraux un peu partout dans le pays, où des citoyens ont été empêchés d’exercer leurs droits civiques, faute d’être régulièrement inscrit sur les listes électorales. Il convient, par ailleurs, de constater que certains électeurs n’ont pas pu voter du fait d’avoir été mutés dans des bureaux de votes éloignés pour des raisons de congestionnement.

La Commission Nationale électorale (CNE), pour décongestionner les bureaux de vote ayant 400 électeurs, était obligée d’en muter l’excédent ailleurs. C’est le seul incident qu’il convient pour l’instant de signaler. A 17 heures, les bureaux de vote doivent fermer à l’échelle nationale afin de procéder au décompte des voix.

La presse a pu parler à certains leaders politiques qui ont voté dans la matinée à Bissau.

Domingos Simões Pereira leader de la coalition PAI constituée par le PAIGC et 18 autres partis politiques dont l’Union pour le Changement (UM) :

« Ce scrutin législatif va permettre à la Guinée-Bissau d’élire un nouveau Premier Ministre légitime. Les priorités du programme élaboré par la coalition sont les secteurs éducatifs et sanitaires. Notre souhait c’est que tous les citoyens exercent librement leurs droits civiques, sans restriction ni contraintes. Nous sommes persuadés que les bissau-guinéens sont déterminés à tourner la page douloureuse qu’ils sont en train de vivre actuellement » a déclaré Domingos Simões Pereira, peu après avoir exercé son droit de vote.

Braima Camara, Coordin ateur du Mouvement pour l’Alternance Démocratique (MADEM G15) :

« Je suis venu exercer mon droit civique. Je saisis l’occasion pour lancer un vibrant appel à mes concitoyens afin qu’ils sortent voter en masse » a affirmé Braima Camara.

Quelques électeurs se sont adressés, à leur tour, à la presse :

Dikson MADE, étudiant, 23 ans

« Mon vote est précieux et très important pour l’avenir de mon pays en tant que citoyen qui exerce son droit civique le plus inaliénable. La Guinée-Bissau traverse une crise de leadership sans précédent. Qui plus est, elle est confrontée à une inflation galopante qui se répercute sur les produits de première nécessité. Mon choix va porter sur le parti qui propose le meilleur programme de gouvernance ».

Malam Cissé, chauffeur de taxi, 32 ans

« Je suis venu voter pour trouver une issue à la crise politico-institutionnelle à laquelle mon pays est confronté depuis l’ouverture démocratique en 1994. Une crise qui s’est aggravée davantage en Août 2015, lorsque le président José Mario Vaz a limogé son Premier Ministre Domingos Simoes Pereira pour des raisons d’insubordination.

J’ai bien l’espoir que, cette fois-ci, le président et son premier ministre sauront cohabiter et renouer le dialogue rompu pour le bien de notre pays. La Guinée-Bissau a besoin de paix et de stabilité de son gouvernement afin de mettre un terme à la crise économique qu’il traverse depuis belle lurette déjà ».

Cadija Baldé, 28 ans, ménagère

« J’ai voté pour que mon pays retrouve la paix et la stabilité. Ce scrutin législatif va nous permettre d’élire un nouveau Premier Ministre et de faire en sorte que les jeunes puissent trouver de l’emploi en attirant un grand nombre d’investisseurs. Voilà l’une des alternatives pour combattre la faim qui est en train de sévir à Bissau et à l’intérieur du pays. 80% des familles vivent de la noix de cajou. Aujourd’hui ce produit stratégique se vend à 150 FCFA le kg alors que le gouvernement avait fixé le prix indicatif à 375 FCFA le kg depuis le début de la campagne de commercialisation au mois d’avril dernier ».

La présence turque en Afrique a suscité ces dernières années beaucoup d’intérêt chez les diplomates mais aussi les spécialistes des relations internationales. Elle est souvent analysée par les experts occidentaux sous le prisme d'une irruption dans un espace que certains considéraient comme une chasse gardée ou parfois avec une lecture inscrite dans le cadre de la nouvelle compétition des modèles entre puissances incarnant la démocratie libérale et d'autres qui seraient le symbole d'un retour des autocraties. Dans cette interview donnée par Dr. Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute, revient sur la trajectoire de l'ancrage turc en Afrique subsaharienne avec une vision à partir du continent et des nouvelles réalités géopolitiques qui s'y dessinent. Cette interview est issue de la chronique hebdomadaire en partenariat avec Medi1TV en entretien avec Sana Yassari.

Dr. Bakary Sambe, Recep Tayyib Erdogan vient d’être réélu à la tête de la Turquie. Ces dernières années, il a été beaucoup question de la présence turque en Afrique. Cette réélection d’Erdogan va-t-elle renforcer l’implication de son pays sur le continent? Ou pourrait-on plutôt s’attendre à une rupture majeure?

Il est clair que le Président Erdogan avait initié une véritable politique d’intensification des relations avec l'Afrique. Mais un fait important est qu’Ankara, lui-même, a procédé au démantèlement de son propre instrument d’influence dans le cadre de la lutte acharné contre Gülen. Suite à la tentative de coup d’Etat de 2014, Ankara a fait pression sur les États de la région pour se débarrasser de deux structures qui faisait figure de relais de la diplomatie turque au Sahel qui réalisait une percée plus remarquée au sein de l’intelligentsia et des acteurs économiques majeurs : la confrérie Gülen et Atlantique Turquie Sénégal Association (ATSA). Alors que ce mouvement disposait d’une grande capacité de mobilisation et de déploiement à l’étranger, réunissant au sein d’une confédération de différentes associations d’hommes d’affaires qui comptent plus de 15 000 membres, des adeptes se regroupent autour de projets de grande envergure. Malgré l’intérêt pour l’Afrique, la prise de position du président Erdogan suite au retour des Talibans au pouvoir en Afghanistan, ses déclarations sur les réfugiés menaçant la sécurité intérieure et la stabilité même de la Turquie en plus de son « problème kurde »,  ne laissent aucun doute sur les véritables préoccupations internationales de la Turquie. Oui la Turquie s’impose davantage sur le plan commercial et de la réalisation d’infrastructures bénéficiant, comme la Chine d’ailleurs, de l’image d’un pays sans passé impérial, principalement orienté vers la conquête de nouveaux marchés au détriment des anciennes puissances coloniales. Mais il est clair que les ambitions africaines de la Turquie vont bien au-delà de l’économie

Pour une analyse sur la durée, pourriez-vous vous expliquer comment la Turquie a pu s’implanter en Afrique au point de concurrencer aujourd’hui des puissances classiques qui commencent même à la voir comme un réel concurrent dans le cadre des nouveaux partenariats en cours sur notre continent?

Oui dès le début des années 2000, certaines initiatives turques venaient soutenir une politique étrangère qui prenait à peine ses marques sur le continent. La Turquie suivait, ainsi, les pas du Maroc qui s’appuyait sur l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Pour soutenir cette nouvelle politique, à l’instar des partenaires traditionnels et des nouveaux « players » dans la région, Ankara voulait se doter d’un outil d’échanges performant : la TIKA. L’Agence de coopération et de développement de Turquie ouvrit un Bureau Régional à Dakar en 2007. Dans ce contexte, la diplomate confiait que la politique étrangère turque vers l’Afrique « n’est pas seulement basée sur des objectifs économiques et commerciaux, mais intègre également une approche globale qui inclut le développement de l’Afrique par une assistance technique et des projets dans les domaines tels que la lutte contre les maladies, le développement agricole, l’irrigation, l’énergie et l’éducation, et un flux régulier d’aide humanitaire ».

Mais on sait que, culturellement et géographiquement, la Turquie est trop loin de ces régions où elle chercher un plus important ancrage. Cet ancrage est-il alors le fruit d’une stratégie d’influence à laquelle ses concurrents d’aujourd’hui n’ont pas fait attention ces dernières décennies ?

Effectivement, il persiste encore, de fortes pesanteurs qui ne militent pas en faveur d’une politique d’influence efficiente. Ankara est, certes, en train de réaliser une percée au plan économique avec la réalisation d’infrastructures telles que l’aéroport de Niamey au Niger et une forte implication dans la réalisation des projets de la nouvelle ville de Diamniadio aux alentours de Dakar Il y a aussi une redynamisation de cette politique dans le domaine éducatif religieux avec notamment l’implantation d’un complexe islamique dans la capitale guinéenne, Conakry où la Turquie a tenu à dépêcher des enseignants « sous contrôle » surtout après le « coup d’Etat » manqué de 2014. Mais, en définitive, le terrain sahélien pose encore à Ankara plusieurs défis loin d’être relevés pour s’affirmer en tant qu’acteur imposant dans le grand jeu qui s’y déroule. Ankara n’a encore ni la puissance économique de la Chine avec ses leviers diplomatiques et stratégiques, ni l’ancrage historique au sein de l’élite politique à l’instar des partenaires occidentaux et encore moins l’agilité diplomatique de se construire un capital-image au point de rattraper son désavantage par rapport au Maroc et à l’Arabie Saoudite, notamment, sur marché des biens symboliques et religieux. Mais cette présence turque en Afrique de plus en plus affirmée est une réalité géopolitique avec laquelle il faudra, désormais, compter.

 

Source : Timbuktu Institute

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Fake news or unverified information distilled on social media networks, the influence of influencers on public opinion, the race for scoops and buzzes, these are all factors exacerbating the uncontrolled effects of the democratisation of the dissemination of and access to information in the digital age. The countries of the Sahel, which also lack regulatory frameworks, have to cope with this flow of information and its manipulation by various players and increasingly with information warfare.

All these are against a backdrop of internal political uncertainties, tensions, security threats and diplomatic escalations. Recently, false information almost sparked off riots in Mali and other countries in the region, against a backdrop of the fight against terrorism and challenges to foreign military presence. Against this backdrop of threats to security, stability and the democratic gains that have been made, Trumpet Newspaper, spoke to Dr. Bakary Sambe, the Regional Director of the Timbuktu Institute, a regional think tank based in Bamako, Dakar and Niamey. His organisation has just set up an Observatory of Social Networks in the Sahel and plans to launch a major initiative to train journalists and online media to combat this scourge.

Trumpet— Dr.Bakary Sambe, in a recent study you conducted in 7 countries in the Sahel and Lake Chad Basin, you drew attention to this phenomenon. Can you go back over to this context?

Dr. Sambe… This perception study conducted by the Timbuktu Institute was a world first, focusing on the Sahel by interviewing more than 4,000 Sahelians simultaneously in 7 countries (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritania, Cameroon, Senegal and Chad) using the CAP (Knowledge, Attitudes and Practices) method. The study measured the perceptions of the people of the Sahel, focusing on misinformation and the manipulation of public opinion through various media, including digital media. Taking place against the backdrop of a serious health crisis coupled with socio-economic anguish, the survey was based on technological means of data collection and processing on a platform designed entirely by African engineers, while making ample room for qualitative approaches to capture endogenous specificities beyond mere statistics.

Trumpet–What were the overall trends, especially in terms of people’s trust in the media and political authorities?

Dr. Sambe— As well as confirming the trends seen at the start of the pandemic, in particular Africa’s surprising resilience during the first wave, the study established the unquestionable plebiscite of the audiovisual media, with Sahelians showing a high level of confidence in the written press. Adopting a differentiated approach, taking into account the specific characteristics of rural and urban areas, the study highlighted the importance that Sahelians attach to religious and traditional leaders as vectors of credible information, far ahead of the highly contested state media and official communication channels, whether national or international.

This means that, from now on, the region’s governments will increasingly face challenges to official information and information from international organisations such as the UN and international partners such as the European Union, especially the French media, which have been perceived as distilling partisan information. For example, only 32.5% of Sahelians surveyed said they had a certain amount of confidence in the government authorities, even when it came to health information about the COVID-19 pandemic.

Trumpet—, How much trust was placed in the media as information vectors in a context marked by the dominance of social networks?

Dr. Sambe… It’s true that between 2011 and 2018, the rate of Internet used is more than doubled on our continent as a whole, rising from 13.5% to 28%. But there is a paradoxical attitude towards social networks among the people of the Sahel. While they are increasingly seen as alternative media and a space for freedom in relation to official regulated information, there is a certain mistrust of information that is disseminated on them. The statistics are categorical even though more people in the Sahel trust television (86%), radio – which has become much more democratic, even in remote areas, enjoy a high level of trust. Some 84% of Sahelians have confidence in radio. However, the rate of connectivity has risen to over 360% in the last decade, and smart phones have become a widespread means of accessing information.

Trumpet—, Are there disparities in this respect, and what are the consequences for our countries?

Dr. Sambe– According to the study, more men, young people and urban dwellers get their information from the Internet and messaging applications. It would seem that the gender dimension of horizontal inequalities is also reflected in terms of access to online information. Women and people living in rural areas and the elderly make only modest use of it. The paradox is that rumours, for example, are more likely to spread in rural areas than previously among less educated populations with less capacity for discernment and critical questioning in the face of disinformation companies. This is the effect of applications such as WhatsApp, which do not require a high level of literacy to use. The most worrying aspect is that the majority of people in the Sahel appear to be incapable of quickly detecting false information.

In addition to gender disparities, there is the question of educational level. The study clearly showed that educated people are better able to detect false information, while access to the Internet is becoming more widespread with applications that do not require a certain level of education to master. This false information is often aimed at young and vulnerable audiences, targeted directly on their smart phones. The development of an online press in perpetual search of buzz and economically vulnerable accentuates the phenomenon. This represents a real threat to stability and democratic gains in the Sahel.

In Mali and other Sahelian countries, we seem to be seeing signs of real information war in the context of rivalries between foreign powers.

The Sahel has recently become a testing ground for all forms of influence communication. In the context of insecurity and political instability, disinformation takes many forms and hides behind many well targeted communication campaigns. The period of transition with the rise of various forms of contestation of dominance against the backdrop of diplomatic escalation and the war of positioning of new powers, is particularly conducive to this phenomenon. But by stepping up the information war, we are playing with fire.

The situation in Burkina Faso is worrying, with a rise in inter-community conflicts which, as in Mali could spread throughout the region. The fight against disinformation is an issue of security and stability for the countries of the Sahel. In times of crisis and public anxiety, attempts to manipulate public opinion via social media networks and the various mediums can compromise public policies and credibility of institutions. This represents a serious threat to the viability of states, the democratic system, peace and security in the Sahel.

 

Source : The Trumpet (Gambia)

Source : Météo Sahel Timbuktu Institute

Le président Embalo Sissoco est toujours président en exercice de la CEDEAO et continue de voyager. Au début du mois de mars, il s’est rendu en Tunisie pour une rencontre avec le président Kaïs Saïed afin que ce dernier s’explique au sujet des propos tenus sur les migrants subsahariens considérés comme des hordes, des déclarations qui ont eu un retentissement dans toute la région ouest-africaine et même au-delà. En janvier, Embalo Sissoco s’était aussi rendu au Burkina-Faso pour affirmer son soutien face à la dégradation de la situation sécuritaire mais cela n’a pas empêché la CEDEAO de confirmer ses sanctions contre les militaires à la tête du Burkina-Faso, comme ceux de la Guinée et du Mali.

La Guinée-Bissau a aussi accueilli l’ancien président centrafricain, François Bozizé, alors que sa présence au Tchad n’était plus souhaitée. Sur le plan intérieur, le parlement a été dissous l’an dernier et des élections prévues en décembre, ont été finalement repoussées pour juin prochain. Alors que le pays a connu une tentative de coup d’Etat en janvier 2022, les relations entre différents acteurs politiques restent tendues. De même, des attaques contre la liberté de presse n'ont fait que renforcer le climat délétère qui prévaut entre le pouvoir et les et les journalistes. Par ailleurs, les prochaines élections législatives de juin sont d’un grand enjeu pour l’avenir politique de l’actuel président, dans la mesure où l’élection d’un premier ministre issu de l’opposition pourrait rendre plus ardue sa tâche de réformer l’administration et l’armée. Les velléités ethniques, la montée de l’insécurité aggravée par l’économie criminelle, la circulation des armes et le vol de bétail notamment dans les zones frontalières du Sénégal sont autant de signaux des moins rassurants.

Note du Timbuktu Institute - Avril 2023

La présence de l’islam politique en Libye s’inscrit dans l’histoire des relations de ce pays avec l’Egypte où a vu le jour, dans les années 1920, l’organisation des Frères musulmans. Le grand frère égyptien a toujours eu une influence et des visées sur son voisin de l’Ouest. Les courants politiques qui se disputent l’hégémonie sur le champ politique du plus grand pays arabe avaient et ont encore l’ambition d’exporter leur hégémonie aussi bien au Moyen Orient qu’en Afrique du Nord et au Sud du Sahara : C’était l’ambition du nationalisme arabe, longtemps dominé par la figure de Nasser, et de l’islam politique dominé par les Frères musulmans.

Cette note d’analyse s’intéresse aux origines de l’islam politique en Libye, analyse comment la fin de la Jamâhîriyya a contribué à la prolifération des groupes islamistes tout en revenant sur l’impact des opérations françaises avant de s’interroger sur le lien entre le devenir des groupes islamistes en Libye et la menace terroriste au Sahel.

Origine de l’implantation de l’islam politique en Libye

Le règne de Kadhafi, héritier du nassérisme, a été marqué par l’hostilité à l’égard des héritiers libyens de H. Al-Banna et de Sayyid Qotb. Au départ, Kadhafi s’est appuyé sur les oulémas qui lui ont fait allégeance et auxquels il a confié de hautes responsabilités dans l’enseignement et la justice, dans le « Conseil national de la guidance » supervisant la réforme du système judiciaire. C’est ce conseil qui a institué l’obligation de la zakât pour tout le monde, pour les Libyens comme pour les étrangers. Elle est devenue un impôt obligatoire que l’Etat prélève et dont une partie importante est destinée à l’Organisation de l’Appel Islamique qui ne reconnait aucune cléricature religieuse.

Au fil des années, la position de Kadhafi s’est radicalisée. En 1978, il déclara : « Je considère que la Charia est l’œuvre des Oulémas et qu’elle est une œuvre humaine et juridique… Je considère que les Oulémas ont élaboré une loi positive qui ne constitue pas une religion… » [1]. En 1979, il a osé cette déclaration : « Le livre vert est le gospel, le nouveau gospel, le gospel d’une nouvelle ère, celle de l’ère des masses. »[2]

Cette orientation a poussé la classe cléricale traditionnelle sur laquelle le pouvoir s’est appuyé jusqu’à ce tournant, à devenir, au fil des années, l’une des composantes de l’opposition au régime de Kadhafi, aux côtés et en concurrence avec l’organisation des Frères musulmans opposée, dès le début, au nationalisme arabe et accusée, en 1984, d’être à l’origine de l’attaque contre sa résidence privée de Bab Al-Aziziyya, et objet d’une répression violente obligeant ses partisans à la clandestinité ou à l’exil, comme ce fut le cas de l’un de ses dirigeants, Ali al-Sallabi, qui a trouvé refuge au Qatar en 1999.

Aux Frères musulmans et aux clercs traditionnels rejetés par Kadhafi, se sont ajoutés différentes expressions de la mouvance salafiste dont le rôle a commencé à devenir important avec le retour d’Afghanistan, des jihadistes libyens dans les années 1980 tels qu’Abou Yahya al-Lîbî, proche collaborateur de Ben Laden, l’un des théoriciens d’Alqâ‘ida et coordinateur des mouvances jihadistes au Maghreb, Abou Anas Al-Lîbî qui a participé aux attaques de Dar Al-Salam et Nairobi en 1998, (Jean-Pierre Filiu, Les Neuf Vies d’Al-Qaida, Paris, Fayard, 2009) et d’autres activistes à l’origine d’actions militaires contre les troupes de Kadhafi comme dans les régions de Benghazi et Derna en 1998. L’une des expressions les plus importantes de la mouvance salafiste est le Groupe Islamique Combattant Libyen (GICL). Après le 11 Septembre 2001, le GICL, appela au jihad en Libye accusant Kadhafi de « collaboration avec les étrangers, d’apostasie et de falsification »[3]. Il s’est rapproché du GSPC (le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat) algérien, dont il facilita l’intégration à Al-Qaida avant que ce groupe ne devienne, en 2007, Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). De nombreux Libyens ont rejoint les camps d’AQMI, dans le sud algérien, pour y suivre un entraînement avant de rejoindre l’Irak ou l’Afghanistan pour y combattre les Américains.  En 2008, aux abois, Kadhafi a tenté une politique d’apaisement envers l’opposition islamiste en libérant 800 prisonniers du GICL passés à Al-Qaida, qui joueront un rôle décisif dans sa chute.

De la fin de la Jamahiriyya à la prolifération des groupes islamistes

Les différentes oppositions politico-religieuses ont contribué, non sans rapport avec des soutiens étrangers pariant sur elles, à la fin du régime de Kadhafi. Elles ne sont pas étrangères à l’orientation donnée par le Conseil National de Transition (CNT) dont le Président, Mustapha Abdeljélil, déclara le 23 octobre 2011 à Benghazi : « En tant que pays musulman, nous avons adopté la charia comme loi essentielle, et toute loi contraire à la charia est légalement nulle et non avenue ». Cependant, comme partout ailleurs, la charia n’a pas tardé à faire l’objet d’interprétation différentes selon ce qui est recherché par les différentes oppositions politico-religieuses : celles qui se réclament des zawâyâ et de la classe cléricale traditionnelle, les Frères musulmans selon leurs alliances étrangères et les ramifications auxquelles ils se rattachent, les différentes expressions du salafisme, etc.

Dès l’effondrement du régime de Kadhafi, Al-Qaida et d’autres expressions de l’islam politique, ont choisi la Libye comme point d’appui pour l’expansion du djihad en Afrique du Nord et au Sahara.

En effet, la Libye a été choisie comme l’une des bases de repli de certains djihadistes fuyant les combats sur d’autres fronts. Elle est devenue un terrain favorable à l’implantation et à la reconstitution de tous les groupes jihadistes démantelés ailleurs. Plusieurs facteurs militent en faveur du redéploiement de ces groupes en Libye : la disponibilité d’armes lourdes abandonnées par l’armée libyenne ou introduites par les contrebandiers et les marchands d’armes, l’effondrement de l’Etat libyen et l’affaiblissement de ses forces armées et de sécurité, la popularité de figures de l’islamisme dont les disciples ont pris pied dans cette vaste porte ouvrant sur l’Afrique subsaharienne et sur la Méditerranée, etc. Les rivalités entre les dirigeants libyens qui se sont succédés depuis 2011, et leur incapacité à contrôler le pays et ses frontières, les a conduits à sous-traiter la sécurité à des sociétés privées étrangères. Des régions entières, notamment au Sud, ont été abandonnées aux milices, aux contrebandiers, à des groupes ethnico-religieux concurrents ou aux brigades islamistes. Tout en considérant les milices et brigades armées comme des facteurs de déstabilisation, ceux qui se disputent le pouvoir à Tripoli, à Syrte et à Benghazi cèdent une partie de leur autorité aux milices et aux factions armées qu’ils décrient tout en contribuant à les légitimer et à accroître leur pouvoir.

Les frontières libyennes, très perméables, se trouvent au croisement de grandes routes commerciales devenues, à la faveur de l’effondrement de l’Etat, des voies de passage empruntées par les trafiquants, les migrants, les convois de drogue et d’armes. Les groupes armés contrôlant ces frontières ont la possibilité d’entrer facilement dans plusieurs pays à partir de la Libye, transportant hommes, armes et divers produits d’un pays à l’autre.

Par ailleurs, les soulèvements de 2011 ont permis la réactivation de conflits locaux longtemps gelés mais jamais résolus. Les groupes jihadistes en ont profité pour se présenter tantôt comme médiateurs rapprochant les protagonistes, tantôt comme des stratèges experts en manipulation, utilisant les belligérants les uns contre les autres pour imposer leur domination.

Cette situation a facilité les manœuvres des groupes islamistes transnationaux. Ainsi, AQMI (Al-Qaida au Maghreb Islamique) a profité du vide politique et sécuritaire pour établir des liens avec des groupes locaux, dont Ansar Eddine et Ansar al-Charia, et pour élargir son rayon d’action régional. Une lettre de l’émir algérois Abdelmalek Droukdel, adressée aux leaders islamistes présents au Nord-Mali, révèle qu’une réelle coordination entre AQMI et Ansar Eddine existait bien avant l’arrivée des chef d’AQMO en Libye. ; le rassemblement de l’ensemble des forces radicales était l’un des objectifs à long terme de leur implantation dans l’Azawad. 

Les efforts déployés par AQMI pour fonder des cellules en Libye en leur apportant une aide financière, datent des débuts de l’effondrement du régime de Kadhafi. Les émirs algériens Abou Zeyd et Mokhtar Belmokhtar arrivent dans la province du Fezzan dès la fin de l’année 2011. Le rapprochement entre AQMI et Ansar al-Charia, à Benghazi et Derna a permis  l’établissement, à Ghat, de bases pour lancer des opérations en territoires voisins et pour approvisionner AQMI en armes.

En 2011, Mokhtar Belmokhtar se vantait d’avoir acquis des armes libyennes. C’est à partir du Sud de la Libye qu’il lança, avec la participation de membres de l’ancienne brigade de l’islamiste libyen Abdelhakim Belhadj, l’attaque contre Tiguentourine via les routes reliant le Nord-Mali au Sud libyen par le désert de Tafassasset. En 2011, Mokhtar Belmokhtar rencontra un vétéran libyen d’Afghanistan, dans le Sud de la Libye, dans le but d’établir des camps d’entraînement près de Sebha, pour des recrues libyennes comme des éléments venus d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, de Mauritanie et du Mali.

En novembre 2012, deux mois avant la prise d’otages à In Amenas, le démantèlement, d’une katiba se dénommant Mouvement du Sahara pour la Justice Islamique  dans le Sud de l’Algérie, a révélé le rôle de la Libye comme base opérationnelle pour ce groupe qui projetait des attentats contre les installations pétrolières algérienne au Sahara pour exiger des négociations en vue d’obtenir l’indépendance du Sud algérien. La katiba était alors dirigée par Mohamed Lamine Bencheneb, l’un des sous-lieutenants de Mokhtar Belmokhtar, tué lors de la contre-offensive des forces algériennes à Tiguentourine. De même, c’est à partir de la Libye que fut organisée la conquête du Nord-Mali, par AQMI, le MUJAO (Mouvement pour l'Unification et le Jihad en Afrique de l'Ouest ) et Ansar Dine, et que furent lancées des attaques surprises dans les territoires voisins, dont attentats de 2012 à Tamanrasset et à Ouargla (Algérie).

Al-Qaida, a profité de l’environnement géopolitique chaotique consécutif aux soulèvements de 2011 et de la militarisation croissante d’acteurs non étatiques pour accroître sa présence au Maghreb et au Sahel. Ayman Al-Zhawahiri a appelé à l’instauration d’un État islamique en Libye où il a dépêché, dès le mois de mai 2011, Abdoul Basit Azouz, pour recruter 300 hommes dans l’Est.

De la Libye au Sahel : l’impact des opérations françaises

La France a, depuis les années 1980, lancé des opérations, en concertation avec ses alliés régionaux et internationaux, dans l’objectif d’assurer la stabilité d’une région où elle a des intérêts français économiques et stratégiques importants : l’opération Épervier, lancée en 1986 au Tchad, l’opération Serval, lancée en 2013 au Mali avant que ne soit lancée l’opération Barkhane en 2014. La menace des groupes jihadistes s’affirmant a fil des années et, surtout, avec le chaos en Libye, donna à l’intervention de la France et de ses alliés, à la demande des pays concernés, le caractère d’une opération visant l’éradication du terrorisme. Certes, ces opérations ont permis de détruire des sanctuaires jihadistes au nord du fleuve Niger. Elles ont également permis, un moment, le rétablissement de la vie politique malienne avant qu’un coup d’Etat, applaudi par la population et soutenu par la Russie et les mercenaires du Groupe Wagner, n’oblige la France en novembre 2022, à mettre fin à son opération au Mali, pour se redéployer au Niger et au Tchad. Malgré les pertes subies, les groupes armés islamistes ont réussi à se reconstituer, à se redéployer et à se relancer, surtout à partir de la Libye, devenue, comme on l’a vu, un sanctuaire pour divers groupes jihadistes, dont en particulier des troupes d'AQMI ou d'al-Mourabitoune, présents dans le sud de la Libye d’où ils font passer des armes et des munitions au Mali en utilisant plusieurs pistes à travers le Niger ; la passe de Salvador, la passe de Tummo, située à la frontière libyenne ; la passe de Korizo, entre la région du Tibesti au Tchad et la Libye ; le plateau du Djado, situé dans le nord du Niger et les environs de Tazerzait, dans le massif de l'Aïr.

Les opérations françaises ont obligé les groupes armés à fuir les territoires où ils sont attaqués pour se reconstituer dans les territoires des pays voisins, et en particulier en Libye. Cependant, les frappes françaises n’ont pas éradiqué la présence des groupes armés dont les actions continuent à menacer la sécurité de la région ; elles n’ont fait que déplacer le problème. Les spécialistes parlent d’un « effet mercure » facilité, entre autres, par la présence dans les rangs des groupes jihadistes de beaucoup de ressortissants de la région comme c’est le cas des groupes affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Cependant, cela est loin d’être un phénomène propre aux effets des opérations de la France et de ses alliés ; c’est aussi le cas pour les actions menées par d’autres pays. Ainsi, lorsque l’Algérie a réussi à chasser le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), celui-ci s’est redéployé au Mali et en Mauritanie où il a accompli plusieurs actions à la faveur des situations de crises et de conflits dans ces pays.  

Devenir des groupes islamistes en Lybie et de la menace terroriste au Nord et au Sud du Sahara

(voir aussi : islamo-nationalisme au Sahel)

Plus de deux décennies après les soulèvements donnant lieu aux « printemps arabes » et à l’effondrement de l’Etat libyen, les autorités libyennes peinent toujours à trouver une issue à la crise dans laquelle le pays s’enlise du fait du conflit qui oppose les gouvernements rivaux : celui de Tripoli, soutenu par les islamistes et leurs protecteurs internationaux, dont en particulier les parrains de l’Organisation Mondiale des Frères Musulmans, le Qatar et la Turquie, et celui de l’Est soutenu par le Maréchal Haftar et ses parrains, l’Egypte, la Syrie, l’Arabie et les Emirats du Golfe. Malgré les changements intervenus avec l’avènement du gouvernement de Fathi Bachaga, à Syrte, soutenu par le Maréchal Khalifa Haftar, et celui de son rival, Abdel Hamid Dbeibah, à Tripoli, l’espoir d’une sortie de la crise continue à fuir. Malgré les reculs électoraux de l’islam politique, dans les divers pays de la région, y compris en Libye, la prolifération des groupes armés islamistes continue à peser sur l’évolution de la situation au Nord comme au Sud du Sahara. Divers conflits agitent cet espace, s’alimentent réciproquement et offrent un terrain favorable aux groupes jihadistes dont la grande mobilité se joue des frontières pour articuler les conflits des deux rives du Sahara, narguant des États dont la légitimité a été usée par des décennies de politiques néolibérales dites de « réajustement structurel » leur imposant de renoncer à leur rôle social   .

Dans ce contexte, la Libye continue à jouer le rôle d’un arsenal alimentant plusieurs foyers terroristes ou mafieux en armes individuelles et collectives, y compris des missiles terre-sol-air, des territoires qui s’étendent de l’Afrique de l’Ouest, au Levant et à la Corne de l’Afrique. Les affaires de transferts illicites à partir de la Libye se font par voie terrestre et maritime à destination de plus de près de quinze pays.

Tant que perdureront les conflits à l’intérieur de la Libye entre ceux qui se disputent l’héritage de la Confrérie Sénoussie et du régime de Kafhafi, - conflits entretenus par les interventions directes ou indirectes des puissances internationales et régionales-, les différentes expressions de l’islam politique continueront à trouver dans ce pays un sanctuaire à partir duquel elles pourront mener des actions de déstabilisation transnationales dans les pays voisins au Nord comme au Sud du Sahara, voire plus loin.

 A l’heure où les contestations se multiplient au Mali au sujet de la nouvelle Constitution dont les acteurs islamistes voudraient supprimer la référence à la laïcité au moment où au Burkina Faso les nouvelles autorités semblent « involontairement » mettre en scelle les acteurs salafistes après avoir dénié la liberté de parole aux partis politiques classiques, la montée en puissance des de l’islamisme politique devient un enjeu à prendre en considération dans la reconfiguration du champ politique au Sahel.

____________________________
[1] Moncef Djaziri, , État et Société en Libye, Paris, L’Harmattan, 1996., p. 86.

[2] Interview avec O. Fallaci, « The Iranians Are Our Brothers : An Interview with Col. Muammar El Qaddafi », New York Times Magazine, 16 décembre 1979

[3] Mathieu Guidère, Al-Qaida au Maghreb Islamique, Paris, Editions du Rocher, 2007.

En Afrique, bien que les femmes demeurent avant tout les victimes de certaines des pires formes de criminalité organisée, un constat s’impose : depuis quelques années, elles sont également présentées comme des participantes actives, à tous les niveaux, des réseaux criminels, le nombre de délinquantes et de criminelles ne cessent ainsi d’augmenter[i].  

La criminalité transnationale organisée génère dans le monde entre 1,6 et 2,2 trillion de dollars par an[ii]. Elle est, selon l’ONUDC, en constante évolution: « c'est une économie qui s'adapte aux marchés et génère de nouvelles formes de délinquance. Il s'agit d'un commerce illicite qui transcende les frontières culturelles, sociales, linguistiques et géographiques et qui ne connaît ni limites, ni règles »[iii].

L’Afrique, terreau fertile pour la criminalité organisée
L’index du Global Initiative Against Transnational Organized Crime publié en 2021, classe l’Afrique deuxième continent enregistrant le niveau le plus élevé de crime organisé, derrière l’Asie.
Crime organisé en Afrique : classement des pays par indice

[i] INTERPOL-ENACT Report: Women as actors of transnational organised crime in Africa, November 2021, 32 pages.

[ii] https://gfintegrity.org/press-release/transnational-crime-is-a-1-6-trillion-to-2-2-trillion-annual-business-finds-new-gfi-report/
[iii] Criminalité transnationale organisée : l’économie illégale mondialisée, https://www.unodc.org/documents/toc/factsheets/TOC12_fs_general_FR_HIRES.pdf


Source : Global Initiative against Transnational Organized Crime – via Agence Ecofin[i]
Chaque pays est noté sur un score allant de 1 (niveau faible) à 10 (niveau élevé). La traite des êtres humains est le marché criminel dominant sur le continent, suivi du trafic d’armes.

[i] https://www.agenceecofin.com/multimedia/2112-94067-classement-des-pays-par-l-indice-sur-le-crime-organise-en-afrique-en-2021-infographie

Une criminalité organisée multiforme

Sous l’effet d’un entrelacs complexe de facteurs socio-économiques et politiques, la criminalité organisée transnationale constitue une problématique croissante sur le continent[i], qu’il s’agisse de :

  • Terrorisme, extrémisme violent, insurrection (des caractéristiques constantes de la criminalité organisée sur le continent)
  • Trafic de drogue (le continent est devenu une plaque tournante du transit mais aussi de la consommation et de la production, de toutes sortes de drogues qui sont ensuite acheminées vers d’autres marchés, notamment l’Europe)
  • Cybercriminalité (capacités limitées de prévention et de détection de cette forme de criminalité) et criminalité financière prennent de l’ampleur ;
  • traite des êtres humains multiforme (migration clandestine, exploitation sexuelle, trafic d’organes et de main d’œuvre) ;
  • trafic d’armes, de produits de contrefaçon (y compris pharmaceutiques avec les conséquences néfastes voire parfois fatales que cela entrainent pour les consommateurs), de carburant, contrebande ;
  • Trafic des objets issus des patrimoines culturels locaux ;
  • Trafic de la faune, flore, ressources naturelles (minerais, sable…).

Il s’agit d’autant d'activités diverses qui tout à la fois déstructurent et stimulent les économies, menacent la sécurité, la sûreté et le développement du continent et portent atteinte à l’efficacité -et à la légitimité- des institutions étatiques[ii].

Image ONUDC - Les femmes procureures au premier rang de la lute contre la criminalité transfrontalière organisée dans la Corne de l'Afrique – avril 2022

Un business florissant qui s’adapte aux nouvelles réalités du terrain
Le paysage criminel du continent se caractérise, comme tout autre environnement criminel, par sa capacité d'adaptation et sa flexibilité face aux nouvelles opportunités, technologies, tendances, en surmontant presque immédiatement tout nouvel obstacle et en étendant ses terrains d’activités. Ainsi, face à l'explosion du commerce mondial de drogues illicites, les réseaux criminels organisés africains ont établi des relations avec d'autres organisations criminelles dans le monde entier, du Brésil à la Nouvelle-Zélande.

Dans certains contextes, la porosité des frontières est l’un des facteurs qui accentue les défis sécuritaires et facilite l’expansion des réseaux et du crime organisé autour de la traite des personnes et de trafics de produits multiples (armes légères, médicaments, drogue). Le développement et le renforcement de dispositifs d’entraide judiciaire, policière, douanière[iii] sont donc primordiaux.

Des données encore lacunaires
Dans une grande partie de l'Afrique, où la criminalité organisée est prolifique, il existe une interaction complexe entre les opportunités et les activités économiques à la fois licites et illicites. Les criminels et les groupes criminels organisés s'appuient fortement sur la société civile, pour mener leurs activités.

Ces réseaux criminels organisés comprennent des multitudes d’acteurs qui jouent des rôles plus ou moins bien définis. Ce sont souvent des femmes, qui opèrent en marge ou dans l'ombre. Leur contribution et leur rôle sont souvent négligés, tout comme l'est leur dépendance à la criminalité pour obtenir des revenus.

S’il est dorénavant établi qu’aucun travail de recherche ou d'analyse du crime organisé ne peut se permettre de faire abstraction des questions de genre, au niveau mondial, l'implication des femmes dans le crime organisé n’a été plus largement reconnue qu’au cours des 10 à 15 dernières années. Ce n’est donc que récemment qu’une image plus complexe et plus nuancée de l’implication des femmes dans le crime organisé a commencé à émerger à travers la recherche et la littérature[iv].

Il existe toutefois encore des lacunes dans les études quant aux rôles des femmes africaines dans la criminalité organisée transnationale (à l’exception notable de leur rôle dans les réseaux de contrebande, de trafic d’êtres humains ou de drogues) et son impact plus large sur les communautés locales.

Au-delà des limites d’accès aux données et l'accent mis sur les femmes en tant que victimes du crime organisé, les études disponibles ont montré qu'elles jouent une variété de rôles au sein des réseaux criminels qui dépendent souvent des contextes socioculturels dans lesquels les réseaux opèrent. Les professionnelles du crime organisé transnationale exercent notamment les rôles de ‘mules’ (drogues, minerais…) et de recruteuses, de ‘patronnes’ de syndicats du crime et de maquerelles de la traite[v]. Elles attirent en effet moins l’attention des agents de police et des douanes.

Photo leral.net –31/07/2018, Sénégal : saisie de 3,2 tonnes de chanvre indien ou «yamba»

La criminalité organisée sait exploiter les vulnérabilités
Bien que des hommes travaillent et/ou sont exploités à des postes subalternes au sein des réseaux criminels organisés, les femmes sont et demeurent particulièrement vulnérables étant donné leur position d’infériorité dans la société, leur manque d'éducation, l’absence d'opportunités professionnelles, la pauvreté dont elles pâtissent, et les violences sexuelles qu’elles subissent dans leurs interactions avec les groupes criminels organisés.

Il n’est pas surprenant que les activités associées à la criminalité organisée créent toute une série de rôles et soient une source d'emplois informels et de revenus locaux pour les femmes dans les économies grises/informelles qui émergent à la périphérie des entreprises criminelles. Les femmes sont plus susceptibles de prendre part à ces activités criminelles transnationales lorsqu'elles sont confrontées à la précarité financière, à la pauvreté et au chômage.
La nature changeante du crime organisé dans notre monde globalisé procure en effet aux femmes de nouvelles opportunités sur le marché criminel, l’accès à davantage de réseaux criminels et de clients. 
A défaut d’autres options ‘légales’, ces activités certes répréhensibles leur donnent donc un pouvoir d'action, les confortent économiquement et leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille.

Des femmes victimes, et d’autres, actrices en quête de prospérité
Les premières représentations des femmes dans la criminalité organisée ont porté soit sur leur statut de victimes des crimes commis par des hommes (tels que les réseaux de trafic sexuel dirigés par des réseaux d'hommes) ou sur le rôle qu'elles jouaient en tant que dépendantes soumises à des hommes impliqués dans le crime organisé (petites amies, épouses, mères et sœurs).
Alors qu'environ 10% seulement des délinquants arrêtés pour des infractions liées à la criminalité organisée sont des femmes, les crimes qu'elles commettent sont similaires à ceux des hommes[vi].
Les femmes qui s'engagent dans des activités criminelles peuvent également être motivées, tout comme leurs homologues masculins, par des opportunités, une ambition et un attrait pour l’entreprenariat criminel, et la perspective d’une indépendance financière (revenus élevés et rapides). Ce domaine d’activité permet aussi à certaines femmes de mettre en pratique leurs compétences en matière de  leadership et de management, voire de développer des ‘fraternités féminines’ pour parvenir à leurs fins (notamment dans le domaine de la traite humaine)[vii].

Rome, Juin 2019 : Sommet des magistrates et procureures africaines sur la traite des êtres humains et le crime organise – Blue Chip Foundation

Des réalités complexes dont il doit être tenu compte dans le cadre des politiques de prévention et de lutte contre la criminalité organisée
Cette sombre réalité a des implications sur notre perception de l'implication des femmes dans le crime organisé et doit inciter à évaluer davantage les moyens de lutte traditionnels contre la criminalité, et leur efficacité lorsque les cibles sont des femmes.

Par conséquent, les institutions en charge de l'application de la loi et les interventions de développement social œuvrant au démantèlement  de ces activités criminelles doivent davantage prendre en compte l’impact de ces actions/programmes sur les femmes impliquées.
Les approches de la lutte contre la criminalité organisée transnationale (incluant les stratégies, les politiques et les lois) doivent être encore plus sensibles aux besoins, rôles et capacités des femmes[viii].

C’est pourquoi, développer des interventions efficaces, qui atténuent les méfaits du crime organisé et qui visent à prévenir ou à renforcer la résilience de la communauté face à ce phénomène, nécessite de regarder au-delà des acteurs et des dynamiques visibles, et de prendre en compte aussi l'ensemble de la toile complexe des rôles et des activités qui soutiennent le réseau criminel central[ix].

En effet, une compréhension plus nuancée de la manière dont des activités liées au crime organisé transnational permettent à des femmes, en situation de fragilité, de subvenir aux besoins de leurs familles, ouvrirait la voie à l'élaboration de programmes d’action qui répondraient plus efficacement et durablement aux besoins des intéressées.

Cela implique de revoir les hypothèses et objectifs de certaines interventions actuelles, neutre en matière de genre, et d'explorer les moyens d'adapter ou de compléter ces interventions afin de mieux répondre aux besoins et aux réalités complexes de celles et ceux qui sont pris dans les mailles du filet.

Finalement, il est nécessaire de rappeler que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes restent des idéaux démocratiques essentiels. Leur promotion a également un effet positif sur le succès et la durabilité des programmes de prévention de l’extrémisme violent.

 

[i] Rapport INTERPOL-ENACT, Évaluation stratégique de la criminalité organisée en Afrique, Octobre 2018, 53 pages
[ii] https://www.interpol.int/en/News-and-Events/News/2022/Transnational-crime-threats-faced-by-Africa-focus-of-INTERPOL-meeting
[iii] Amadou Tidiane Cissé, Terrorisme, la fin des frontières, Editions Harmattan, 2021, 244 pages
[iv] Interpol ENACT Report: Women as actors of transnational organised crime in Africa, November 2021, 32 pages.
[v] Romi Sigsworth, Living on the edge Women and organised crime in East Africa, Report ENACT, September 2022, 22 pages
[vi] Ibidem
[vii] Issi Sikita da Silva, Africa: When crime does pay, The African Nation, 22 Janvier 2023
[viii] Romi Sigsworth, Living on the edge Women and organised crime in East Africa, Report ENACT, September 2022, 22 pages
[ix] Michel Luntumbue, Criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest : cadre et limites des stratégies régionales de lutte, pub. 2012, Wathinotes paix et sécurité 2019
[1] INTERPOL-ENACT Report: Women as actors of transnational organised crime in Africa, November 2021, 32 pages.
[1] https://gfintegrity.org/press-release/transnational-crime-is-a-1-6-trillion-to-2-2-trillion-annual-business-finds-new-gfi-report/
[1] Criminalité transnationale organisée : l’économie illégale mondialisée, https://www.unodc.org/documents/toc/factsheets/TOC12_fs_general_FR_HIRES.pdf
[1] https://www.agenceecofin.com/multimedia/2112-94067-classement-des-pays-par-l-indice-sur-le-crime-organise-en-afrique-en-2021-infographie
[1] Rapport INTERPOL-ENACT, Évaluation stratégique de la criminalité organisée en Afrique, Octobre 2018, 53 pages
[1] https://www.interpol.int/en/News-and-Events/News/2022/Transnational-crime-threats-faced-by-Africa-focus-of-INTERPOL-meeting
[1] Amadou Tidiane Cissé, Terrorisme, la fin des frontières, Editions Harmattan, 2021, 244 pages
[1] Interpol ENACT Report: Women as actors of transnational organised crime in Africa, November 2021, 32 pages.
[1] Romi Sigsworth, Living on the edge Women and organised crime in East Africa, Report ENACT, September 2022, 22 pages
[1] Ibidem
[1] Issi Sikita da Silva, Africa: When crime does pay, The African Nation, 22 Janvier 2023
[1] Romi Sigsworth, Living on the edge Women and organised crime in East Africa, Report ENACT, September 2022, 22 pages
[1] Michel Luntumbue, Criminalité transfrontalière en Afrique de l’Ouest : cadre et limites des stratégies régionales de lutte, pub. 2012, Wathinotes paix et sécurité 2019

 

Par Hervé Briand

Expert Sahel

 

La question de l « Azawad » et ses diverses sous-régions est éminemment plus complexe : le septentrion saharien malien (Touaregs, Dogons, Songhaïs...) a sans doute besoin de l'essor économique de Bamako pour subsister, mais la riche zone sahélienne sud (des Bambaras, mais aussi des Peulhs...) a plus que jamais besoin du Nord-Mali et de l'union de tous les maliens (nordistes et sudistes, sahéliens et sahariens) pour exister durablement dans l’unité et la concorde nationales en tant que "Grand Mali" !

 

La communauté touarègue (Imazighen), forte de près de 3 millions d'individus, s'étend sur au moins cinq pays, principalement au Niger (1, 2 M), au Mali (1M), au Burkina Faso (300.000), mais aussi en Libye, en Mauritanie et en Algérie.

Au fil du temps, les diverses rébellions tant au Niger qu'au Mali (1963/64, 1990/1996, 2006, 2007/2009) ont "soudé", quoi qu'on en dise, ces Touaregs aux multiples origines, ethnies, communautés, clans ou fratries (Imghad, Chamanamas, Ifoghas, Daoussack... Mais aussi Inelsimen, Iklan, Haratin...). notamment au coeur du Sahel, mais particulièrement dans le Grand Sahara (Adrar, Hoggar, Aïr, Tassili, Azawad,Ténéré, Fezzan...).

Après les grandes sécheresses sahélo-sahariennes en 1973/74, puis en 1984/86, puis le retour au Mali en 1987/90 des Touaregs ayant fuit celles-ci jusqu'en Mauritanie, l'Algérie, voire même l'Arabie Saoudite, c'est toutefois une nouvelle génération de Touaregs qui voudra se faire entendre...

Ces jeunes Touaregs plus "éveillés", dont déjà le jeune Irayakan, de la tribu des Ifoghas, Iyad AG GHALI, souhaitent en effet, et ce dès 1987, à défaut d'une réelle autonomie, définir un statut particulier à la zone désertique septentrionale du Mali, l'AZAWAD...

Ainsi, se crée dès 1987/1992 une multitude de mouvements en faveur de l'autonomie ou d'un régime particulier concernant cette immense partie nord du Mali : le MPLA des Ifoghas (Mouvement Populaire de Libération de l'Azawad) qui deviendra le MPA (Mouvement Populaire de l'Azawad), puis l'ARLA des Imghads (Armée Révolutionnaire de Libération de l'Azawad), le FPLA des Chamanamasses (Front Populaire de Libération de l'Azawad), le MFUA (Mouvements et Fronts unifiés de l'Azawad - FIAA, FULA, FNLA...), puis le FLAA (Front de Libération de l'Aïr et de l'Azawad), mais aussi le MAA des Arabes (Mouvement des Arabes de l'Azawad), et bien d'autres mouvements ou groupes (spontanés ou non) en faveur d'une autonomie plus ou moins large de l'Azawad. Ce n'est que fin 2011 que se crée alors le MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad) du Touareg malien Bilal AG ACHERIF originaire de Tombouktou, mouvement rebelle à la fois plus "combattant", plus politique, mais aussi avec un radicalisme également plus religieux...

Défaut de réponses ou mauvaises réponses ?

Mais, force est de constater, que tous les divers gouvernements ou dirigeants successifs au Mali ne délivrent pas alors ou plutôt répondent mal aux attentes de ces mouvements rebelles touaregs qui s'organisent peu à peu en profondeur pour faire entendre leurs voix et leurs aspirations et entretiennent déjà des liens solides sur l'ensemble de la zone sahélo-saharienne...

Aujourd'hui, ces mouvements sont désormais fédérés au sein des deux alliances : la CMA (Coordination des Mouvements de l'Azawad : HCUA, Haut Conseil pour l'Unité de l'Azawad - MNLA - MAA...) favorable à l'autonomie, et la PLATEFORME (GATHIA -Imghad -, MSA-D...) jusqu'alors pro-gouvernementale et plutôt favorable à l'unité du Mali.

Bien sûr, outre ces mouvements "légaux", il y a eu l'incursion, d'abord au Mali, puis plus largement au Sahel, des mouvements jihadistes en faveur d'un front islamique global (GIF), dont AQMI (suite à l'allégeance à AL QAÏDA du GSPC, issu lui-même du GIA algérien) réunissant alors Arabes et Touaregs, mais aussi la création et l'implantation du MUJAO (Mouvement pour l'Unicité du Jihad en Afrique de l'Ouest) réunissant cette fois des Arabes et des Peulhs.

Enfin, la tentative d'invasion du Mali en 2013 par ces jihadistes (jusqu'à Bamako ?) n'aura été stoppée, faut-il le rappeler, que grâce à l'intervention "salvatrice" de l'armée française et sur demande expresse des autorités maliennes, dans le cadre de la remarquable opération militaire "SERVAL".

Seulement voilà, aujourd'hui la "donne" a changé :

Si au Mali, dans l'Azawad, les partisans des mouvements touaregs de la CMA ont fait face ces dernières années à ceux de la Plateforme, qui eux-mêmes ont affronté les combattants du JNIM/GSIM (Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans) d'Iyad AG GHALI, regroupant essentiellement les Arabes et les Touaregs d'AQMI et d'ANSAR ED DINE mais aussi les Peulhs du FLM (Front de Libération du Macina d'Amadou KOUFA), il y a aujourd'hui une autre menace et un danger commun auquel doit faire face tous ces groupes, légaux ou non, mais essentiellement Touaregs : l'EIS, anciennement EIGS (État Islamique au - Grand - Sahara), mouvement terroriste réunissant essentiellement des Peulhs désoeuvrés, mais aussi certains Arabes ou Touaregs, parfois issus des mouvements séparatistes ou jihadistes originels qu'ils ont quittés souvent par frustration ou opportunités pécuniaires plutôt que par idéologie...

C'est dans ce cadre, me rapportent mes interlocuteurs, que l'actuelle possible grande "Union Touarègue" serait susceptible de réunir des membres de la CMA/PLATEFORME avec certains cadres Touaregs du JNIM, ce, en voulant se donner les moyens et l'ambition de lutter par les armes contre l'EIS et chasser de l'Azawad et plus largement du Mali, ces "frères ennemis", mais aussi au travers du CSP-PSD (Cadre Stratégique Permanent - Paix, Sécurité et Développement) et l'accord d'Alger (APR - Accord pour la Paix et la Réconciliation), via l'Algérie et ses autorités médiatrices.

À ce stade, rappelons que les principaux acteurs de cette "union touarègue" se connaissent parfaitement depuis des années : le Président de la CMA, Alghabass AG INTALLAH, celui du MSA, le jeune Moussa AG ACHARATOUMANE, et le leader du JNIM, Iyad AG GHALI, sont tous des Touaregs issus de la même région de KIDAL, qui est selon moi, la ville-épicentre de la résolution éventuelle de ce conflit malien !

Selon certains acteurs locaux, la réelle menace actuelle à l'encontre du Mali et l'Azawad en particulier, serait l'implantation durable de L'ÉTAT ISLAMIQUE AU SAHARA (EIS), et seule "l'union touarègue" pourrait chasser ce danger commun plus opportuniste qu'idéologique ou politique, toujours selon eux, mais parfaitement structuré et plutôt efficace en terme de recrutement (essentiellement des Peulhs...) et de combats, notamment dans la zone dite des "trois frontières" (Mali, Niger, Burkina Faso).

Aussi, les autorités militaires au pouvoir à Bamako, auront-t-elles bien du mal à ignorer cette "union touarègue" et ses objectifs à l'encontre de "l'envahisseur" EIS, jugé trop opportuniste et dangereux, il est vrai, pour leurs propres intérêts : adouber officiellement cette union serait sans doute donner trop de gages au mouvement jihadiste JNIM, mais affronter cette "union informelle de fait", militairement ou politiquement, serait prendre le risque de provoquer la colère des Touaregs de l'Azawad, l'arrêt de l'APR et la dissémination ethnique du conflit au sein même de la société malienne...

Le temps d'une alliance stratégique au service du "Grand Mali" ?

L'actuel chef du pouvoir de transition du Mali, Assimi GOÏTA, ancien chef des commandos maliens, n'a certes pas été élu démocratiquement, mais aussi à cet égard, sans doute dispose-t-il ainsi d'une marge de manœuvre que son statut (chef militaire de la junte "putschiste") et ces temps d'exception lui permettent de facto, à savoir : un pacte possible avec cette "union touarègue" et sans doute le début d'un "dialogue" (souhaitable ?) avec certains responsables jihadistes du JNIM pour combattre "l'ennemi commun" et contrer les avancées de l'EIS au Mali. Un choix cornélien que pourrait difficilement (ou officiellement...) faire un représentant d'un pouvoir démocratique...

Sans faire évidemment l'éloge des coups d'État, mais puisque ceux-ci ont eu lieu et que leurs auteurs exercent actuellement le pouvoir, c'est donc aujourd'hui toute la question malienne : le pouvoir militaire malien actuel issu de deux coups d'État peut-il réussir (de façon certes non démocratique, voire hybride...) là ou un pouvoir démocratique a été (ou serait ?) enlisé, enkysté ou "paralysé" par une "liaison dangereuse" pourtant possiblement en faveur d'un Mali "unifié" pour combattre l'ennemi commun l'EIS ?...

Est-ce un "pacte avec le diable" ou une réelle opportunité unique (factuelle) à saisir pour le Président intérimaire du Mali et son armée (FAMAa), qui connaissent parfaitement (pour avoir combattu la plupart...) tous ces acteurs du conflit malien ?

Bien sûr, la question de l'Azawad et ses diverses sous-régions est éminemment plus complexe : le septentrion saharien malien (Touaregs, Dogons, Songhaïs...) a sans doute besoin de l'essor économique de Bamako pour subsister, mais la riche zone sahélienne sud (des Bambaras, mais aussi des Peulhs...) a plus que jamais besoin du Nord-Mali et de l'union de tous les maliens (nordistes et sudistes, sahéliens et sahariens) pour exister en tant que "Grand Mali" !

A la suite de l’article sur « Femmes, voile, polygamie et égalité » , dans la série de Publications du 8 au 16 mars 2023 et intitulée « Résistances féminines musulmanes et réponses doctrinales face aux extrémismes », lce dernier texte du Pr. Mohamed-Chérif Ferjani , Président du Haut-Conseil du Timbuktu Institute revient sur les effets du dogme de l’intangibilité de la norme religieuse, de l’instrumentalisation de ce qu’il est convenu d’appeler « sharîa » de même que toutes les confusions autour de ce concept brandi pour entraver le progrès social par l’émancipation des femmes dans le monde musulman. Il évoque aussi les différentes réformes entamées dans les pays du Maghreb, peu connues en Afrique subsaharienne où les pouvoirs politiques continuent de ménager les religieux. Ces derniers, qui ont du mal à s’inscrire dans la marche des idées et des réformes en cours dans le reste du monde musulmans ; enfermés dans une sacralisation des textes et des ouvrages classiques du Fiqh aujourd’hui caduques même dans les pays et contextes socioculturels qui les avaient générés.

Le débat qui précéda la récente réforme du code de la famille au Maroc a montré les limites et les possibilités qu’offrent les acquis de la démarche réformiste. Pour ce qui est des possibilités qu’offre au féminisme la prise en compte de l’identité culturelle, y compris dans sa dimension religieuse, de la société qu’on veut changer, il est important de rappeler le rôle joué par des théologiens mobilisés par les associations féministes et par les partisans de la réforme. Les apports du directeur de Dâr Al‑Hadîth Al‑Hasaniyya, Ahmed Khamlichi, l’actuel Ministre des affaires islamiques, Ahmed Taoufik, Abdou Filali‑Ansary, ou des penseurs invités d’autres pays musulmans, montrent le souci de rassurer la société en lui proposant des modalités de conciliation entre les croyances qu’elle pense – à tort ou à raison, là n’est pas le problème – constitutives de son identité et l’évolution souhaitée. Le rôle joué par des théologien(ne)s reconnu(e)s dans cette démarche était loin d’être négligeable. On peut mentionner, à ce propos, l’attitude du regretté Mohamed Elhabti, membre de la Ligue des ‘Ulamâ’ du Maroc, qui s’est désolidarisé de ses collègues pour soutenir le plan de réforme de la Mudawwana au nom de l’islam et de l’héritage juridique réinterprété du Maroc.

L’islam n’a rien à craindre du respect des droits des femmes …

Des associations féministes et les défenseurs du plan de réforme ont fait appel à ses contributions pour montrer que rien dans le projet n’était incompatible avec l’islam. Sans se départir des attributs de son statut, il a démontré que rien dans l’islam et dans la tradition normative du Maroc et des sociétés musulmanes n’empêche l’adoption des points sur lesquels portait la réforme (dont les restrictions concernant la polygamie, la suppression du tuteur matrimonial pour le mariage des femmes, le droit de la femme à demander le divorce, l’abolition de la répudiation, la proposition de porter l’âge légal du mariage de la jeune fille de 15 à 18 ans, et de prolonger la garde de l’enfant jusqu’à 15 ans, etc.) Sur tous ces points, il a montré que l’intérêt (maçlaha), de la société et des personnes concernées, exigeait une évolution dans le sens souhaité par la réforme. Il mit en évidence la mauvaise foi de ceux qui se cachaient derrière la religion pour rejeter la réforme tout simplement « parce que ceux qui l’ont proposée sont des laïques qui ne doivent pas être entendus même s’ils ont raison ». [1]

Dans le même sens, Abderrazak Moulay Rachid rassure les Marocains en précisant : « l’islam n’aura pas à souffrir de réformes pouvant établir l’égalité de droit entre hommes et femmes. Cette égalité est non seulement compatible, mais encore elle renoue avec les réformes amorcées au début de l’islam. Il faut continuer cette œuvre contre les esprits rétrogrades et jaloux de leurs privilèges. Ce n’est pas l’islam qui est en cause, mais son appropriation par certains groupes sociaux et politiques. » [2] De même, Aïcha Belarbi, revendiquant le droit pour les femmes d’interpréter les textes religieux au même titre que les théologiens, dit : « L’islam en tant que religion oriente la vie du musulman, organise la communauté sur les bases de l’égalité, de la justice, et de la dignité ». [3] Elle appelle à la « réappropriation de l’espace religieux par les femmes » en vue de remettre « en question des interprétations religieuses traditionalistes sur la femme, très souvent en rupture avec le Texte religieux et les pratiques sociales » et « de faire émerger et diffuser une nouvelle vision de la femme musulmane, par référence aux textes authentiques du Coran et de la Sunna » [4].

Des lectures féminines musulmanes pour rompre d’avec la théologie « masculine » ?

C’est la même « réappropriation de l’espace religieux par les femmes » qui inspira les travaux de Fatima Mernissi [5] qui remonte « très loin dans l’histoire, vers les premières années-sources de l’islam en essayant de comprendre pourquoi les femmes ont débuté dans l’islam politique comme disciples prestigieuses du Prophète (çahabiyyates) pour se retrouver sous les Omeyyades dans la position dégradante de jariya ».[6] Ce retour aux « années-sources » est, à ses yeux, nécessaire « pour évaluer la profondeur de cette amnésie dans la mémoire des musulmans qui vivent l’égalité des sexes comme un phénomène étranger » ; c’est pourquoi, ajoute-t-elle, « il nous faut toujours retourner à Médine, dans ses ruelles, où le débat sur l’égalité des sexes faisait rage, et où les hommes étaient obligés d’en discuter, sinon de l’admettre, puisque Médine et son Prophète l’exigeait ». [7] Héritières des Sultanes oubliées tout autant que de Houda Chaaroui, l’une des premières féministes musulmanes des temps modernes, les musulmanes sont de plus en plus nombreuses à investir le champ religieux pour ne plus laisser le monopole du bricolage du sacré à ses manipulateurs machistes. Leurs apports dans ce domaine seront essentiels. Les penseurs musulmans qui peinent depuis des siècles à faire évoluer les mentalités et les institutions sociopolitiques, trouveront-ils dans ces apports les moyens d’aller plus loin dans la remise en cause des structures patriarcales et autoritaires qui bloquent l’évolution de leurs sociétés ?

CONCLUSION

Si la réinterprétation des textes et de l’héritage religieux et culturel constitue une entrée nécessaire, aux yeux de celles et ceux qui la revendiquent, pour que l’évolution ne soit pas rejetée et vécue comme une entreprise menée contre la société et son identité, il est important d’avoir conscience des limites de la démarche réformiste. Comme nous pouvons le voir à travers toutes les réformes entreprises dans les mondes de l’islam depuis deux siècles, cette démarche ne lève pas complètement l’hypothèque du sacré : l’évolution des idées, des mœurs et des institutions n’est admissible que dans la mesure où elle est compatible avec la norme religieuse telle que la conçoit la lecture hégémonique dans la société. Elle ne permet pas au débat de se déployer librement à l’abri des logiques d’anathème et des persécutions qui peuvent en résulter. En effet, la sacralisation des valeurs et des conceptions qui fondent les systèmes en place, en les présentant comme inhérents à la religion et à la volonté de Dieu, a pour conséquence inévitable l’assimilation de toute nouveauté, dans quelque domaine que ce soit, à une « innovation hérétique » passible des pires châtiments.

Ce qui se passe en ce moment dans les sociétés musulmanes, comme dans toutes les sociétés où le lien social et le droit sont tributaires des normes d’une religion ou des conceptions doctrinaires d’une idéologie, montre les dangers du maintien d’une telle hypothèque pour la liberté de conscience et pour l’égalité des droits. Le problème n’est pas d’interdire aux croyants – musulmans, fidèles d’autres religions ou sans religion – de tenir compte des normes de leur sacré et de rechercher la conciliation de ce qu’ils vivent et font avec ce qu’ils croient : c’est là un droit fondamental, inhérent au principe de liberté de conscience et une société qui ne serait composée que de citoyens sans convictions, acceptant le divorce entre ce qu’ils croient et ce qu’ils vivent ou font, n’est pas plus enviable ou rassurante qu’une société embrigadée par un système doctrinaire de quelque nature qu’il soit.

Réinterroger le statut de la norme religieuse, sortir des essentialismes

Le problème est le statut revendiqué et donné à la norme religieuse : est-elle un principe moral individuel qui ne concerne que notre conscience et par rapport auquel on n’a de compte à rendre, ou à demander, à qui que ce soit ? Ou est-ce une règle juridique intangible, parce que sacrée, qui s’impose à la société, aux conduites individuelles et collectives, et structure tous les secteurs de la vie sociale, économique, politique, culturelle, etc. ? C’est là que se situe l’enjeu essentiel de la laïcité que les adeptes de l’islam politique, les modernistes timorés du monde musulman et les islamophobes, déclarés ou se cachant derrière des conceptions culturalistes essentialistes, disent impossible en islam. Les féministes iraniennes, comme celles de l’ensemble du monde musulman, sont partagées entre deux stratégies : une qui s’inscrit dans le cadre d’une démarche théologique cherchant à faire évoluer l’interprétation de la norme religieuse pour produire une « théologie de la libération des femmes » et une autre qui revendique une démarche laïque universaliste à l’instar de certains mouvements féministes qui, comme l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates et de grandes figures féminines, comme l’égyptienne Nawal Sa‘daoui, les Tunisiennes Sana Ben Achour, Sophie Bessis et bien d’autres intellectuels, femmes et hommes, considérant que les droits humains, dont les droits des femmes, ne peuvent être défendus de façon conséquente que sur la base de conceptions laïques prenant en compte l’universalité de l’humain et de ses droits[8].

[1]. M. Al‑Habtî Al‑Mawâhibî, « Mâjâ’a fî al‑khutta laysa fîh mâ huwa râji‘ li’l‑thawâbit al‑çârifa ‘an al‑nazhar fîh » (Ce qu’il y’a dans le Plan - de réforme de la Mudawwana -, ne comporte rien de ce qui relève des invariables indiscutables) texte reproduit dans le hors-série de Prologues, La mudawwana et sa réforme, quarante années de débats, Casablanca, 2001, p. 295-300.

[2]. A. Moulay Rachid, La femme et la loi au Maroc, Le Fennec, Casablanca, 1991, p. 130.

[3]. Voir sa contribution à Femmes et islam, Le Fennec, Casablanca, 1998, p. 5.

[4]. Ibid., p. 10.

[5]. Notamment dans Le harem politique, Le Prophète et ses femmes, Albin Michel, Paris 1987, et Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en islam, Albin Michel, Paris, 1990.

[6]. F. Mernissi, dans la préface de Femmes et pouvoirs, Prologues, Le Fennec, Casablanca, 1990, p. 9, voir aussi sa contribution à cet ouvrage : « La jariya et le khalif », p. 65-80.

[7]. F. Mernissi, Le harem politique, opcit., p. 163

[8] A propos de ces deux stratégies, voir l’excellente thèse de Hajir Khenfir publiée par Nirvana Edition-(Tunis 2022), Tahaddiyât al-khitâb al-niswîy al-‘arabî fî al-niçf al-thânî mon al-qarn al-‘ichrîn (Les défis du discours féministe arabe dans la deuxième moitié du vingtième siècle).