SÉNÉGAL - Nouveau président, nouvelle vision ? Spécial

Le mois d’avril 2024 aura été marqué par l'investiture et les premiers pas du plus jeune président de l’histoire du pays, Bassirou Diomaye Faye, ainsi que les développements politiques et économiques qui ont suivi. Il a prêté serment en tant que président, succédant à Macky Sall, lors d'une cérémonie solennelle dans la nouvelle ville de Diamniadio : un projet-phare de la présidence Sall. Son élection a été favorisée, entre autres circonstances, par la promesse de rupture avec le « système » précédent, et la nomination au poste de Premier ministre, d’Ousmane Sonko, a été un signe de cette volonté de changement « systémique ». Le premier discours du président nouvellement élu a mis l'accent sur la jeunesse, la réforme des institutions, la justice et une gouvernance « vertueuse », notamment dans le contexte de l'exploitation future des ressources pétrolières et gazières.

La composition du gouvernement dirigé par Ousmane Sonko met en lumière une équipe resserrée et marquée par la présence notable de membres du mouvement Pastef, dont est issu le Premier ministre. Les nominations de deux généraux à des postes régaliens (Intérieur et Défense) ont également été notées, suscitant des réactions diverses ainsi que la présence minimaliste de seulement 4 femmes. Le décès de Mahammed Boun Abdallah Dionne, ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle, a également marqué ce mois d’avril tout en donnant l’occasion d’un affichage « républicain »  au premier ministre ayant présidé la cérémonie de levée du corps ; cotoyant d’illustres individualités du régime défait par PASTEF.

Sur le plan économique, le nouveau président a ordonné un état des lieux économique et financier du pays, avec un accent sur la relance économique et la réduction des dépenses publiques. La reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor a été bien accueillie pour la région de la Casamance, tandis qu'une saisie record de cocaïne a été réalisée dans l'est du pays.

La préservation du patrimoine national a également fait l'objet d'une attention particulière, avec la suspension d'une vente aux enchères de la bibliothèque de Léopold Sédar Senghor, ancien président et poète du Sénégal.

Par ailleurs, le président, alors qu’il a réservé ses premières visites à Touba et Tivaouane (deux principales capitales des influentes confréries), a annoncé la création d'une Direction des affaires religieuses et de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe. Cette nouvelle entité, qui relèvera de la présidence, regroupera les bureaux précédemment sous la responsabilité séparée du ministère de l'Intérieur et de l’éducation nationale.

Sur la scène internationale, Bassirou Diomaye Faye a effectué sa première visite à l'étranger en Mauritanie, soulignant l'importance des relations avec les pays voisins mais aussi l’enjeu de la future exploitation commune des ressources gazières. Sa visite en Gambie, participe à la volonté de renforcer les liens bilatéraux entre les deux nations dont dépend beaucoup la résolution définitive de la crise en Casamance. Enfin, sa rencontre diplomatique en Guinée-Bissau en cette fin de mois a permis de discuter des questions de frontière, de sécurité et des pêcheries chinoises. 

Sur le plan diplomatique, le président sénégalais a plaidé pour un partenariat "repensé" avec l'Union européenne, mettant en avant les priorités de développement économique du pays tout en poursuivant les visites officielles comme celle effectuée en Côte d’Ivoire où le Président Faye rencontrera le Président Alassane Ouattara, un des doyens de la CEDEAO.