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Le Timbuktu institute, un centre de recherche sur le radicalisme religieux a publié, début juin, un rapport intitulé « Radicalisation et perception de la menace terroriste dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire ». Une étude plus que jamais d’actualité puisque pour la quatrième fois en moins de deux mois, l’extrême nord de la Côte d’Ivoire a été touché, samedi 12 juin, par une attaque attribuée à des terroristes.

Le 12 juin, sur l’axe Tèhini- Togolokaye (région de Bounkani) localité frontalière du Burkina Faso, deux soldats et un gendarme ivoiriens ont perdu la vie dans une embuscade avec « usage d’engin explosif improvisé ». Cette attaque non revendiquée mais attribuée aux terroristes est la quatrième en moins de trois mois. Elle est intervenue deux jours après l’inauguration de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (Ailct) à Jacqueville, près d’Abidjan, par le premier ministre ivoirien, Patrick Achi aux côtés du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

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Les capacités d'une vingtaine de leaders religieux renforcées !

Dans le but de renforcer la compréhension des jeunes sur le phénomène de la radicalisation et de la prévention de l'extrémisme violent de manière générale, et plus spécifiquement au Mali et au sahel, que l'hôtel Colibris a servi de cadre du 08 au 10 juin 2021, à la tenue d'un important atelier de renforcement de capacités des leaders religieux. Au total, plus d'une vingtaine de leaders religieux participent à cette formation afin d'être outillé par le directeur de Timbuktu

Rappelons d'abord qu'après le coup d'État du mars 2012, des groupes islamistes : Ansar Edine d'Iyad Ag Ghali, le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), ainsi que le Mouvement National pour la libération de l'Azawad (MNLA) se sont emparés du nord du Mali. Un nombre inconnu de jeunes (souvent très jeunes) ont été recrutés, parfois par la méthode d'acceptation liée au communautarisme, à l'argent et par force, dans ces groupes armés. Ils se sont retrouvés dans les rangs des rebelles ou des djihadistes chargés de surveiller les postes de contrôle, de cuisiner et de faire des commissions. Nombreux d'entre eux étaient entraînés à manier des armes et beaucoup de jeunes filles ont aussi été violées et mariées de force aux combattant ou leurs chefs, les intimidations et assassinats ciblés qui ne s'arrêtent pas au quotidien dans le les régions du nord, du centre et même à Bamako avec l'assassinat du président de la CMA BRAHIM OULD SIDATTI LE 12 Avril dernier. Les atrocités commises par des groupes armés islamistes au Mali et les ripostes abusives des forces de sécurité maliennes ont rendu le phénomène de radicalisme violent plus tendu dans le centre, maintenant l'insécurité et les violences de tous types s'étendent dans le sud et l'Ouest du pays courant 2020 et 2021 et le phénomène s'agrandit ça fléchit de façon exponentielle, exposant davantage de civils aux risques liés aux conflits, Violence Basée sur le Genre, banditismes, criminalités, violences socio-politiques, violences post-conflits.

Les groupes islamistes ont menacé, violé et tué des civils. Par ailleurs, les forces de sécurité maliennes ont mené des opérations militaires à l'issue desquelles ont été perpétrés des détentions arbitraires et des actes de torture. L'intervention militaire conduite par la France en 2013, suivie d'opérations visant à chasser les forces islamistes qui continuent à ce jour, ainsi que la mise en oeuvre de l'Accord de paix de juin 2015 entre le gouvernement et les groupes armés signataires, ont permis d'établir une stabilité précaire dans le nord du pays. Au même moment, des groupes armés islamistes se sont multipliés et ont mené des opérations plus loin dans le centre et le sud du Mali.

Selon Dr Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute, l'objectif de cette formation qui a été initiée par l'ONG Wildaf-Mali avec le soutien de la coopération Suisse, vise à former les leaders religieux pour prévenir l'extrémisme violent au regard de leur responsabilité dans la société. Au cours de cette formation, les capacités des leaders religieux se verront renforcer sur l'origine du mouvement extrémiste ; comment contrecarrer ces idéologies ; puis quelles sont les stratégies à mettre en place en accord avec le plan de la politique nationale de prévention de l'extrémisme violent dirigé par le Ministère des Affaires Religieuses et du Culte ? Après, les participants vont élaborer un manuel de communication non-violente en direction des jeunes pour faire la prévention de l'extrémisme violent au Mali.

En ce qui concerne les résultats attendus au cours de ces trois jours de formation, il s'agira pour les jeunes : d'avoir une bonne compréhension de ces concepts de radicalisation et lutte contre l'extrémisme violent ; qu'ils apprennent à communiquer de façon non-violente et qu'ils soient formés sur leur rôle en tant qu'acteurs de leur changement pour jouer un rôle d'artisan de paix auprès des autres jeunes et au sein de leur communauté. Deuxièmement, élaborer un manuel de communication non-violente disponible et transmis aux jeunes pour être des relais.

"Cette formation a beaucoup aidé les leaders religieux à comprendre que veut dire le mot "extrémisme violent et intégrisme religieux " celà nous a servi de comprendre a distinguer beaucoup de choses et c'est très important pour nous " nous confie Cheik Yaya Koné un des leaders religieux participants à la formation.

Pour un autre participant imam Diarra, préconise qu'il interpelle les autorités maliennes et tous les sages du pays à prendre des dispositions nécessaires pour aider les leaders religieux à comprendre les dangers liés à l'intégrisme religieux et l'extrémisme violent car c'est une nécessité pour la lutte contre la radicalisation des jeunes au Mali.

Les participants à la formation ont donné des ébauches de recommandations pour lutter efficacement contre la radicalisation et l'extrémisme violent au Mali " nous pensons que la tolérance, l'accès à l'éducation et les échanges mutuelles entre les différentes communautés du Mali peuvent aider à enrayer ce fléau facilement à travers des renforcements des capacités sur le plan mental, il nous faut beaucoup de formations pour avoir des bons connaisseurs du coran et de la charia en un mot des bon éducateurs voir des théologiens si possible pour nous aider à sortir de ses ténèbres qui font souffrir les populations maliennes au quotidien " nous expliqué IMAM Ba venu du centre du Mali.

Mohamed Ag Ahmedou et Alassane Cissé

Source: www.mehari-consulting.com

(Télécharger le rapport complet en bas de l’article)

Cette nouvelle étude menée par l’équipe du Timbuktu Institute en Côte d’Ivoire, coordonnée par le chercheur Lassina Diarra s’est intéressée à la région de Bounkani dans le cadre d’une recherche-pilote pour mettre en évidence les signaux faibles et les multiples facteurs d’une radicalisation rampante. Cette dernière devient de plus en plus préoccupante dans un contexte d’avancée des groupes terroristes vers les pays côtiers. Ces éléments que met en lumière cette étude de terrain basée sur des données issues d’enquêtes et d’entretiens qualitatifs indiquent que l’extrême-Nord de la Côte d’Ivoire vit déjà pleinement les effets de la régionalisation de la menace qui s’était manifestée avec les attentats de Grand-Bassam dès 2016.

Avec le récent phénomène de débordement des épicentres de la violence et du terrorisme au Sahel, les pays voisins de ceux du Sahel subissent les contrecoups de la dégradation de la situation sécuritaire dans la région. On évoque même, de plus en plus, un glissement progressif des zones de déploiement stratégique et des théâtres d’opération vers les pays dits côtiers.

La Côte d’Ivoire partage une frontière de plus de 1000 km avec le Burkina Faso et le Mali et subit, parallèlement, la migration massive en provenance d’autres pays tel que le Niger, pourtant assez éloigné. D’après certains signaux que l’on évoquera dans cette étude, la proximité de l’épicentre du djihadisme sahélien expose, l’un des pays les plus multiconfessionnels de la région, à nombre de vulnérabilités. En l’espèce, depuis plusieurs années, le gouvernement ivoirien tente de réduire les conséquences d’une géographie de plus en plus hostile, en redéfinissant sa politique de sécurité, par un réaménagement de sa posture opérationnelle et de son administration territoriale.

Globalement, la réponse de l’État se structure autour d’un dispositif conventionnel qui, à certains points vus, serait, relativement, miné par quelques contradictions. L’ensemble des signes annonciateurs d’une radicalisation progressive - dont les dérives de la censure et de négation de la diversité culturelle - se dissimule de moins en moins ; dans les rues des grandes villes de Côte d’Ivoire et jusqu’aux confins de la forêt. Cette nouvelle situation semble témoigner d’une progression de la radicalité, en particulier dans un environnement de surnatalité, de misère et de faible niveau d’accès à l’instruction publique. L’exemple de la région du Bounkani à l’extrême nord offre, ici, l’occasion de remonter aux sources et manifestations, encore larvées, d’une montée en puissance de l’extrémisme endogène, de moins en moins corrélé à l’influence de l’extérieur.

La réalité autant que l’avenir prévisible pressent la Côte d’Ivoire, d’engager une réadaptation de ses mécanismes et stratégies d’anticipation, en marge de la seule approche militaire. La compréhension du terrorisme, sous le prisme d’une volonté soudaine de nuire et de menées relevant de la criminalité primaire, gomme le primat de l’idéologie, le met en arrière-plan ; derrière la phraséologie du sous-développement devenue la mode chez des experts qui manquent d’outils conceptuels pour appréhender la dimension idéologique. Certains de ces experts et universitaires continuent, à percevoir, le volontaire du jihad, sous les traits d’une victime du capitalisme, de l’impérialisme ou d’un énième « isme » commodément convoqué pour cacher, du moins excuser, une faillite authentiquement endogène.   

Le pays peine encore à l’admettre en 2021 : la souche du jihad subsaharien n’est pas forcément une affaire de groupes, d’organisations, mais, d’emblée, un dessein de sujétion et d’uniformisation, cherchant à faire substituer la théocratie au peu de démocratie.

Pourtant, mieux qu’au Burkina Faso, au Mali et au Niger, la Côte d’Ivoire héberge le capital culturel de son salut, à condition que ses dirigeants s’en persuadent à temps et établissent - ensemble et à rebours des luttes internes de préséance – les termes de l’union sacrée contre le terrorisme. Si elle prend la mesure du risque en couplant approche préventive et gestion des urgences sécuritaires et en sortant du déni d’une réalité persistante qui est la montée de l’extrémisme, la Côte d’ivoire pourrait encore s’appuyer sur ce que Bakary Sambe appelle « les ressources culturelles endogènes » pour renforcer sa résilience à l’épreuve de la transnationalité.

Rapport intégral ici : 

Par Carolina Collado* 

Criminologue, Chercheure associée à Timbuktu Institute (Mali)

Le Sahel est devenu une des principales enclaves où les groupes djihadistes trouvent des opportunités pour réussir à réaliser leurs activités et à établir toute une série de réseaux complexes aux niveaux logistique et social. Cette capacité d’adaptation au milieu leur a permis d’accroître leurs recrutements et d’étendre leur influence, en parvenant finalement à agir dans plusieurs pays. Après la crise au Nord du Mali en 2012, la situation sécuritaire dans le pays, puis dans la région, se sont dégradées. A la suite de ces évolutions, différentes missions internationales ont été mises en place. Dans ce contexte de militarisation de la réponse au phénomène terroriste sur le territoire sahélien, et après avoir normalisé la tendance à faire face au terrorisme depuis une perspective éminemment militaire, en tant que « guerre contre le terrorisme », et en tenant, d’ailleurs, compte des aspirations politiques des terroristes, la science politique s’est largement appropriée la recherche académique sur cette problématique.

En effet, le terrorisme, en tant que phénomène social, et nécessairement politique, a traditionnellement mobilisé diverses expertises de nombreuses disciplines, notamment celles de la science politique ou des relations internationales, orientées vers la polémologie, la sécurité, la défense et les conflits armés. Pourtant, la criminologie, souvent mobilisée sur des aspects périphériques, peut offrir une perspective qui conjugue les critères provenant de la sécurité nationale et internationale et, en même temps, tenir compte des préceptes de la sociologie ou de la psychologie, également importantes pour comprendre le phénomène. Pour la nécessaire approche interdisciplinaire du phénomène terroriste, les outils de la criminologie peuvent être d’une certaine pertinence.

La victimologie au secours du profilage ?

Parmi ces domaines pertinents, il est nécessaire de souligner la victimologie, chargée d’examiner le profil des victimes et de celles qui peuvent potentiellement devenir l’une d’entre elles, ce qui est notamment important pour la prévention des délits. Il est certes évident que les forces de sécurité et les armées sont devenues une des principales cibles visées par les terroristes. Mais en observant le modèle comportemental des groupes djihadistes au Sahel, dont les attaques aveugles contre la population civile, il reste difficile de déterminer les acteurs qu’ils utilisent en tant que « chair à canon ». On observe cependant un espace de vulnérabilité dans les zones les plus éloignées des villes et des capitales, ainsi que près des camps de déplacés, notamment dans les zones rurales. Cela explique la récurrence des attaques aux hameaux et aux villages, et dans les zones frontalières, déclenchant une violence insoutenable dans les enclaves de Liptako-Gourma et du bassin du Lac Tchad.

Dans ce contexte, il faut noter le fait que la population civile souffre à différents degrés de victimisations accumulées, devant faire face à des exactions répétitives. D’un côté, les femmes sont souvent victimes de violences sexuelles de la part des agents de l’autorité. De l’autre, il y a les conditions sécuritaires draconiennes dans le cadre de la lutte anti-terroriste qui n’épargnent aucune frange de la population civile avec, surtout les femmes et les enfants, déplacés. Ces faits de violence combinés font subir une sorte de double peine aux populations des zones frontalières exposées aussi bien aux attaques terroristes qu’à la répression aveugle des forces de sécurité et de défense. De plus, dans ces zones très souvent désertées par les services de l’Etat, les populations civiles ne peuvent espérer le minimum de protection et encore moins de justice. D’ailleurs les nations Unies ne cessent d’y dénoncer et de condamner de flagrantes violations des droits de l’homme perpétrée par les forces de sécurité et les armées à l'encontre de suspects de terrorisme. De même, la double victimisation de la population qui est aussi la base de l’expansion du djihadisme nourrit l’activité criminelle en l’absence de l’Etat de droit et en présence d’un fort sentiment d’abandon. Ainsi, la construction d’une rhétorique dualiste et manichéenne qui revendique une identité fondée sur des allures de « nous contre eux » et qui donne plus de crédibilité aux terroristes sur le plan idéologique est renforcée, entre autres, par une réponse au terrorisme qui ne met pas en avant les victimes.

Vers une « écologie sociale » du djihadisme au Sahel ?

En fait, coïncidant avec la théorie de la cinquième vague du terrorisme moderne établie par Kaplan (2008), le phénomène terroriste se déroule surtout dans le milieu rural, qui a eu un rôle essentiel dans la propagation du djihadisme. Au Mali, par exemple, après la révolution de 2012, par laquelle le Mouvement National de Libération de l’Azawad a déclaré l’indépendance du Nord du pays et a réussi à affaiblir l’armée dans cette zone désertique, le terrorisme a commencé à s’intensifier et à se répandre dans la région du Sahel. De la même manière, les groupes djihadistes trouvent un espace stratégique pour se réfugier, ainsi que pour établir leurs camps d’entraînement, dans les parcs naturels comme les réserves sylvopastorales du Sahel et la Réserve Partielle de Faune d’Ansongo-Ménaka. Ces endroits sont précisément situés aux frontières poreuses avec le Burkina Faso et le Niger, où il devient encore plus compliqué d’exercer un quelconque contrôle gouvernemental.

Le concept d’écologie sociale, concept développé pendant le dernier siècle parmi les criminologues et chercheurs est centré sur les liens entre les facteurs criminogènes existants et les lieux où ils se produisent, en considérant les opportunités dérivées du milieu pour qu’un certain type de délit puisse être commis. Il peut, ainsi, pertinemment expliquer le rôle du milieu rural, des zones frontalières et de l’absence du gouvernement, dans la survie et la propagation des groupes djihadistes.

Il est vrai que l’expansion du terrorisme n’a pas été le seul fait de l’absence de l’Etat. Elle est aussi due à bien d’autres aspects dont des facteurs socioéconomiques comme la pauvreté et les conflits intercommunautaires. Ces derniers ont été souvent attisés par les djihadistes, et par la délégation de compétences régaliennes sécuritaires de la part de l’État aux groupes d’autodéfense. Par conséquent, il est possible d’expliquer le fait que le terrorisme tend à augmenter dans des zones où il n’existe pas de normes, d’ordre et de mécanismes de contrôle social.

Qu’en est-il du « choix rationnel » ?

Bien que les groupes djihadistes au Sahel opèrent au niveau local si on compare le phénomène avec la stratégie de communication de Daesh et d'Al-Qaida en Iraq et en Syrie, les ambitions expansionnistes de ces organisations restent, néanmoins, de plus en plus évidentes. L’activité djihadiste s’étend et glisse progressivement vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, voire le Sénégal, notamment vers le dénommé front Est.

Une des théories principales en criminologie explique la genèse du délit à travers un choix évalué en termes de coût-bénéfice de l’action, normalement appliqué à l’échelle individuelle plutôt qu’au niveau du groupe. En outre, il est possible de comprendre le comportement des organisations djihadistes au Sahel depuis cette théorie. Les intérêts économiques des groupes exigent désormais une expansion géographique dans le but de contrôler les routes du trafic illicite par le golfe de Guinée, d’établir de nouvelles cellules ou des réseaux naissants et d’étendre leur cause au-delà des territoires actuellement sous son influence.

Dans une telle configuration, l’asymétrie des capacités entre les groupes djihadistes et les États, leur imprévisibilité, leur décentralisation et leur capacité d’adaptation facilitent la pénétration dans différents pays jusqu’ici loin des épicentres classiques. Leur volonté de lutter « jusqu’à la mort » pour leur cause est un facteur pour lequel les risques d’être capturés par les forces de sécurité se voient minimisés, rendant les bénéfices de perpétrer des actions terroristes encore plus élevés. La région ouest-africaine est ainsi entrée dans une nouvelle zone de turbulence et les paradigmes d’antan ont bien subi l’oeuvre du temps et de la géopolitique.

 

Pour conclure, il est possible d’expliquer l’expansion du djihadisme au Sahel à travers une première approche criminologique qui tient compte de plusieurs acteurs qui interviennent qu’ils soient directement ou indirectement impliqués dans la perpétuation du terrorisme, vu son lien intrinsèque avec le crime et les trafics illicites.

D’abord, l’élargissement du champ des victimes peut, dans ce contexte, permettre de comprendre l’expansion du terrorisme visant aussi bien les zones urbaines que rurales. La forte possibilité de devenir victime des groupes terroristes dans certaines zones met en évidence le besoin de renforcer la surveillance et la présence des forces de sécurité, notamment dans les zones rurales et les enclaves frontalières. D’ailleurs, il ne suffit plus d’aborder les aspects socioéconomiques qui peuvent pousser quelqu’un à rejoindre les groupes djihadistes de même que mitiger les déficiences au niveau judiciaire. L’absence de sécurité souvent citée dans certains endroits montre qu’il devient plus que jamais nécessaire de renforcer le lien entre la société et l’État pour empêcher l’enracinement de la rhétorique djihadiste. C’est ce que Bakary Sambe explique lorsqu’il souligne la nécessité d’empêcher que les groupes terroristes trouvent des « couveuses locales ».

Enfin, les groupes djihadistes eux-mêmes ont pour but le prosélytisme ainsi que l’affaiblissement des gouvernements, ce qui explique le projet d’expansion, même si leurs dynamiques répondent aussi aux intérêts économiques et aux sources de financement. Ils cherchent ainsi à exercer une forte pression sur les forces de sécurité et intensifier des actions dissuasives, comme celles entreprises par les groupes d’autodéfense. La forte volonté des groupes terroristes de réaliser leurs actions au-delà de la région sahélienne est fondée sur une évaluation des coûts et des bénéfices qui peuvent être obtenus, ces derniers étant généralement bien plus élevés en raison de leur disposition à donner leur vie pour leur cause et surtout sauvegarder leurs intérêts.

*Carolina Collado est chercheure associée à Timbuktu Institute Mali

Après avoir obtenu une Licence en Criminologie et Relations Internationales à l’Université de Plymouth (Royaume-Uni), elle a suivi sa formation avec un Master en études approfondies en terrorisme (analyse et stratégie). Elle a collaboré avec plusieurs médias en Espagne en publiant des articles dans le centre de recherche du ministère de la Défense espagnol, dans l’Observatoire des Études sur le Terrorisme (OIET) et d’autres journaux. Son domaine de recherche est relatif à la sécurité, dont les conflits armés, la criminalité transfrontalière et le terrorisme djihadiste, particulièrement en Afrique, au Proche-Orient et au Sud de l’Europe. Elle s’intéresse aussi aux politiques publiques concernant la prévention des délits et la radicalisation violente.

Au Mali, les jeunes veulent se départir des politiciens. C’est tout le sens de leurs déclarations favorables à un régime militaire. Ils participaient, hier, à un Webinaire organisé par Timbuktu Institute sur le thème : « Transition et Stabilisation du Mali : Quelle contribution des jeunes ? »

C’est une transition dans une transition. Alors que la communauté internationale s’intéresse au sort politique du Mali, de jeunes ressortissants de ce pays veulent plutôt se débarrasser des politiciens. C’est en tout cas, ce qu’on peut déduire de leurs déclarations tenues, hier, au cours d’un webinaire organisé par Timbuktu Institute. La majeure partie de ces jeunes ayant pris part à ce panel virtuel se sont indignés de la situation dans laquelle est plongé leur pays de par les agissements des hommes politiques.

« Depuis 2012, Nous pataugeons dans des troubles indescriptibles. Que les régimes soient militaires ou démocratiques, qu’importe pour nous. C’est le rayonnement du pays qui nous intéresse. On a une classe politique qui manque de légitimité. Depuis l’installation du conseil national de la transition, il y a une forte implication des jeunes. Dans les instances de décision. Nous avons besoin de stabilité, d’un gouvernement d’union national », a introduit hier, Cheickh Tidiane Dara, étudiant malien et président d’un mouvement dénommé Association des jeunes orateurs (AJO) du Mali.

Selon ce dernier, « le Mali est détruit par les régimes » qui se disent « démocratiques » alors que leurs actes ne répondent pas aux normes internationales. A l’en croire, le Mali a connu d’autres transitions qui ont, par la suite, remis le pouvoir aux civiles. Suffisant pour souligner que la transition est un terreau fertile aux jeunes pour tailler bavette avec les populations sur les tenants et les aboutissants de cette transition. « Nous devons organiser des activités sportives et culturelles pour rassembler toutes les forces vives de la nation. La situation est beaucoup plus importante. Certains jeunes se réjouissent à ce que le militaire Goïta soit le président de la République.  Nous sommes favorables à un régime militaire », laisse entendre Cheikh Tidiane Dara.

 

Abondant dans le même sens, Kadiatou Sow, présidente de l’Association des étudiants et sympathisants pour la sauvegarde du patrimoine culturel (Aespat) se réjouit de la récupération du pouvoir par les militaires. A son avis, les jeunes sont déçus par les régimes démocratiques qui se sont succédé au Mali. « Il y a aussi la nostalgie d’une bonne gouvernance. On ne peut pas parler de l’état de droit dans un pays basculé dans une crise cyclique. Si on n’arrive pas à régler la question de l’instabilité, on ne pourra pas parler de l’état de droit », juge-t-elle. 

 

« A travers cette transition, nous voyons qu’il y a une concertation. Les jeunes occupent des postes ministériels. Nous prions pour que la transition réussisse. Il faut que les jeunes s’intéressent à la politique si on veut renverser la tendance. Nous sommes fatigués de voit des réfugiés, des déplacés, etc. », poursuit Abdoul Azize Mohamed, jeune de la ville de Tombouctou. « La jeunesse joue un rôle important. C’est une force vive, même s’il y a des contraintes. Ils sont invités à s’impliquer dans cette mise en œuvre de cette transition, à lutter pour le respect de leurs droits », renchérit Abdoul Azize Mohamed.

 

Salif Kâ

Source : Walf Quotidien du 3/06/2021 

Le centre de recherches Timbuktu Institute en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer a présenté jeudi 27 mai son rapport sur la situation sécuritaire dans la région de Kédougou, au sud-est du Sénégal, une zone frontalière du Mali et de la Guinée.

« La bataille de l’Est » aura bien lieu, et il faut s’y préparer. Situation géographique frontalière et excentrée, répartition inégale des richesses minières, circulation d’explosifs utilisés dans les mines d’or, ou encore infrastructures de base défaillantes… L’étude du Timbuktu Institute fait état d’un « cocktail de facteurs de risques » dans la région de Kédougou. Pour ses auteurs, « les frustrations socio-économiques apparaissent comme les principales causes de radicalisation ». 

Le rapport indique qu’en 2019 et 2020, « le nombre d’arrestations d’individus, pour l’essentiel d’origine étrangère, avec des explosifs, a connu une hausse inquiétante » dans la zone.

Le paradoxe, c'est qu'une grande majorité des personnes interrogées – 85% – disent « se sentir en sécurité ». 65% affirment « ne pas être concerné par la crise malienne ». 

 

« Le Sénégal a toujours été présenté comme un îlot de stabilité dans un océan d’instabilité, explique Bakary Sambe, directeur du Timbuktu InstituteCette absence de prise de conscience de la population montre aussi un défaut de sensibilisation de la part de l'État sénégalais qui ces dix dernières années est passé d'un déni de cette réalité à une prise de conscience progressive récemment. Le Sénégal doit passer à une étape de mise en place d'une politique de prévention assumée sachant que cette exception tant vantée n'est pas durable si on ne renforce pas la résilience ».

Les chercheurs recommandent, entre autres, une meilleure organisation de l’exploitation minière, et la formation des chefs religieux et coutumiers sur les enjeux des conflits transfrontaliers. Lors de la présentation du rapport, le représentant du ministère de l’Intérieur, Alpha Diallo, a lui insisté sur la collaboration des populations en matière de renseignement. 

Une étude du Timbuktu Institute, en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer, fait ressortir «des interrogations et inquiétudes» sur la sécurité dans la région de Kégoudou, une zone pourtant culturellement riche avec des prédispositions au développement sûres.


L’étude intitulée «Défis transnationaux et sécuritaires aux frontières Guinée-Mali-Sénégal : entre vulnérabilité et résilience : cas de la région de Kédougou», a été présentée jeudi à la Maison de la presse, à Dakar, en présence de diplomates et d’un représentant du ministère de l’Intérieur, entre autres. La région de Kédougou, située à l’extrême Sud-est du Sénégal, est frontalière de la Guinée et du Mali. Selon le document consulté par l’Aps, «le partage des frontières avec un pays en crise, le Mali, est un fait légitimant des interrogations et inquiétudes sur la résilience face à l’insécurité malgré les paradoxes très prononcés notés dans la région». «Au terme de cette recherche, on aura retenu que la région cosmopolite de Kédougou est à la fois une région culturellement riche, avec des prédispositions au développement sûres mais où la population manque de beaucoup de choses», soulignent les auteurs.
Ils indiquent que «l’existence de socles socioculturels assez forts et une administration en qui les populations vouent une entière considération sont à coup sûr des éléments de taille dans le maintien du vivre-ensemble».
Néanmoins, font observer les auteurs de l’étude, «l’accueil d’étrangers dans les mines d’or, en plus des pratiques dégradantes qui s’y déroulent, pose de véritables défis sécuritaires pour le Sénégal». D’où, estiment-ils, «la nécessité de réorganiser le secteur de l’orpaillage mais surtout de veiller à la formation des jeunes dans les domaines miniers afin qu’il y ait une main-d’œuvre qualifiée conformément aux besoins des entreprises sur place». Selon eux, «les autorités sénégalaises gagneraient à accélérer les politiques et dispositifs pouvant réduire les frustrations socioéconomiques sources principales de radicalisation des jeunes (…)». «L’enjeu majeur pour l’Etat du Sénégal est une meilleure prise de conscience de la nécessité de couper les groupes terroristes, qui opèrent déjà non loin de Kayes, de potentielles couveuses locales au sein des populations qui semblent ces derniers temps devenir de plus en plus sensibles aux avantages que procurerait une alliance avec des groupes extrémistes ou criminels opérant sur cette frontière sénégalo-malienne plus que poreuse», soulignent-ils. Face à ces différents défis, Timbuktu Institute fait plusieurs recommandations afin d’améliorer la sécurité dans une région frontalière comme Kédougou. Selon l’institut dirigé par Pr Bakary Samb, il faut «créer de meilleures conditions d’une cohabitation pacifique et d’un vivre-ensemble entre populations voisines, outiller davantage les forces de défense et de sécurité afin que les frontières soient mieux sécurisées et de sorte qu’elles puissent déceler les signaux faibles vers la radicalisation des populations locales».
Dans la série de recommandations figurent le renforcement de la coopération avec les partenaires internationaux, la formation des leaders religieux, l’organisation de l’exploitation de l’or, la lutte contre le chômage et la marginalisation des jeunes et des femmes.
Il y a également lieu de «prendre en considération la nature changeante de la menace terroriste avec les nouvelles stratégies des groupes passant par la construction d’alliances progressives avec les populations locales par le biais d’actions humanitaires ou en pourvoyant des services sociaux de base là où l’Etat semble absent».

De l’avis du directeur de Timbuktu institute, l’insécurité au Mali doit inquiéter tous les pays africains, surtout ceux qui lui sont frontaliers. Bakary Sambe estime que la crise malienne est celle de tous les pays frontaliers et invite le Sénégal à préserver la résilience pour demeurer cet îlot de stabilité dans une zone en perpétuelle turbulence.

Le Sénégal a encore assez de temps pour développer une approche préventive dans la lutte contre le terrorisme. Tel estl’avis du directeur de Timbuktu institute qui estime que l’heure est venue « d’assurer une véritable politique de prévention de l’extrémisme violent, adossée au renforcement de la sécurité ». Bakary Sambe s’exprimait en marge de l’atelier de restitution d’une étude sur « les défis transnationaux et sécuritaires aux frontières» avec le cas spécifique de la région de Kédougou, réalisée par son institut et la fondation internationale Konrad Adenauer. A en croire l’enseignant-chercheur, les récents événements au Mali donnent l’impression de déjà vu. «C’est comme si on était retourné au point de départ de 2012 où ce pays qu’est le Mali, un Etat fragile, cumulait deux crises : une crise politique institutionnelle à Bamako et une crise sécuritaire non seulement au nord mais aussi au centre qui est en train de déborder».

Dès lors, souligne Bakary Sambe, les acteurs régionaux doivent se mobiliser en tant qu’institution mais aussi faire jouer les relations personnelles et le leadership. Un leadership doit s’adosser aux efforts de la Cedeao. «D’autant que l’insécurité au Mali n’est pas seulement un problème malien, mais c’est un problème pour tous ses voisins», avertit-il. C’est la raison pour laquelle, il invite la Cedeao à s’impliquer davantage. De l’avis de Bakary Sambe, l’organisation régionale doit jouer un rôle moteur au regard de deux faits. «Il y a d’abord le fait que certains membres de la communauté internationale sont aujourd’hui critiqués dans leurs différences d’attitudes selon qu’il s’agisse de la crise au Tchad ou au Mali », relève-t-il. En plus, cette différence d’appréciation n’est pas du tout appréciée des populations maliennes. «Au regard de cette situation, la Cedeao doit jouer ce rôle moteur-là parce qu’on ne doit pas donner libre cours à ces formes de prise de pouvoir, des putschs qui pourraient influer négativement sur la stabilité assez fragile de la région », insiste le directeur de Timbuktu institute.

Sur le cas précis du Sénégal, il se veut formel : «Aucune résilience n’est durable s’il n’y a pas un suivi et un renforcement ». Pour cela, il révèle que ses recommandations vont dans le sens de co-construction des solutions entre d’une part l’Etat comme acteur principal, les forces de sécurité et de défense qui en sont un démembrement, l’administration territoriale, et d’autre part les populations locales au sein desquelles les leaders politiques et traditionnels, les femmes et les jeunes qui restent une préoccupation. Il estime également que le Sénégal doit préserver cette résilience pour pouvoir demeurer cet îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité et d’insécurité régionale, surtout avec les déficits budgétaires qu’on connaît au Mali et dans d’autres pays voisins.

«IL N’Y A AUCUNE ZONE AU MONDE ET SURTOUT DANS LE SAHEL QUI NE SOIT PAS EXPOSEE AU TERRORISME»

Revenant sur la vulnérabilité du Sénégal du fait de sa proximité avec le Mali, Bakary Sambe renseigne que l’enquête réalisée à Kédougou révèle tous les phénomènes que l’on observe en termes de frontalité, notamment la circulation des biens et des personnes dans un contexte peu sécurisé, avec des populations qui ont des inquiétudes par rapport à leur proximité avec le Mali qui est actuellement en crise. « De ce fait, il y a un appel pressant aux autorités pour qu’elles renforcent la sécurité mais aussi surtout qu’elles créent un climat de confiance entre les forces de sécurité et de défense et les populations locales», avertit-il. A l’en croire, ceci est d’autant plus important que les forces de l’ordre sont les alliées des populations locales pour la lutte contre le terrorisme. Surtout que dans cette lutte, la bataille du renseignement doit être gagnée. Conscient qu’il n’y a aucune zone au monde et surtout dans le Sahel qui ne soit exposée au terrorisme, Bakary Sambe pense que l’autre enjeu de l’Etat, c’est d’éviter que ces groupes arrivent au Sénégal et qu’ils réussissent à créer des couveuses locales pour pouvoir s’insérer dans le tissu social.

Malgré un climat de suspicion général en Afrique, 80% des Sahéliens sont conscients de la gravité de la pandémie de COVID-19. Parmi eux, ce sont les hommes qui ont pris le plus au sérieux la maladie. Cependant, ce sont majoritairement les femmes qui estiment qu’il est très important de prendre des mesures de prévention pour lutter contre la propagation du virus. C’est le résultat d’une étude de Sayara International et du Timbuktu Institute menée en décembre 2020 dans le but de mesurer scientifiquement l’ampleur de la désinformation au Sahel.

Cette étude de perception est menée dans huit pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan et le Tchad. 80 enquêteurs ont mené plus de 4000 sondages et plus de 30 entretiens qualitatifs. 79% des Sahéliens âgés de 70 à 81 ans sont tout à fait d’accord sur le fait que le risque de COVID-19 est un danger pour leur communauté. Ils sont suivis des jeunes, âgés 15 à 24 ans, qui sont 69% à être conscients de la gravité de la pandémie. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’ils soient en contact permanent avec l’information grâce aux réseaux sociaux, et ainsi avertis de la situation globale et des mesures de prévention pour lutter contre la propagation du virus. 

Les hommes sont plus conscients que les femmes du caractère sérieux de la pandémie. Ils sont 68% à en être conscients, pour 65% de femmes. Les hommes ont, en effet, davantage accès aux informations relatives à la maladie que les femmes. Le faible taux de scolarisation des femmes dans les pays du Sahel, et l’illettrisme qui en découle, sont des facteurs pouvant expliquer cet état de fait.  Ce sont les personnes âgées de 71 à 80 ans qui estiment que la mise en place de mesures de protection contre la pandémie est importante. 60% d’entre elles pensent qu’il est très important de mettre en place ces mesures. Les Sahéliens de 15 à 25 ans sont 59% à estimer la même chose. 

Les femmes, plus enclines aux mesures de prévention

Curieusement, alors que les hommes sont mieux informés, ce sont les femmes qui pensent le plus qu’il est nécessaire de prendre des mesures pour prévenir la propagation de la COVID-19. 45% des femmes pensent qu’il est très important de prendre ces mesures, contre 17% d’hommes.  Enfin, cette étude révèle que 27% des Sahéliens sont rarement capables de rester loin d’une personne étrangère à leur foyer. 14% des femmes et 16% des hommes ne sont jamais capables de respecter la distanciation physique dans le Sahel. Malgré leur prise de conscience, les hommes ne font pas toujours attention à certaines mesures de protection contre la pandémie. Cela s’explique par le fait qu’ils sont en contact permanent avec les informations grâce aux réseaux sociaux et au Web lesquels inondent de fausses informations concernant la COVID-19.

Suzanne Batista

Le Timbuktu Institute, le CESTI et Sayara International ont mis en place une veille de l'opinion publique digitale concernant la pandémie de la COVID-19. Grâce à notre plateforme de veille, nous analysons des milliers de publications qui émanent des réseaux sociaux, des sites d'information et des blogs, et qui, chaque jour, sont diffusées dans 8 pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Soudan).

 Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.

Restez informés sur les actions et activités menées par le CESTI et le Timbuktu Institute pour combattre la désinformation au Sahel.

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Les populations sahéliennes ne respectent pas souvent les mesures de protection contre le virus. Ce qui rend les campagnes de communication contre la COVID-19, pour la plupart, poussives. Ce non-respect se ressent plus dans les zones urbaines pour certains pays. Telle est la conclusion d’une étude du Timbuktu Institute et de Sayara International menée en décembre 2020 dans le but de mesurer scientifiquement et statistiquement l’ampleur de la désinformation et la circulation des fausses informations sur la COVID-19 dans huit pays du Sahel. 

Cette étude de perception menée dans huit pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan et le Tchad, - 80 enquêteurs ont mené plus de 4000 sondages et plus de 30 entretiens qualitatifs - révèle que les Sahéliens sont majoritairement conscients de la dangerosité de la COVID-19. Cette majorité pense qu’il est grandement important de prendre des mesures contre la propagation de la pandémie. Parmi les pays étudiés, c’est au Mali et au Niger que l’on a le plus pris conscience du degré de gravité de la maladie. En effet, plus de 80% des Maliens en ont pris conscience. Et c’est au Cameroun que cette prise de conscience est la plus faible : seuls 58% des Camerounais pensent que la COVID-19 est un danger pour leur communauté. Pourtant, le Cameroun est l’un des pays qui a le plus de cas de contamination au Sahel. 

C’est dans les zones rurales que les populations sont le moins informées sur le sérieux de la pandémie. En effet, 60% des populations vivant dans les zones rurales sont conscientes des risques de la maladie, alors qu'elles sont 70% en milieu urbain. Les différences de niveaux d’instruction des populations entre zones urbaines et zones rurales, ainsi que l’accès à la « bonne » information pourraient, en partie, expliquer cet écart. 

Le respect des mesures barrières, un défi

Par ailleurs, nombre de Sahéliens ne respectent pas les mesures barrières pour faire barrière à la propagation de la COVID-19. Environ 27% des Sahéliens se disent rarement capables de rester à au moins un mètre de distance d’une personne qui ne fait pas partie de leur foyer. Les Tchadiens sont les plus respectueux de la distanciation physique. Seulement 6% des Tchadiens ne sont jamais capables de respecter la distanciation sociale. C’est en Mauritanie que cette mesure est la moins respectée : 48% des Mauritaniens sont rarement capables d’observer cette mesure. Au Sénégal, les populations des zones rurales respectent davantage la distanciation sociale que les populations des zones urbaines. Cela est dû au fait que les zones urbaines sont plus peuplées, et notamment à l’usage massif des transports en communs. 

A l’inverse,  au Burkina Faso, ce sont dans les zones urbaines que l’on respecte le plus les mesures de prévention. De fait, les Burkinabè qui résident dans les zones urbaines sont mieux informés des dangers de la COVID-19 et la manière de s’en protéger. Les Sahéliens sont certes majoritairement conscients du sérieux de la pandémie de COVID-19. Toutefois, parmi eux, certains continuent de faire fi de certaines mesures de protection contre la maladie.

Suzanne Batista

Le Timbuktu Institute, le CESTI et Sayara International ont mis en place une veille de l'opinion publique digitale concernant la pandémie de la COVID-19. Grâce à notre plateforme de veille, nous analysons des milliers de publications qui émanent des réseaux sociaux, des sites d'information et des blogs, et qui, chaque jour, sont diffusées dans 8 pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Soudan).

 Soumettez-nous une information, les journalistes du CESTI la vérifieront.

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