Dr Bakary Sambe, président fondateur de Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, un think tank et centre d’études stratégiques basé à Dakar, Bamako et Niamey, estime qu’avec les sanctions et l’annonce de l’intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), cette dernière veut redorer son blason.

Depuis le 26 juillet 2023, date du coup d’État intenté au Niger par les hommes du Général Abdourahamane Tchiani contre le Président Mohamed Bazoum, élu en mars 2021, tous les regards sont tournés vers Niamey.  Toute la communauté internationale a condamné ce coup d’État. La communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a même annoncé le déploiement de sa force militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.

À la question de savoir si la Cedeao doit aller au bout de sa logique, Dr Bakary Sambe, président fondateur de Timbuktu Institute, un think tank et centre d’études stratégiques basé à Dakar, Bamako et Niamey, indique qu’on note une énorme rupture dans l’approche de l’organisation régionale qui combine de sévères sanctions diplomatiques à des menaces militaires. Pour lui, cela vise à donner une crédibilité opérationnelle à la mesure prise, l’année dernière, de mettre en place une force en attente chargée de la lutte contre le djihadisme et les coups d’État.

« Mais, pour que la Cedeao menace de la mise en œuvre de mesures coercitives, c’est que cette hypothèse me semble réellement envisagée. Et cela suppose que des consultations préalables aient eu lieu avec des membres du Conseil de sécurité (notamment France et États-Unis) »

Estime celui qui est aussi Professeur au Centre d’études des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Sur ce, Dr Sambe affirme que si le scénario de l’intervention Cedeao-Union africaine (Ua)-puissances occidentales, sous mandat ou non du Conseil de Sécurité, se réalisait, « ce serait une rupture paradigmatique dans l’approche de la sécurité collective en Afrique de l’Ouest ».

Tournant dans la lutte contre le terrorisme 

La suite des évènements qui se déroulent au Niger sera aussi importante dans la lutte contre le terrorisme. Avec les soutiens affichés des putschistes du Mali, du Burkina Faso et même de la Guinée à la junte du Niger, Bakary Sambe indique que « cette fois-ci, on dirait qu’on va vers une alliance putschiste kaki -avec le Mali et le Burkina Faso- contre la Cedeao, un point de bascule dans l’histoire de l’organisation ».

Tout cela aura un impact dans la lutte contre le terrorisme au Sahel parce que le Niger occupe une place centrale dans la stratégie antiterroriste globale et les États-Unis en sont conscients, de même que la France.

« On note la volonté de l’Otan (France/États-Unis) de contrecarrer l’avancée russo-wagnérienne dans un pays, partenaire clé dans leur stratégie globale antiterroriste dans le Sahel. Nous sommes sur le cas de figure d’une nouvelle et inédite forme de conflictualité : une guerre interétatique entre une coalition tripartite d’États membres rebelles contre l’organisation sous-régionale qui cherche à redorer son blason »

Souligne le président fondateur de Timbuktu Institute.

La Cedeao, constate-t-il, avait même été relativement dépossédée de la question sécuritaire, au point de l’affaiblir, sans que les partenaires internationaux aient pu apporter toute l’aide nécessaire au G5 Sahel. Le Pr Bakary Sambe fait savoir que ce grand retour de la Cedeao s’effectue dans un moment décisif pour l’organisation, mais aussi pour la paix et la sécurité dans la région.

« La lutte contre le terrorisme souffrirait beaucoup d’un Niger tombé dans l’escarcelle d’un pouvoir kaki. Surtout que, pour l’heure, même après le départ des troupes françaises, jadis décriées, ni le Mali, encore moins le Burkina Faso, n’ont réussi à combattre le terrorisme »,

Affirme-t-il.

« La Russie pas sourde à l’appel de la rue nigérienne »

Il y a quelques jours, les nouveaux hommes forts de Niamey ont dénoncé les accords de coopération militaire avec la France. Même si Paris a ignoré cela et considéré que seules des autorités légitimes issues d’une élection peuvent les remettre en cause, la Russie pourrait profiter de ce sentiment anti-français.

« Il est clair que la Russie n’est pas sourde à l’appel de la rue nigérienne qui, par une simple colère contre la France, en appelle à Moscou sur le mode chiffon rouge et en protestation contre Paris »

Alerte le Professeur au Centre d’étude des religions de l’Ugb.

« La nature ayant peur du vide et les circonstances y aidant, si les militaires s’installent durablement à Niamey, Wagner pourrait saisir une autre chance de s’implanter sur le continent, après la Rca et le Mali, au cœur d’un Sahel aux énormes enjeux géostratégiques »

Prévient Dr Sambe.

Toutefois, il tempère en soutenant que Washington

« ne semble pas vouloir céder ce terrain nigérien en plein Sahel central à la prédation russe qui cherche à accroître son influence dans la région. Et les dernières déclarations de Matt Miller et de Blinken le prouvent à suffisance ».

Source : le Soleil 

 

Beaucoup d’organes de presse relaient depuis hier le rejet de la demande du Président Tinubu pour un déploiement de soldats nigérians au Niger voisin qui traverse une profonde crise politique et sécuritaire depuis le coup d’État renversant le président Mohamed Bazoum démocratiquement élu. Il est vrai que, d’après certains experts, conformément à la Constitution du Nigéria, le déploiement de forces armées pour des missions de combat à l'extérieur des frontières doit être approuvé par le Sénat. Toutefois, des possibilités de dérogation existent par exemple si le Président ne juge que la sécurité nationale est sous forte "menace ou danger imminent*


Selon le Sénat nigérian, l'impasse politique au Niger devrait être abordée politiquement plutôt que par une action militaire. Des acteurs importants de la Société Civile nigériane opposée à une telle intervention s’engouffrent déjà dans cette brèche et lancent ironiquement à Tinubu : « Envoyer des troupes au Niger équivaut à quitter la lèpre pour traiter les teignes »

A l’heure actuelle, on peut dire que le Sénat nigérian est largement contre une intervention militaire. Le fait est que même si Tinubu y dispose d’une majorité, il n’y a pas trop de discipline partisane dans le parlement nigérian qui pourrait être en sa faveur. Il faut savoir qu’au Nigeria, les sénateurs disposent d’une certaine légitimité et d’un ancrage local assez fort leur permettant de se libérer de la pression de l’exécutif.
Toutefois, le Président Tinubu, comme le gouvernement sénégalais, essaie de mettre l’intervention sous le parapluie des obligations communautaires expliquant qu’il s’agit d’une décision de la CEDEAO que le Nigeria doit mettre en œuvre en tant qu’éminent membre.

Mais, les logiques régionales qui se reflètent dans le Sénat vont aussi être déterminantes. La proximité ou même la continuité ethnique et culturelle entre le Nord Nigeria et le Niger a poussé, par exemple, le groupe des Sénateurs du Nord à mettre en garde contre une intervention

Cependant, mis à part tous ces paramètres, ce débat interne au Nigeria ne peut-il pas être une chance de donner encore plus de temps et de chance à la diplomatie et in fine à une solution négociée tant espérée par les acteurs de la société civile dans les différents pays de la région ? Les heures à venir seront cruciales.

 

Timbuktu Institute

 

Since yesterday, many media outlets have been reporting the rejection of President Tinubu's request for the deployment of Nigerian soldiers to neighboring Niger, which has been undergoing a deep political and security crisis since the coup d'état overthrew democratically-elected President Mohamed Bazoum. It is true that, according to some experts, under the Nigerian Constitution, the deployment of armed forces for combat missions outside the country's borders must be approved by the Senate. However, exemptions are possible, for example, if the President deems that national security is under "imminent threat or danger".

According to the Nigerian Senate, the political impasse in Niger should be tackled politically rather than through military action. Key players in Nigerian civil society, opposed to such an intervention, are already jumping into the breach, ironically telling Tinubu: "Sending troops to Niger is like leaving leprosy to treat ringworm".
At present, it's fair to say that the Nigerian Senate is largely against military intervention. The fact is, even if Tinubu has a majority there, there isn't too much partisan discipline in the Nigerian parliament that could be in his favor. In Nigeria, senators have a certain legitimacy and a fairly strong local base, enabling them to free themselves from the pressure of the executive.
However, President Tinubu, like the Senegalese government, is trying to place the intervention under the umbrella of community obligations, explaining that it is an ECOWAS decision that Nigeria must implement as a leading member.

But the regional logics reflected in the Senate will also be decisive. The proximity, or even ethnic and cultural continuity, between Northern Nigeria and Niger, for example, has prompted the group of Senators from the North to warn against intervention.

However, all these parameters aside, could this internal debate in Nigeria not be an opportunity to give diplomacy even more time and chance, and ultimately to a negotiated solution so longed for by civil society players in the various countries of the region? The hours ahead will be crucial.
 
 

As part of the Timbuktu Institute's weekly column in partnership with Medi1TV, Dr. Bakary Sambe looks back at the stakes involved in what he calls the "great return of ECOWAS" to the international diplomatic stage, and analyzes the risks and implications of a possible military intervention in a Sahelian context undermined by the harsh war of influence and the unprecedented interplay of alliances.

Dr. Sambe, you spoke of a "great return of ECOWAS to the diplomatic stage" after the communiqué issued at the Abuja Extraordinary Summit on Niger, which included heavy sanctions against the military who overthrew President Bazoum. Do you really think that this time, the sub-regional organization will have the means to back up its positions?

The ECOWAS approach, which combines tough diplomatic sanctions with military threats designed to give operational credibility to last year's move to set up a standby force to combat jihadism and coups d'état, represents a huge departure. For ECOWAS to threaten the implementation of coercive measures if its ultimatum is not respected, means that the measure is actually being considered. And this assumes that prior consultations have taken place with members of the Security Council (notably France and the USA). Especially since the communiqué mentions the possible participation of non-ECOWAS states and Western powers (presumably the USA and France). This might raise the question of a Russian veto. But it seems to me that Putin, who so badly needs the diplomatic support of the African bloc in his Ukrainian adventure, will not easily be able to oppose the interests of the African Union and ECOWAS.

In view of the situation and the short deadline of one week for the ultimatum, isn't ECOWAS's credibility at stake here?

If the scenario of an ECOWAS-AU-Western powers intervention, under a Security Council mandate, were to come to fruition, it would represent a paradigm shift in the approach to collective security in West Africa. This would undoubtedly be an indicator of the seriousness of Niger's swing towards Khaki rule (with the military, and possibly into the Russo-Wagnerian fold). This is a turning point/by-product in the fight against terrorism in the Sahel. Given the severity of the diplomatic sanctions imposed by ECOWAS and UEMOA (total embargo and freezing of Niger's financial assets), this poor, landlocked country in the central Sahel will not be able to hold out for long. The recipe for sanctions worked in Mali in 2012, following Captain Sanogo's coup d'état against Amadou Toumani Touré. But this time, it looks like we're heading for a khaki putschist alliance against ECOWAS, a tipping point in the organization's history. It's make or break! Tinubu's Nigeria won't want Wagner and putschist regimes in its backyard. If the Nigerian junta's experiment prospers, all the regimes in the sub-region will be on borrowed time.

Given the way the crisis in Niger is shaping up, and the acceleration in all directions that is being confirmed, could it be said that the stakes in this crisis have already gone beyond Niger, and even the Sahel, with a certain geostrategic dimension?

If sanctions and/or a coercive approach are effective, this could help restore ECOWAS's reputation for promoting governance and preventing coups d'état. A new scourge that is spreading in a worrying and contagious way in French-speaking West Africa. This intervention undoubtedly reflects the desire of NATO (France/USA) to thwart the Russo-Wagnerian advance in a country/partner/key to their global anti-terrorist strategy, in the Sahel. We are witnessing a new and unprecedented form of conflict: an interstate war between a tripartite coalition of rebel member states and the sub-regional organization seeking to restore its image. This crisis, which has only just begun, marks the eventful return to the scene of ECOWAS, which in recent years has been relegated to the background by international partners in favor of the moribund G5 Sahel. The sub-regional organization had even been relatively dispossessed of the security issue, to the point of weakening it without international partners being able to provide all the necessary assistance to the G5 Sahel. ECOWAS's comeback comes at a crucial time for the organization, but also for peace and security in the region.

Dans le cadre de la chronique hebdomadaire du Timbuktu Institute en partenariat avec Medi1TV, Dr. Bakary Sambe revient sur les enjeux de ce qu’il appelle le « grand retour mouvementé de le CEDEAO » sur la scène diplomatique internationale et analyse les risques les contours d’une éventuelle intervention militaire dans un contexte sahélien délétère miné par la rude guerre d’influence et le jeu inédit des alliances.

Dr. Sambe, vous parliez d’un « grand retour de la CEDEAO sur la scène diplomatique » après le communiqué issu du Sommet extraordinaire d’Abuja sur le Niger avec de lourdes sanctions contre les militaires qui ont renversé le président Bazoum, pensez-vous réellement que cette fois, l’organisation sous-régional aura les moyens de ses positions ? »


On note une énorme rupture dans l’approche de la CEDEAO qui combine des sévères sanctions diplomatiques couplées à des menaces militaires destinées à donner une crédibilité opérationnelle à la mesure prise l’année dernière de mettre en place une force en attente chargée de la lutte contre le djihadisme et les coups d'État. Pour que la CEDEAO menace de la mise en œuvre de mesures coercitives si son ultimatum n’est pas respecté, c’est que la mesure est réellement envisagée. Et cela suppose que des consultations préalables ont eu lieu avec des membres du Conseil de Sécurité (notamment France et USA). Surtout que le communiqué mentionne l’éventuelle participation d’État hors CEDEAO et des puissances occidentales (vraisemblablement USA et France). Il se poserait, peut-être, la question d’un éventuel veto russe. Mais il me semble que Poutine, qui a tant besoin du soutien diplomatique du bloc africain dans son aventure ukrainienne, ne pourra pas aisément s’opposer aux intérêts de l’Union Africaine et de la CEDEAO.

 

Au regard de la situation et le délai assez court d’une semaine d'ultimatum, la CEDEAO ne joue-t- elle pas sa crédibilité dans ce dossier ?

Si le scénario de l’intervention CEDEAO-UA-puissances occidentales, sous mandat du Conseil de Sécurité, se réalisait, ce serait une rupture paradigmatique dans l’approche de la sécurité collective en Afrique de l’Ouest. Ceci serait sans doute l’indicateur de la gravité du basculement du Niger dans le pouvoir kaki (avec des militaires et éventuellement dans le giron Russo-wagnérien). C’est un tournant/un sous-produit dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Vu la sévérité des sanctions diplomatiques, prises par la CEDEAO et l’UEMOA (embargo total et gel d' avoirs financiers du Niger), ce pays pauvre et enclavé du Sahel central, ne pourra pas tenir longtemps. La recette des sanctions avait fonctionné en 2012 au Mali, suite au coup d’État du capitaine Sanogo contre Amadou Toumani Touré. Mais cette fois-ci, on dirait qu’on va vers une alliance putschiste kaki contre la CEDEAO, un point de bascule dans l’histoire de l’Organisation. Cela va passer ou casser ! Le Nigeria de Tinubu ne voudra pas de Wagner et de régimes putschistes dans son arrière-cour. Si l’expérience de la junte nigérienne prospère, tous les régimes de la sous-région seront en sursis.

 

Avec la tournure que prend la situation dans cette crise au Niger et l’accélération tout azimute qui se confirme, pourrait-on dire que les enjeux de cette crise ont déjà dépassé le cadre du Niger et même du Sahel pourrait-on entrevoir une certaine dimension géostratégique ?

 

Si les sanctions et/ou l’approche coercitive font de l’effet, ceci permettrait de redorer le blason de la CEDEAO dans la promotion de la gouvernance et de la prévention des coups d'État. Un nouveau fléau qui se propage de manière inquiétante et contagieuse en Afrique de l’Ouest francophone. En pointillé de cette intervention se dessine sans doute la volonté de l’OTAN (France/USA) de contrecarrer l’avancée Russo-wagnérienne dans un pays/partenaire/clé dans leur stratégie globale anti-terroriste, dans le Sahel. Nous sommes sur le cas de figure d’une nouvelle et inédite forme de conflictualité : une guerre interétatique entre une coalition tripartite d’Etats-membres rebelles contre l’organisation sous-régionale qui cherche à redorer son blason. Cette crise qui ne fait que commencer signe le retour sur scène mouvementé de la CEDEAO qui a été, ces dernières années, reléguée au second plan par les partenaires internationaux au profit d’un G5 Sahel aujourd’hui moribond. L’organisation sous-régionale avait même été relativement dépossédée de la question sécuritaire au point de l’affaiblir sans que les partenaires internationaux aient pu apporter toute l’aide nécessaire au G5 Sahel. Ce grand retour de la CEDEAO s’effectue dans un moment décisif pour l’organisation mais aussi pour la paix et la sécurité dans la région.

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Source : La croix

Bakary Sambe is a teacher-researcher at Gaston Berger University in Saint-Louis (Senegal) and regional director Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, (1). He returns to the role of France and the situation in Niger after the July 26 military coup which saw President Mohamed Bazoum overthrown by a military junta.

The Africa Cross: Like Mali and Burkina Faso now ruled by military juntas, Niger is affected by a coup. Should we make a link between jihadism and the installation of military regimes in these Sahelian countries? 

Bakary Sambe: The case of Niger is specific because there was a lot of hope for the stabilization of the country. Niger has, in fact, experienced an experience of democratic political alternation with the end of the mandate of Mahamadou Issoufou and the beginning of that of Mohamed Bazoum in 2022. This election of Bazoum had been considered as a non-negligible advance at the democratic level.

Observers are surprised that the ruling junta cites the security issue as the cause of the coup because Niger had managed to stabilize the situation even slightly. The success of Niger’s strategy was notably due to the mixed approach: military, community with a dialogue within the communities where the jihadists were recruited.

We are in a global regional situation where instability is growing more and more. It is particularly aggravated by the seizure of power by the military after decades when people began to believe that the era of coups was over. In addition, the coup affects a country that was considered the last bastion of international cooperation in the fight against terrorism, but also a pivotal country at the heart of geopolitical realities.

Can the establishment of these military regimes be a bulwark against terrorism or, on the contrary, does it facilitate its installation?

Bakary Sambe: The only real winners from the situation of chaos and instability are the terrorist groups who will be able to continue to carry out their activities in areas such as that of the three borders (Niger, Burkina Faso, Mali) of Liptako Gourma. But also in the face of military regimes which, despite populist discourse on victories against terrorist groups, are struggling to stabilize the situation. I take the example of Mali where the security situation is not stabilized in the north. Worse, central Mali continues to be an epicenter of jihadism.

Despite the triumphalist discourse of Assimi Goïta’s regime, the Katiba Macina, a jihadist group, managed to strike the Kati military camp, which is the strategic heart of the current regime. It is hardly better in Burkina Faso where the experts are unanimous. The coup d’etat was perpetrated in the name of the fight against insecurity, but the current power cannot even control 40% of the territory with the explosion of terrorist attacks which are now almost daily.

One constant after these coups is that anti-French sentiment is very noticeable. How do you analyze this?

Bakary Sambe: The great difficulty for France in the Sahel is that it is forced to manage the emergency and history at the same time. The security emergency is military cooperation which has not worked, with its shortcomings and which has not succeeded in defeating terrorist groups. Operation Serval was relatively successful, but Barkhane was criticized for its repeated failures. In addition, France has a rather delicate position in this region of the Sahel where it has a colonial past. At the same time, we are witnessing the rise of a new generation which rejects, precisely, any form of domination.

But you have to see the situation in a more global way: there is an awareness of a moment when Africa is becoming a nerve center that can change the nature of the balance of power at the international level. We are in a world where the alignments are both multiple and diffuse, a world where the distribution of power is fragmented with the effect of classic powers like France which declines and emerging powers like China, Turkey, Russia who seek to impose themselves.

We are also in a region where, under the effect of a more uninhibited elite and a more demanding population, States are seeking a new type of more egalitarian international relations. Added to this is the fact that security issues are no longer the prerogative of States, rising civil societies with young people and social networks have appropriated them to make them a public debate. We are finally in a context of Russian-Ukrainian conflict where Russia is trying to increase its influence in Africa.

How can instability not contaminate all West African countries?

Bakary Sambe: We should already review the world of security cooperation which, so far, has not yielded the expected results. Today, if these military regimes are allowed to prosper in the sub-region, contagion is inevitable. We also need to reflect on the inconsistencies of governance in our countries. There is all the same a paradox to note that the African youth who fought for democracy in the years 1990-2000, applaud the coups d’etat now. We must rethink democracy in the way it is exercised in our countries. Especially since competing models today oppose democracy and development by promoting more autocratic regimes but which are making economic progress. It will also be necessary to deal with a visible contradiction with a youth which represents 75% of the population but which remains excluded from the field of political decisions.

Interview by Lucie Sarr

(1) Research-action center favoring transdisciplinary approaches on issues related to peace and regional security.