TCHAD : un pays en ébullition : tensions pré-électorales et enjeux régionaux Spécial

Les tensions entre éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires continuent de provoquer des affrontements meurtriers dans le sud du Tchad. Fin mars, au moins 23 personnes ont été tuées pendant sept jours de violences dans la région du Moyen-Chari. Ces heurts sont souvent déclenchés suite à des désaccords et des conflits liés au contrôle de certaines terres.

En parallèle, l'arrestation d'Ibrahim Hissein Bourma, un homme d'affaires tchadien, continue de susciter des critiques au sein de l’opinion publique. Son comité de soutien dénonce ses conditions de détention et affirme qu'il a été arrêté de manière brutale par des militaires armés. Des proches dénoncent également la détention arbitraire d'une trentaine de personnes dans sa résidence.

La polémique ont également éclaté autour de l'apparition d'affiches électorales du président de la transition avant le début officiel de la campagne électorale. L'opposition dénonçait, ainsi, une violation du Code électoral et accuse l'organe de gestion des élections d'avoir une attitude partisane en ne prenant pas de mesures contre ces affiches. Des candidats à la présidentielle critiquent également l'utilisation des moyens de l'État dans la campagne, affirmant que le président de transition bénéficie d'un avantage indu. En outre, des tensions ont surgi autour de la transparence électorale, avec une interdiction de photographier les procès-verbaux de dépouillement, suscitant des préoccupations quant à la validité du processus électoral.

La campagne électorale s’est poursuivie avec dix candidats en lice pour l'élection présidentielle du 6 mai, dont Pahimi Padacké ou encore Lydie Beassemda, seule candidate femme à l'élection présidentielle tchadienne, défendant le fédéralisme mais aussi les droits des femmes. Ingénieure en industrie agroalimentaire, elle a une expérience ministérielle et dirige le Parti pour la démocratie et l'indépendance intégrale (PDI). Les candidats présentent des programmes variés, allant de la lutte contre la corruption à la réforme du secteur de l'énergie, en passant par des promesses de restauration de la démocratie et de l'autosuffisance alimentaire. Alors que Mahamat Idriss Déby Itno mène sa campagne dans les terre de l’opposition, Succès Masra, actuel Premier ministre et candidat à la présidence, a organisé un rassemblement massif à Moundou avant de se lancer dans une campagne bien suivie même à l’intérieur du pays et surtout dans les grandes villes.

Dans ce contexte tendu, les États-Unis prévoient de retirer temporairement une partie de leurs forces du Tchad, en raison d'une demande tchadienne de cesser leurs activités sur une base aérienne, et cela se fera, d’après les autoritsé, dans le cadre d'un réexamen de la coopération sécuritaire après les élections présidentielles. 

Les élections se sont déroulées sans heurts et les résultats partiels sont scrutés de toutes parts avec des débats passionnés déjà lancés sur les réseaux sociaux et des revendications de victoire dans les grandes villes par les partisans de l’opposant Succès Masra.